Quelle Europe ?
2017 avait vu arriver des forces politiques nouvelles qui bousculaient tout sur leur passage : le trumpisme aux Etats-Unis et le macronisme en France.
Après cette « révolution », 2018 a donné l’image d’une grande désorganisation générale : la France avec la crise dite des Gilets Jaunes et l’Amérique avec les pics de fièvre déclenchés par l’imprévisible maître de la Maison Blanche… Quant à l’Union européenne, elle apparaissait de moins en moins structurée, et plutôt en cours de fragmentation. Sans oublier la Grande Bretagne qui n’arrive pas à digérer son référendum.
Du 23 au 26 mai, les élections européennes auront lieu dans 27 Etats membres de l’Union, cette Union qui croyait pouvoir offrir au monde entier un modèle de paix, de stabilité politique et de prospérité. Elle est, malheureusement dans un état désastreux : le centre et l’Est de l’Europe embrassant les thèses de la dite « démocratie illibérale », la Grande Bretagne enlisée dans son « Brexit », le couple franco- allemand, de moins en moins audible en tant que moteur de l’Europe. Dans ce contexte, allons-nous voir ces prochains mois une mise à plat, une mise à mort ou une remise à neuf du projet européen ?
On s’inquiète, à juste titre, pour la participation qui a toujours été faible aux Européennes.
Quel effet peut-on espérer de l’appel des chefs d’entreprises, invitant leurs employés à voter ? Cette action, louable au demeurant, risque de rester un vœu pieux.
La question, sans réponse à aujourd’hui, est de savoir quelle Europe on veut. Allons-nous vers une Europe fédérale ou allons-nous vers une fusion des Nations européennes dans un magma innommable qu’on appellerait Europe ?
Les Etats-Unis d’Amérique se sont bâtis dans le respect des particularismes de chaque communauté, irlandaise, italienne, chinoise, etc. L’Europe devrait s’inspirer de la réussite américaine en faisant une union des Nations, dans le respect de l’identité de chaque membre et de son histoire. Alors les citoyens pourraient se reconnaître dans cette fédération qui deviendrait une des grandes puissances économiques du monde. Pour cela, il faudrait que les chefs d’États européens consentent à abandonner au pouvoir fédéral, nombre de leurs prérogatives, dont la première est d’accepter l’autorité réelle d’un président de l’Union fédérale européenne, élu au suffrage universel direct. Les Européens pourront alors s’identifier dans leur Union et permettront à cette fédération, parlant d’une seule voix, d’avoir enfin une politique commune dans tous les compartiments de sa gouvernance.
L’Europe a apporté la paix et la prospérité sur un continent frappé de conflits séculaires. Pourtant, 60 ans après la signature du Traité de Rome, le projet et le rêve européens sont contestés par nombre de citoyens.
Confrontée à d’immenses défis, du Brexit aux crises migratoire, financière, économique et sécuritaire, l’Europe a-t-elle encore la capacité d’y répondre et de susciter l’adhésion de ses citoyens ?
Aujourd’hui, la difficulté de faire progresser l’Union européenne vers une unité politique est telle qu’elle a transformé Bruxelles en un centre d’experts qui travaillent l’aspect réglementaire plus que politique, des rouages de l’Union.
Le Brexit ouvre une crise de sens : faut-il abandonner l’idée d’un destin commun des peuples européens et se barricader dans nos États respectifs ou bien décider de bâtir, enfin, une autre Europe ?