Réforme de retraites, un dossier brûlant qui peinerait à convaincre
Alors que les résultats de l’accord social apparaissent positifs, plusieurs parties prenantes persistent à rejeter ce qu’ils appellent le « chantage » du gouvernement, qui vise à les contraindre et à céder des points notamment ceux liés à la réforme des systèmes de retraites. En tout état de cause, l’urgence de cette réforme exige que les différentes parties s’unissent pour que la question des retraites ne devienne pas une impasse du dialogue social.
Le système des retraites est désormais confronté à des problèmes qui compromettent à terme son efficacité et sa viabilité. Dans ce contexte, le système repose sur une coexistence de systèmes de retraite multiples et diversifiés : la CMR et le RCAR pour le secteur public et para public, la CNSS et la CIMR pour le secteur privé ainsi que d’autres régimes internes pour certains établissements publics. Toutefois, par rapport à ce paysage national en matière des retraites, il est clair que l’état des retraités est la plus critique aujourd’hui.
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Plusieurs rapports, dont celui de Bank Al Maghrib, ont longtemps tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences que le Maroc pourrait subir, du fait des retards dans la mise en œuvre de la réforme des retraites. Le retard accusé sur la finalisation de la réforme des retraites, augmentera certainement son coût, et accroîtra les réticences des partenaires sociaux.
En effet, les observations contenues dans le rapport de la Banque Centrale confortent les conclusions du rapport annuel de la Cour des Comptes. A noter que le déficit technique du régime civil de la Caisse marocaine de base, a été fixé à 5,12 milliards de dirhams en 2021, alors que les réserves de cette caisse sont tombées à 65,84 milliards de dirhams, soit une baisse de 10,7 milliards de dirhams par rapport à 2019, et ce malgré la réforme normative du système des pensions civiles en 2016. La situation du régime collectif de retraite est tout aussi préoccupante, avec un déficit global de 3,95 milliards de dirhams en 2021, bien que des réformes aient été menées en 2016 et 2021.
Selon Brahim Belghazi, vice-président de la Fédération des associations nationales de retraités au Maroc (FANAREM), interrogé par MAROC DIPLOMATIQUE, sur les dysfonctionnements du système des retraites, la réponse est sèche : « la caisse souffre d’une hémorragie », dénonce-il. En effet, il existe un certain nombre de problèmes accumulés, notamment « en matière des investissements inappropriés et des placements inadaptés », pendant que le système des retraites connait une situation financière critique, ayant entraîné ainsi des pertes colossales pour la caisse. De plus, un autre problème de taille, il s’agit d’une « absence de représentativité pour les retraités ». « Personne ne parle de retraité, il n’est pas présenté et il ne peut être présenté ni par les syndicats ni par la CGEM », ajoute-t-il.
De son côté, le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), parti d’opposition, rappelle au gouvernement qu’il ne faut pas « tenter de faire passer une quelconque disposition de la loi sur la réforme des retraites, qui remettrait en cause leur pouvoir d’achat ou leur situation financière après la retraite ». Le parti d’opposition a aussi appelé au gouvernement de Aziz Akhannouch, à soumettre un projet de loi en la matière » basé sur les dispositions de la constitution et selon une approche réellement participative, précisant à cet égard que « la réforme des retraites doit être globale et efficace, et ne doit pas se faire au détriment des acquis et des droits sociaux des travailleurs, ni au détriment de leur situation financière ».