Rachida Dati scelle un nouveau chapitre du partenariat franco-marocain
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Le ministère de la Culture à Rabat a abrité la conférence de presse conjointe entre Rachida Dati, ministre française de la Culture, et son homologue marocain Mohamed Mehdi Bensaid, qui a été le point d’orgue d’une série d’événements marquant un nouveau jalon dans la coopération culturelle entre les deux nations. Ce rendez-vous, ponctué par la signature d’accords structurants et des visites de sites emblématiques, vient couronner un déplacement ministériel hautement symbolique.
« Cette visite au Maroc revêt une importance capitale, dans la continuité de celle du Président Emmanuel Macron, et illustre la profondeur du partenariat culturel franco-marocain », a déclaré Rachida Dati en ouverture de son discours. Arrivée à Rabat le dimanche 16 février, la ministre a enchaîné rencontres et visites de terrain, traduisant une ambition claire : inscrire dans le concret les engagements bilatéraux pris lors de la dernière visite d’État.
Dans ce cadre, la délégation française, riche de représentants d’institutions culturelles de premier plan telles que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), l’Institut national de l’audiovisuel (INA), la Bibliothèque nationale de France (BnF) et l’Institut français, a témoigné du niveau d’ambition partagé par les deux pays. « Nous ne venons pas les mains vides. Nous venons avec des projets, des perspectives, et surtout avec la volonté ferme d’accompagner le Maroc dans son élan culturel », a souligné Mme Dati.
La journée a été marquée par la signature de plusieurs accords de coopération, consolidant les liens entre Paris et Rabat dans des secteurs aussi divers que le cinéma, le jeu vidéo, le patrimoine et les archives. Deux grands axes se dégagent de ces nouvelles ententes : le soutien aux industries culturelles marocaines et la préservation du patrimoine national.
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« Nous faisons le pari que la culture est un moteur économique et un levier d’emploi pour la jeunesse », a affirmé la ministre française en détaillant les initiatives à venir. Parmi elles, le renforcement de l’industrie du jeu vidéo au Maroc, illustré par la signature d’un accord entre le CNC et le ministère marocain de la Culture. Ce partenariat prévoit notamment la participation du Maroc au Game CreaLab francophone ainsi que le développement de la Cité du Gaming, visant à renforcer l’attractivité du Royaume dans ce secteur en pleine expansion.
Côté cinéma, les échanges franco-marocains se traduiront par un appui accru à la formation des professionnels du secteur. « La montée en puissance de l’industrie cinématographique marocaine est une évidence. Nous nous engageons à y contribuer, notamment par des rencontres de coproduction qui se tiendront en mai prochain lors du Festival de Cannes », a précisé Rachida Dati.
Un patrimoine en partage
Outre la capitale, le déplacement ministériel a également conduit Rachida Dati à Tarfaya, Laâyoune et Dakhla. Une visite qui, au-delà de son aspect culturel, revêt une portée diplomatique évidente. « Par ma présence ici, je tiens à rappeler que, comme l’a exprimé le Président Emmanuel Macron, le présent et l’avenir de ces territoires s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », a-t-elle insisté.
Dans ces régions du sud marocain, plusieurs projets ont été annoncés : l’ouverture d’une Alliance française à Laâyoune, un projet d’exposition numérique autour de la mémoire d’Antoine de Saint-Exupéry à Tarfaya, ainsi que le lancement d’une antenne de l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel et du Cinéma (ISMAC) à Dakhla. « L’éducation et la culture sont les meilleurs outils pour accompagner le développement régional et créer des opportunités pour la jeunesse locale », a-t-elle affirmé.
La coopération entre la France et le Maroc ne se limite pas aux industries créatives : elle s’étend aussi à la valorisation du patrimoine. La ministre a annoncé plusieurs initiatives majeures dans ce domaine, notamment la mise en place d’un programme d’identification, de numérisation et de restauration des films marocains conservés en France. « Notre patrimoine audiovisuel est une mémoire commune qu’il nous faut préserver et valoriser », a-t-elle insisté.
Un autre pan de cette coopération concerne les archives et la législation en matière de conservation patrimoniale. Un accord signé entre le service interministériel des Archives de France et les Archives du Maroc prévoit un appui à l’adaptation du cadre législatif marocain ainsi qu’un soutien dans le développement d’un nouveau bâtiment d’archives répondant aux standards internationaux.
La visite de Rachida Dati s’est conclue sur une note archéologique, avec un passage au site historique du Chellah, où des fouilles sont en cours. « Nous travaillons sur la possibilité d’un jumelage entre le Chellah et le château de Chambord, afin de partager notre expertise en matière de mise en valeur touristique et scientifique des sites historiques », a révélé la ministre.
L’intelligence artificielle et l’édition sont également au cœur des ambitions franco-marocaines. Avec Rabat désignée capitale UNESCO du livre en 2026 et la participation du Maroc comme invité d’honneur au Festival du livre de Paris en avril prochain, la coopération éditoriale se renforce. « Il est essentiel que la richesse de la littérature marocaine soit mieux connue du public francophone. Nous soutiendrons donc activement la traduction d’œuvres marocaines en français », a déclaré Mme Dati.
Le volet numérique n’est pas en reste, avec un engagement mutuel à travailler sur les opportunités et défis que représente l’intelligence artificielle pour le secteur culturel. « Ce partenariat doit être vivant, évolutif, et capable d’anticiper les enjeux de demain », a conclu la ministre française.
En quittant Rabat, Rachida Dati laisse derrière elle un cadre de coopération renforcé, marqué par des engagements concrets et un volontarisme assumé. Ce déplacement, véritable feuille de route pour les années à venir, confirme la volonté des deux pays d’élever encore d’un cran leur relation culturelle exceptionnelle.