Rapport : le secteur de l’énergie responsable de 65,5% d’émissions de gaz à effet de serre
Par Oualid Boya
Le Groupe de la Banque mondiale, un regroupement d’organisations internationales, a publié récemment son dernier rapport dans lequel il dissèque les aspects environnementaux, économiques, politiques et réglementaires qui jouent un rôle clé dans le développement du pays. Le rapport dresse, entre autres, l’état des lieux de la situation climatique et énergétique au Maroc.
Dans son rapport publié en octobre, le Groupe de la Banque mondiale a identifié trois secteurs qui impactent le climat à des proportions différentes et contribuent à émettre des quantités importantes de gaz à effet de serre (GES) – volume inférieur par rapport aux autres pays. Ces secteurs sont considérés comme les principales sources d’émissions de GES au Maroc. En effet, le secteur énergétique arrive en tête de liste avec 65,1% des émissions totales enregistrées en 2018. L’agriculture arrive en deuxième position avec un taux qui s’élève à 22,1%. Les processus industriels et la gestion des déchets, quant à eux, représentent respectivement 6% et 5,4% des émissions de gaz à effet de serre marocaines.
Plus précisément, les émissions provenant du secteur de l’énergie émanent des secteurs de l’électrique et des transports. Le premier contribue à hauteur de 36,1% tandis que le second à 29%. Une réalité qui se reflète dans la part des énergies renouvelables dans le processus de production d’électricité, dont le quota s’élevait à 20% en 2021. Toutefois, les efforts du Royaume visant à réduire l’empreinte carbone sont, selon le rapport, contrebalancés par sa dépendance aux combustibles fossiles, lesquels ont connu une forte augmentation dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne.
Selon le rapport, la production d’électricité au Maroc reste tout de même tributaire du pétrole et du charbon. Les deux matières premières ont respectivement enregistré un taux de participation de 56,5% et 29,8% en 2019. D’autres matières premières entrent également dans le procédé de production mais elles ne sont pas représentatives. C’est le cas notamment du gaz naturel (3,9%) et des biocarburants et des déchets (5,9%). Cependant, la dépendance à ces matières nuisibles à l’environnement déséquilibre les efforts déployés dans le cadre de la Stratégie nationale de développement durable et d’autres programmes gouvernementaux, estime le rapport.
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Intensité carbone…
Le rapport a signalé que les trois centrales de charbon, mises en service en 2010, ont augmenté la capacité de production à 4 GW. Une capacité qui équivaut à 38% de la production d’électricité nationale réalisée en 2021. Il a également tiré la sonnette d’alarme quant à l’intensité carbone du secteur électrique en alertant qu’en 2020, le volume des émissions s’est approximativement établi à 600 tonnes de CO2 émises par GWh.
Le groupement d’institutions internationales a loué la volonté du développement durable exprimée par le Royaume, qui se traduit dans la mise en œuvre de stratégies nationales en concertation avec les acteurs privés et public. A ce niveau, ce groupement a énuméré les plans de développement mis en place par le Maroc pour braver les défis climatiques, à l’instar de la Stratégie énergétique nationale, la Stratégie nationale de développement durable 2030, le Plan climat national 2030… Néanmoins, il considère que le caractère inconditionnel des initiatives de l’Etat n’aidera pas beaucoup à anticiper les incidences climatiques. Dans ce sens, le rapport estime que le Nouveau Modèle de Développement (NMD) n’implique pas « de manière systémique et intégrée » les considérations climatiques dans ses plans de développement.
Des mesures compensatoires
Sur le plan budgétaire, le NMD n’a pas considéré les pressions que les risques liés au changement climatique pourraient exercer, explique le rapport en notant que les efforts du gouvernement doivent se focaliser sur la promotion des investissements qui contribuent « de façon synergique aux objectifs de développement et d’ambitions climatiques ».
Sur le plan socio-économique, le document mentionne qu’en amont des actions publiques, l’identification des besoins des migrants climatiques est nécessaire, en mettant l’accent sur l’importance des mesures compensatoires pour minimiser l’impact de la réforme de la fiscalité environnementale recommandée par le Groupe de la Banque mondiale. Ce dernier indique que ces mesures apporteront des apports substantiels aux recettes publiques, notamment à travers la réforme du système de compensation et l’instauration de la taxe carbone.