Réforme de la TIC : Le tabac connait une hausse
Depuis le 1er janvier 2025, les fumeurs marocains sont confrontés à une nouvelle réalité : une augmentation significative des prix du tabac, en particulier sur les marques dites « Value », qui touchent une large partie de la population. Entamée par la loi de finances 2022, la réforme vise à rétablir une certaine équité fiscale entre les cigarettes à bas prix et celles de gamme supérieure.
La hausse du prix du tabac fait partie d’une décision de la réforme progressive de la Taxe intérieure de consommation (TIC) qui avait pour objectif de réduire les disparités entre les différentes catégories de cigarettes, et se poursuit à un rythme soutenu. Alors que les marques premium telles que Marlboro (PMI) et Winston (JTI) ne connaissent que des ajustements mineurs, certaines marques low-cost comme Gauloises, Marquise, Chesterfield ou Monte Carlo voient leur prix augmenter de manière substantielle. Par exemple, les prix des paquets de Chesterfield et Monte Carlo augmentent de 2 dirhams, tandis que ceux des Gauloises et Marquise grimpent de 1 dirham.
Cette révision tarifaire vise à combler les écarts fiscaux entre les produits à bas prix et ceux de gamme supérieure, en garantissant des recettes supplémentaires pour le Trésor public. Mais au-delà de la simple logique fiscale, cette réforme cherche à restructurer le marché du tabac marocain en équilibrant les rapports entre les différentes gammes de cigarettes. La volonté des autorités est claire : réduire l’écart entre les cigarettes « low-cost » et celles de luxe, afin de créer une structure de marché plus homogène.
La hausse des prix, bien que prévue, vient s’ajouter à une pression fiscale déjà considérable. En effet, la TIC continuera de grimper selon le calendrier fixé, passant de 100 dirhams en 2022 à 550 dirhams en 2026, une augmentation colossale qui impacte directement les prix des produits du tabac. En parallèle, le minimum de perception augmentera également, atteignant 953 dirhams d’ici 2026. Ces ajustements renforcent la pression fiscale sur le secteur du tabac, avec pour objectif de générer des recettes accrues pour l’État tout en cherchant à réduire les écarts de taxation entre les différentes gammes de produits.
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Cette nouvelle hausse des prix, bien qu’anticipée, vient alourdir le budget des consommateurs marocains, déjà fortement frappés par l’inflation galopante qui touche l’ensemble des secteurs économiques. En effet, l’augmentation des prix des cigarettes s’inscrit dans un cycle sans fin d’inflation, où chaque produit de consommation semble être soumis à une pression constante, faisant diminuer le pouvoir d’achat des Marocains.
Dans les foyers marocains, la hausse des prix des produits de première nécessité, couplée à celle des produits comme le tabac, transforme la gestion du budget familial en un exercice de plus en plus difficile. Les augmentations successives des prix des cigarettes, ainsi que d’autres produits de consommation courante, révèlent une tendance inquiétante : celle de la dévaluation du pouvoir d’achat des ménages. En effet, alors que les revenus stagnent pour une grande partie de la population, les dépenses nécessaires à la survie augmentent, créant un déséquilibre flagrant dans la capacité de consommation.
La question qui se pose alors est celle de la viabilité de ce modèle économique dans un contexte de plus en plus difficile pour les Marocains. Si les hausses de taxes visent à réduire les disparités fiscales, elles s’ajoutent à un fardeau supplémentaire pour une population déjà fragilisée par la hausse des prix de l’essence, des produits alimentaires, des loyers et des services de base. La répercussion sur le pouvoir d’achat est tangible et s’étend bien au-delà du secteur du tabac.
Un marché du tabac restructuré
Au-delà de la simple augmentation des prix, ces ajustements du marché du tabac marquent également une volonté de réorganisation du secteur. En augmentant les prix des marques low-cost, les autorités cherchent à favoriser une consommation plus équitable entre les différents segments du marché. L’alignement des taxes sur les produits à faible coût avec celles des produits de gamme supérieure pourrait modifier à terme les habitudes des consommateurs. Une telle évolution pourrait encourager une réduction de la consommation des marques les plus abordables au profit de produits plus chers, mais aussi plus raffinés.
Cependant, cette stratégie soulève des interrogations. Si les hausses de prix des cigarettes sont censées alléger le budget public, elles risquent aussi d’entraîner une augmentation de la contrebande et de la consommation illégale, notamment des cigarettes de contrebande. Cela pourrait nuire aux objectifs de cette réforme, en engendrant des pertes fiscales pour l’État et en alimentant des circuits économiques parallèles qui échappent au contrôle des autorités.