Rapport IRES : Les politiques publiques ont largement contribué à la précarisation du secteur agricole

Le Royaume, pays à vocation agricole et au riche passé historique, connaît depuis quelques années un stress hydrique endémique. Le secteur agricole, qui contribue jusqu’à 15 % du PIB national et emploie 28 % de la main-d’œuvre totale, a été fragilisé par cette pénurie d’eau et par une mauvaise gestion des politiques publiques relatives à cette rareté de l’eau, devenue une ressource à préserver dans ce contexte préoccupant, impactant fortement l’un des secteurs névralgiques du Maroc.

Selon l’Institut royal des études stratégiques (IRES), les politiques publiques exercent une influence négative sur le capital hydrique au Maroc, et leur impact peut même surpasser celui des changements climatiques. L’irrigation massive et non contrôlée, et l’augmentation de l’offre en eau négligeant la gestion de la demande, ont conduit à des avancées en matière d’approvisionnement en eau potable, de production énergétique et de protection contre les inondations. Cependant, elles ont surtout encouragé une irrigation massive et non contrôlée.

Le diptyque Nexus « Eau-Agriculture » est le nouveau paradigme du secteur agricole dans le Royaume. En effet, les autorités gouvernementales ont placé cet axe stratégique au cœur du projet de développement de l’économie nationale.

Le taux de remplissage des barrages représente un indicateur clé de la disponibilité en eau. En effet, une année de sécheresse peut entraîner une baisse jusqu’à 70 % de la production céréalière par rapport à une année normale. De nombreux barrages au Royaume ont connu un assèchement de leurs ressources en eau et les nappes phréatiques sont menacées d’un épuisement irréversible.

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Depuis l’indépendance du Maroc, l’agriculture est un secteur stratégique pour l’économie nationale, offrant un cadre de souveraineté alimentaire et de préservation du capital hydrique national. Le secteur agricole contribue à hauteur de 15 % du PIB, emploie environ 28 % de la main-d’œuvre totale, représente le principal pourvoyeur d’emplois dans le monde rural et joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire du pays. Il consomme environ 85 % des ressources en eau renouvelables du pays, ce qui en fait une ressource devenue cruciale. Par conséquent, la durabilité de l’agriculture et la préservation de la sécurité alimentaire sont devenues des enjeux nationaux majeurs.

La stabilité des populations rurales, la lutte contre la pauvreté et le développement du secteur agricole représentent des défis essentiels pour l’avenir du Maroc.

La raréfaction de l’eau au Maroc figure dans les principales préoccupations nationales, parmi lesquelles on peut citer la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable de la population, la durabilité de l’agriculture et la préservation de la sécurité alimentaire.

La forte baisse des apports en eau affecte aussi bien les eaux de surface mobilisées par les barrages, dont le taux de remplissage n’excède actuellement pas 33 %, que les eaux souterraines. Les eaux souterraines sont devenues la principale source d’approvisionnement pour l’irrigation des cultures dans la plupart des régions.

Le sous-secteur irrigué n’a plus la capacité de jouer son rôle singulier d’amortisseur des effets de la sécheresse sur l’agriculture pluviale (Bour). L’agriculture marocaine se trouve dans une situation critique, confirmée par deux indicateurs incontestables : la dégradation avancée de ses ressources productives de base (eaux, sols, parcours, forêts, biodiversité) et l’accentuation de la dépendance du Maroc vis-à-vis de l’étranger pour combler ses déficits croissants en produits alimentaires de base.

Les experts soulignent la nécessité d’accorder une attention particulière à trois axes prioritaires dans le secteur agricole : l’optimisation de la gouvernance, la garantie de la souveraineté alimentaire et le renforcement de la durabilité et de la résilience de l’agriculture marocaine.

Le rapport de l’IRES propose une vue d’ensemble sur l’avenir de l’agriculture marocaine, prenant en compte le contexte du stress hydrique endémique que traverse le pays ces dernières années et le défi majeur de la gestion de ses ressources hydriques.

Dans le cadre du Programme national d’économie en eau d’irrigation (PNEEI), on note une surexploitation des ressources en eau. Les déficits persistants de cohérence, d’intégration et de convergence des politiques publiques fragilisent la résilience et la durabilité du secteur agricole.

Pour garantir un avenir durable à l’agriculture marocaine, le paradigme de développement agricole doit être complètement revu en optant pour un développement agricole intégré, arrimé au développement territorial. En effet, seule une approche holistique et concertée permettra de surmonter les défis de la raréfaction de l’eau et des effets du changement climatique, assurant ainsi la pérennité de ce secteur vital pour le Royaume.

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