Rabat, l’Afrique au cœur et scène culturelle mondiale
Par Brahim El Mazned (*)
Rabat bénéficie en 2022 d’une reconnaissance internationale de son ascension comme un des avant-postes de la scène culturelle mondiale. Elle a été choisie par la Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique CGLU pour être Capitale africaine de la culture dont les célébrations vont débuter avant l’été 2022, elle a également été désignée Capitale Culturelle Islamique par l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO) en novembre 2021. Le patrimoine culturel exceptionnel de la ville, symbolisé par l’antique Kasbah des Oudayas (XIIème siècle) fait de Rabat l’une des capitales les mieux préservées du monde musulman. La ville s’est également vue remettre l’organisation du Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL) qui se tiendra en juin 2022. Cette reconnaissance ne fait que confirmer la portée d’un modèle culturel que Rabat cherche à porter depuis quelques années déjà : un pont entre les mondes.
Un modèle tourné vers l’international qui fait la promotion du potentiel culturel africain : le festival Mawazine – Rythmes du Monde
Rabat se fait en effet chaque année la vitrine de la scène culturelle africaine et international en accueillant le festival Mawazine – Rythmes du monde courant mai et juin. Depuis 2014, la couverture médiatique significative dont a bénéficié le festival à chacune de ses éditions a propulsé Rabat au même rang que les plus grandes capitales musicales mondiales. De David Guetta à The Weeknd, les artistes internationaux les plus en vus du moment animent la vie culturelle rabati au côté d’artistes et de groupes africains moins connus, comme les Amazones d’Afrique (Mali, Bénin, Gabon, Nigéria, Guinée, France, Algérie, Côte d’Ivoire). Cette configuration fait de Rabat un tremplin international pour les artistes marocains et africains en quête de visibilité et de notoriété, en permettant à des artistes de talent de se produire au côté de grands noms de la scène musicale internationale.
Un modèle basé sur l’ouverture et la tolérance
La force du modèle porté par Rabat réside également dans sa tradition d’ouverture et de tolérance. L’édition 2019 du festival Mawazine a réuni près de 2 750 000 spectateurs venus voir les 200 artistes qui se sont produits sur les six scènes du festival. Cette affluence record a fait passer Mawazine de la deuxième à la première place des plus grands festivals du monde, selon le site de référence Statista. Ce nouveau record souligne la pertinence du modèle Mawazine : ouvert à tous, gratuit, fédérateur et porteur de valeurs.
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Des opportunités économiques et professionnelles uniques : Visa for Music
La ville de Rabat accueille Visa For Music, le premier festival et marché professionnel des musiques d’Afrique et du Moyen-Orient, organisé par l’entreprise d’ingénierie culturelle Anya. Des showcases y sont organisés pour faire rayonner la production musicale et artistique du continent. S’y tiennent, également, des conférences, des speed-meetings, des ateliers et des formations pour multiplier les rencontres et ouvrir le champ des possibles. Visa For Music, c’est chaque année, le temps de quatre jours, le pouls de Rabat, ce qui en fait une grande capitale africaine culturelle. Chaque année, Visa For Music bénéficie de plus de 500 articles et retombées presse, tous médias confondus, nationaux, régionaux et internationaux. Par cette visibilité à l’international et également grâce à la venue de professionnels, qui sont autant d’ambassadeurs du projet, Visa For Music participe au rayonnement de Rabat et également de la région Afrique-Moyen-Orient dans son ensemble. Ainsi, Visa for Music permet aux artistes africains qui s’y produisent de signer des contrats à l’international.
Une ville d’échanges qui fédère les artistes africains
Visa for Music a permis à une trentaine de représentants d’Afrique et des Caraïbes de faire rayonner ce festival et forum à travers le continent. Parmi eux, on retrouve Sipho Sthole pour l’Afrique du Sud, Jose Cacunga pour l’Angola, Aristide Agoundano pour le Bénin, Pierre Claver Mabiala pour la République démocratique du Congo, Alif Naaba pour le Burkina Faso, Mefe Guy Marc Tony pour le Cameroun, le professeur Yacouba Konate pour la Côte d’Ivoire, Latif Jean Remy Ogoula pour le Gabon, Mbye Bittaye pour la Gambie, Aly Somapre pour la Guinée Conakry, Tabu Osusa pour le Kenya, Mamou Daffe pour le Mali, Kane Limam pour la Mauritanie, João Carlos Schwalbach pour le Mozambique, Luc Mayitoukou pour le Sénégal, Randa Hamid pour le Soudan, Shabani Ramadhani Hamissi, Nguinambaye Ndoua Manassé pour le Tchad, Faysal Kiwewa pour l’Ouganda, Jean-Pierre Kalonda pour le Rwanda, Percy Yip Tong et Stephan Jauffret-Rezannah pour l’île Maurice, Chris Rimpel pour Haïti, Madam Louise pour W. McMillan Siaway pour le Liberia, Mawuto Dick pour le Togo, Melody Tanyanyiwa Zambuko pour le Zimbabwe, Priscilla Mhango pour le Malawi, Alex Boicel pour la diaspora africaine aux Etats-Unis.
Des agences culturelles sur le devant de la scène
L’entreprise d’ingénierie culturelle Anya, basée à Rabat, accompagne également les artistes africains tout au long de l’année. Elle diffuse, une fois par semaine, la playlist concoctée par un acteur culturel africain sur des musiques de son pays afin de partager un aperçu des tendances musicales actuelles du continent. A travers la première Playlist Afri’Cask, on y découvre, par exemple, le paysage musical tanzanien, dans le casque de Youssouf Mahmoud, un professionnel de la musique et directeur du Sauti Za Bausara, festival de référence de l’île de Zanzibar (Tanzani), partenaire de Visa for Music. Cette initiative est aussi l’occasion de connaître les acteurs culturels majeurs, les festivals et actions culturelles d’Afrique.
Un rayonnement favorisé par la présence du siège de l’UNESCO
Enfin, la ville de Rabat abrite le bureau multipays de l’UNESCO pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. La présence de l’UNESCO dans la ville favorise la coopération multilatérale en matière de culture et d’éducation et facilite les échanges entre professionnels du monde de la culture, les artistes et les institutions gouvernementales. Ainsi, à l’occasion de la 11ème édition de la Journée internationale du jazz, l’UNESCO s’est associé à Anya pour produire la deuxième édition du concert JazzWomenAfrica, avec le soutien financier de la Commission canadienne pour l’UNESCO, du Bureau marocain du droit d’auteur (BMDA) et de la Fondation Hiba. En partenariat avec l’Union européenne de radio-télévision (EBU), le concert a été distribué par ses membres et promu par ses unions de radiodiffusion sœurs en Afrique, dans les caraïbes et dans d’autres régions du monde. Des extraits de JazzWomenAfrica ont été diffusés le 30 avril 2022 lors du concert mondial All-Stars produit par le Herbie Hancock Institut de Jazz annoncé aux Nations Unis et à l’UNESCO.
( *) Brahim El Mazned est Directeur artistique du Festival Timitar