Réforme financière de l’UA : la grande déception
Par Khadija Skalli
Le 32e Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, tenu en février dernier, dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, n’a pas tenu ses promesses. La réforme financière n’a pas eu lieu. La révision du barème des contributions financières a été reportée au sommet extraordinaire de l’organisation continentale qui se déroulera en juillet prochain, à Niamey, au Niger.
La montagne accouche d’une souris. Le 32ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine, tenu les 10 et 11 février dernier, dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, n’a pas atteint ses objectifs de réforme financière. Bien que le président rwandais Paul Kagame, initiateur de cette réforme, ait fait feu de tout bois pour faire aboutir ce chantier, la prise de décision concernant le nouveau barème des contributions financières des membres de l’organisation continentale a été reportée au prochain sommet extraordinaire qui se déroulera en juillet à Niamey, au Niger.
La révision du barème des contributions financières a été reportée au prochain sommet extraordinaire qui se déroulera en juillet à Niamey, au Niger.
Largement dépendante des aides étrangères, l’institution africaine peine encore à assurer son autonomie financière. Ce qui constitue un frein à son efficacité. Des mesures d’autofinancement de l’organisation panafricaine s’imposent. Le président rwandais Paul Kagame avait alors proposé de lever une taxe à hauteur de 0,2% sur les produits importés. Cette mesure devrait permettre aux membres de l’UA de payer leur contribution financière annuelle. Toutefois, de nombreux pays ont exprimé leurs réticences. A ce jour, seulement 24 pays ont accepté la mise en application de cette taxe, d’après les chiffres officiels de la Commission de l’UA. Les discussions sur cette taxe ont été également reportées au prochain sommet extraordinaire.
Lors de ce sommet du mois de février, les échanges entre les Chefs d’Etat et de gouvernement africains ont porté notamment sur les déplacements forcés en Afrique et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
L’Afrique aura-t-elle réellement sa zone de libre-échange continentale ?
Le projet de création d’une zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) avance à grands pas, selon les propos du président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou, qui a présenté son rapport d’étape sur le processus de négociation de la ZLECAF, à Addis-Abeba. « Nous avons maintenant atteint un point décisif dans le processus de réalisation de notre vision d’un marché commun africain. Nous sommes en passe d’entrer dans la phase opérationnelle de ce processus », déclare-t-il lors du 32ème sommet ordinaire de l’UA.
L’institution continentale table beaucoup sur ce projet pour renforcer l’intégration économique de l’Afrique. Toutefois, des contraintes persistent entravant l’aboutissement du projet. Selon le Chef d’Etat nigérien, « six des États membres de l’UA n’ont pas encore signé l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine ».
Le 32e sommet de l’organisation continentale a connu une première. Aucune décision de l’Union africaine sur le Sahara ne figure sur le rapport final de l’UA.
En outre, 18 pays seulement ont ratifié l’Accord. Il s’agit du Congo Brazzaville, de la Côte d’Ivoire, de Djibouti, de l’Eswatini, du Ghana, de la Guinée, du Kenya, du Mali, de la Mauritanie, de la Namibie, du Niger, de l’Ouganda, de la République Sud-Africaine, du Rwanda , du Sénégal, de la Sierra Leone, du Tchad et du Togo. Quid du Maroc ?
Le Maroc a déjà signé l’accord en 2018. La ratification est en cours. Le projet portant ratification de l’accord de la création de la zone de libre échange continentale africaine a été adopté jeudi 21 février en Conseil de gouvernement.
Or, 22 ratifications sont requises pour l’entrée en vigueur de cet accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine. « Cet Accord entre en vigueur, trente jours après le dépôt par vingt-deux États signataires de leurs instruments de ratification, auprès du Président de la Commission de l’Union africaine », stipule l’article 23 de ce texte.
Le Chef d’Etat nigérien reste pour le moins très optimiste. « Il est possible d’obtenir le 22ème instrument de ratification avant la célébration du premier anniversaire de la ZLECAF, le 21 mars 2019 ». Et de poursuivre : « Afin que nos décisions soient crédibles, je voudrais recommander que nous nous engagions à faire du marché commun africain une réalité, d’ici à 2023, et que nous demandions à nos ministres du Commerce d’élaborer, d’ici novembre 2019, une stratégie dans le cadre de la réalisation de cet objectif, pour examen par la Conférence en 2020 ».
Sahara : L’Afrique du Sud intègre la troïka présidentielle chargée du dossierNouveau venu à la troïka présidentielle de l’Union africaine, chargée de la question du Sahara, l’Afrique du Sud, qui assurera la présidence tournante de l’UA en 2020, intègre ce comité présidentiel, créé lors de la 31e session ordinaire du Sommet des chefs d’État et gouvernement de l’Union africaine, en juillet 2018 à Nouakchott. Ainsi, le Maroc perd, au sein de ce comité ad hoc, son allié, le président guinéen Alpha Condé. C’est son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, hostile à l’intégration territoriale du Maroc, qui prend la relève. L’adhésion de l’Afrique du Sud à la troïka africaine intervient avec la tenue de sa première réunion. En effet, six mois après sa création, la troïka présidentielle chargée du dossier du Sahara s’est réunie, pour la première fois, dimanche 10 février, dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, en marge du 32ème sommet de l’Union africaine.
Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, qui est membre de ce comité, a déclaré sur son compte Twitter que « le nouveau Mécanisme africain devrait arrêter une feuille de route pour permettre à l’UA d’apporter une contribution significative aux efforts de l’ONU et de jouer pleinement le rôle qui lui revient dans ce dossier ». Aucune décision de l’Union africaine sur le Sahara ne figure sur le rapport final du 32ème sommet de l’UA. Mieux encore, un avis juridique a été émis par le Conseiller juridique de l’Union africaine, le représentant permanent du Nigeria, Bankole Adeoye et adressé aux représentants permanents des pays membres de l’Organisation continentale. Selon cetb avis « le Conseil Paix et Sécurité de l’institution panafricaine ne pourra plus soulever, citer ou se référer à la situation au Sahara de quelque manière que ce soit ». La troïka présidentielle composée du président en exercice de l’UA, son prédécesseur et son successeur, ainsi que le président de la Commission de l’Union, est la seule habilitée à examiner la question du Sahara. |