Regards des médias français sur la symbolique de la visite d’État du président Macron au Maroc
SPÉCIAL MAROC-FRANCE
La visite officielle du président français Emmanuel Macron au Maroc, qui s’est déroulée sur trois jours, a captivé l’attention des médias de l’Hexagone. Cet événement, au-delà de son envergure politique et économique, s’érige en symbole puissant de reconnaissance et de tolérance, marquant un renouveau des liens franco-marocains après une période de tensions. C’est avec un accueil empreint de solennité et d’hommage que le souverain marocain, le roi Mohammed VI, a accueilli le chef d’État français, un geste fort qui témoigne de la place particulière que la France occupe dans le cœur de ce partenaire stratégique du Maghreb.
Arrivé à Rabat lundi après-midi, Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte et d’une délégation de plus de cent personnalités françaises – responsables politiques, chefs d’entreprises et figures culturelles –, a été reçu avec tous les honneurs, à commencer par une salve de 21 coups de canon en son honneur. L’accueil même de SM le roi Mohammed VI, qui a accompagné son hôte de l’aéroport au palais royal, symbolise une réconciliation tant attendue et met en exergue l’importance de ce rapprochement pour les deux nations. Le voyage de Macron au Maroc est en effet une pierre angulaire du « dégel » des relations entre Paris et Rabat, après des années marquées par des dissensions diplomatiques.
Les relations diplomatiques entre le Maroc et la France avaient connu une période de refroidissement en raison de plusieurs incidents, dont l’affaire Pegasus, où les services de renseignement marocains ont été soupçonnés d’avoir utilisé un logiciel espion pour cibler des personnalités françaises, et la réduction des visas français pour les Marocains, une mesure perçue comme un affront par la société marocaine. L’engagement français perçu envers l’Algérie dans le dossier complexe du Sahara avait également alimenté la méfiance entre les deux pays.
Cependant, en juillet 2024, un tournant décisif a été pris lorsque la France a exprimé son soutien explicite au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara. Ce geste politique a fait écho à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur ce territoire par des acteurs de poids comme les États-Unis et l’Espagne, un acte significatif et symbolique que le Maroc considérait depuis longtemps comme une priorité nationale. La visite d’État de Macron s’inscrit donc dans cette dynamique de réconciliation, une démarche qui, bien que risquée pour la diplomatie française vis-à-vis de l’Algérie, apparaît comme un choix stratégique calculé.
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Le programme de la visite d’Emmanuel Macron au Maroc n’est pas uniquement axé sur la politique ou l’économie, mais englobe des questions sociales, culturelles et historiques qui témoignent de l’étroite interdépendance entre les deux nations. La présence de personnalités issues du milieu culturel, de l’éducation et de la recherche lors de cette visite reflète le désir des deux pays d’approfondir leurs échanges et de construire ensemble un avenir basé sur des valeurs communes de tolérance et de diversité.
En cela, l’engagement de Macron est symbolique, car il met en lumière un lien qui dépasse les seules frontières diplomatiques. Il rappelle une amitié ancienne, empreinte de reconnaissance mutuelle, d’influences réciproques, et d’un respect partagé des différences culturelles. Dans cette optique, le renouveau des accords en matière de coopération universitaire, de recherche scientifique, de culture et de dialogue interculturel est perçu comme un message fort, montrant que la France et le Maroc se veulent des partenaires dans la promotion de la tolérance et de l’ouverture dans une époque marquée par les tensions internationales.
Une couverture médiatique française attentive aux enjeux géopolitiques et économiques
La presse française a largement couvert cette visite d’État, chacun des principaux journaux mettant en avant des aspects spécifiques de ce rapprochement. Le quotidien Le Monde s’est focalisé sur la dimension économique de cette visite, soulignant l’importance des 40 chefs d’entreprises qui accompagnaient Emmanuel Macron, en quête de nouvelles opportunités de marché. Le quotidien prévoit que ce voyage pourrait aboutir à une série d’accords commerciaux, mentionnant en particulier des entreprises françaises telles qu’Airbus, Engie et Alstom, intéressées par des projets d’envergure comme l’extension du réseau de trains à grande vitesse au Maroc.
Le journal conservateur Le Figaro, quant à lui, a souligné la signification politique et symbolique de la visite, la qualifiant « d’heure de la réconciliation » après des années de querelles entre les deux États. Adressant les questions géopolitiques, Le Figaro a également relevé l’importance croissante du Maroc en tant que centre d’influence française non seulement en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient et en Méditerranée, et la manière dont cette visite pourrait avoir des répercussions dans la relation, déjà tendue, entre la France et l’Algérie.
Le journal économique Les Échos a décrit la visite comme une opportunité pour Macron de « sceller la réconciliation franco-marocaine », tournant ainsi la page des malentendus et des querelles passées. Ce quotidien a également relevé la prudence avec laquelle Macron doit gérer sa position entre Rabat et Alger, une situation délicate qui exige un équilibre subtil afin de ne pas compromettre les relations avec l’Algérie.
De son côté, Le Point a qualifié ce rapprochement de « réconciliation à tout prix » en insistant sur le symbolisme de la décision de Macron de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara, malgré la désapprobation des autorités algériennes. Cette prise de position est décrite comme un acte de courage, illustrant une France prête à redéfinir sa politique en Afrique du Nord.
Enfin, La Croix, journal catholique, a perçu dans ce voyage le « choix du Maroc » par Emmanuel Macron au sein du Maghreb, voyant dans cette décision une préférence affirmée pour la coopération avec Rabat. Ce positionnement est présenté comme un pari stratégique en s’alignant sur des partenaires influents tels que les États-Unis et l’Espagne, un pari que les experts estiment calculé au vu des intérêts économiques et de l’impact géopolitique de la région.
Dans son discours prononcé devant le Parlement marocain, Macron a salué les réformes entreprises par le Maroc et a réaffirmé le soutien de la France au plan d’autonomie marocain pour le Sahara. En soulignant l’amitié franco-marocaine, Macron a mis en lumière une coopération dont le potentiel dépasse les simples enjeux politiques. Il a rappelé la volonté de la France d’accompagner le Maroc dans ses efforts de modernisation et de développement, et d’approfondir un partenariat stratégique fondé sur des valeurs de tolérance, de respect et de cohabitation pacifique.
La visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc se révèle ainsi bien plus qu’un simple acte diplomatique : elle est un symbole fort de reconnaissance et de tolérance, célébrant une relation historique et visionnaire pour l’avenir.