Ramadan sous le signe d’une inflation sans merci
Fatine El Fatini
Les prix des denrées alimentaires de grande consommation poursuivent leur envolée, en ce début du mois sacré, et atteignent des sommets. Et pour cause, une inflation galopante, sans merci, qui touche principalement les produits de première nécessité. Fruits, légumes, volailles…les denrées de grande consommation sont toutes concernées par cette tendance inflationniste qui affecte lourdement le pouvoir d’achat des consommateurs. Face à cette situation, le gouvernement et les ménages marocains sont appelés à unir leurs forces et faire preuve d’engagement.
Le Ramadan est, de notoriété, le mois pendant lequel la consommation alimentaire augmente de 40% à 50% de son niveau habituel. Une tendance confirmée par les chiffres dévoilés en 2019 par le ministre de l’Agriculture. En effet, au cours du mois béni, les dépenses en produits alimentaires des ménages montent en flèche. Les achats des Marocains se multiplient pour bien garnir la table du ftour. Sauf que cette année, la situation est exceptionnelle. Le mois sacré intervient dans un contexte marqué par une conjoncture économique difficile. Une inflation galopante qui induit un effondrement sévère du pouvoir d’achat des ménages marocains, notamment les plus vulnérables.
Le constat est, d’ailleurs, loin d’être rassurant. Certes, les marchés et souks du royaume sont bien achalandés. Poissons, légumes, fruits, gâteaux mielleux …l’offre est abondante. Toutefois, les prix se maintiennent à des niveaux jugés “très élevés”. Une situation qui pèse lourdement sur le panier des ménages et suscite l’inquiétude des consommateurs qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts.
Il suffit d’ailleurs de se rendre au marché pour réaliser à quel point la situation est désolante. Les plus démunis ont de plus en plus du mal à subvenir à leurs besoins même les plus basiques. Preuve à l’appui, certaines denrées ne sont plus à la portée de toutes les bourses et particulièrement les plus vulnérables. Les prix des produits agroalimentaires, qui constituent la base de la consommation incompressible du consommateur marocain, tels que les tomates, les oignons ou encore les pommes de terre s’envolent pour atteindre, dans certaines régions, les 8 dh au kilo voire plus.
Le gouvernement se mobilise
Pour faire face à cette situation qui constitue un lourd fardeau pour les consommateurs, notamment les plus vulnérables aux petites et moyennes bourses, le gouvernement a mis en place une batterie de mesures pour pallier la tendance haussière de l’inflation et partant protéger le pouvoir d’achat des Marocains.
Dans ce sens, l’exécutif a veillé à mettre en place tous les moyens nécessaires pour garantir un approvisionnement normal et assurer la disponibilité des produits alimentaires de base à des prix stables. Et ce, en régulant les marchés pendant le mois béni à travers de multiples opérations de contrôle des prix menées depuis quelques semaines dans les différents points de commerce du Royaume.
A cet égard, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), a souligné l’importance et la nécessité d’organiser de telles campagnes tout au long de l’année. “ Les campagnes de contrôle ont contribué à la baisse, par effet de la crainte des sanctions appliquées contre les actions anticoncurrentielles et les pratiques illicites. Ces interventions devraient être menées durant toute l’année pour assurer une bonne fluidité des produits salubres et de bonne qualité».
Outre le suivi de l’évolution des prix, le gouvernement a décidé d’exonérer les importateurs de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Et ce, dans l’objectif de faciliter l’approvisionnement du marché national en vaches destinées à l’abattage rapide. Une mesure qui a permis une baisse légère des prix de la viande rouge ayant enregistré une hausse vertigineuse dans les boucheries au Maroc. L’exécutif a, par ailleurs, décidé de suspendre l’exportation de certains produits de consommation afin d’assurer leur accessibilité pour le consommateur marocain.
Des mesures mises en place, en vain
Les actions entreprises par le gouvernement ont contribué à la baisse des prix de certaines denrées alimentaires. En effet, le prix des tomates a connu une légère baisse. Mais il reste, tout de même, élevé, oscillant entre 8 et 12 Dh/Kg. Sans parler des autres produits de grande consommation qui ont connu une hausse significative et ne cessent d’augmenter. Il s’agit, entre autres, des oignons dont le prix se situe au niveau de la région Casablanca-Settat entre 9 et 15 DH/Kg.
Certes, nul ne peut nier que des mesures gouvernementales ont été mises en place et des actions ont été entreprises. Néanmoins, les efforts devront encore se multiplier et toutes les parties prenantes sont appelées à faire preuve d’engagement.
Face à cette situation où la cherté de la vie prime et les prix atteignent des niveaux records, la protection du pouvoir d’achat du consommateur devient une nécessité voire une urgence. Sauf que celui-ci ne peut être protégé en l’absence du maintien de l’équilibre entre le revenu des citoyens et leurs dépenses. Dans ce sens, la Confédération Démocratique du Travail (CDT) a appelé le gouvernement à accélérer la mise en œuvre de l’augmentation des salaires, lors de la réunion qui s’est tenue, début mars, avec le ministre de l’Inclusion économique,Younes Sekkouri.
Mais pas que, le consommateur détient également une part de responsabilité dans cette situation et son rôle reste important dans la baisse des prix. Dans ce sens, les ménages devront faire preuve de modération en limitant les achats compulsifs qui contribuent fortement à l’augmentation des prix pratiqués sur le marché. En effet, la demande accrue pour un bien donne lieu à une hausse spectaculaire de son prix. D’où l’importance de consommer de manière responsable pour préserver le pouvoir d’achat des plus démunis.