Région Drâa-Tafilalet: Passage d’une vocation agraire à une réputation énergétique mondiale
Les projets initiés par les investisseurs privés dans la région Drâa-Tafilalet sont en nette évolution et leur importance socio-économique se mesure à l’aune des impacts positifs sur la population et des retombées bénéfiques pour renforcer la résilience du territoire.
Ces projets qui ont une valeur ajoutée indéniable vont contribuer au repositionnement du territoire en termes de compétitivité économique, de création de richesses et de promotion d’emplois.
Une lecture objective des indicateurs économiques répartis par filière révèle la prépondérance du secteur énergétique qui joue dorénavant le rôle de locomotive pour le développement intégré de la région.
En effet, les projets du programme de production d’énergie électrique Noor hissent le positionnement économique de ce territoire pour s’ériger en région à grande notoriété mondiale en matière des énergies renouvelables.
La stratégie nationale prévoit la mise en place de plusieurs programmes ambitieux dans le désert du sud du Royaume notamment la centrale solaire de Ouarzazate, la centrale solaire de Midelt, le programme Noor Tafilalet, le programme Noor Atlas, le parc éolien de Midelt et la centrale hydroélectrique d’Agdez à Zagora.
Ces mégas projets auront à coup sûr un impact positif sur l’économie marocaine et permettront de rehausser la participation de Drâa-Tafilalet dans la structure du Produit intérieur brut (PIB) national actuellement située à seulement 2,6 pc. Cette contribution est appelée à accroitre à l’avenir grâce justement au secteur des énergies propres, un choix stratégique fait par le Maroc.
Le cas de la 4è et dernière phase du site Noor Ouarzazate, lancée par SM le Roi Mohammed VI, en avril dernier, est très significatif dans la mesure où ce segment de la station Noor aura une capacité de production de 72 MW, une production électrique qui correspond aux besoins énergétiques de 17000 foyers.
Sur un autre plan, l’agriculture moderne constitue aussi un pilier de l’économie régionale, c’est pourquoi les pouvoirs publics s’ingénient d’initiatives en vue de soutenir cette filière.
Pour les experts, ce choix s’explique notamment par le souci de permettre à la région, qui compte plus de 1,63 million habitants, de rester fidèle à sa vocation oasienne tout en modernisant le territoire pour devenir plus compétitif économiquement et une source d’emplois et d’intégration sociale.
La prédominance de l’agriculture, précisent-ils, se justifie aussi par l’efficacité des mesures d’encouragement mises en œuvre dans le cadre du Plan Maroc vert (PMV), et en déclinaison du contrat programme dans la filière phoenicicole décliné au niveau régional par les parties concernées qui ont su déployer des mécanismes facilitant l’accès au foncier collectif dédié à l’agriculture moderne.
Pour mieux comprendre cette tendance, une analyse des statistiques du CRI Drâa-Tafilalet aide à maitriser la réalité socio-économique du territoire.
En effet, le nombre des projets d’investissement validés par le CRI depuis son lancement en janvier 2016 jusqu’à septembre 2017, s’élève à 147 projets, soit un volume d’investissement d’environ 12,48 milliards dhs.
Aux yeux des experts, ces investissements expliquent le grand l’intérêt que portent les hommes d’affaire aux opportunités dont regorge Drâa-Tafilalet.
D’ailleurs, le lecteur pourrait constater la dynamique vertueuse et l’évolution constante que connait l’économie régionale ces dernières années.
Prenant le secteur industriel à titre d’exemple, ce segment est en train d’émerger et de se développer davantage avec l’appui de l’investissement public.
Avec 23 projets adoptés durant les neuf premiers mois de l’année 2017, soit 22 pc de l’ensemble des projets d’investissement agrées par le CRI, la filière industrielle s’invite à la 3è position et permet de générer près de 59 millions dhs dans la région.
Il s’agit de petites activités industrielles mais qui témoignent de l’intérêt qu’accordent les promoteurs économiques à l’industrialisation des processus de production au niveau régional et de la nature des besoins du marché local en produits industrialisés.
Le même constat peut être fait pour le tourisme, un secteur qui occupe la 4è place, talonné par celui des services en termes de projets d’investissement.
Tout compte fait, il y a lieu de signaler qu’en dépit des atouts nombreux et des grandes potentialités dont regorge Drâa-Tafilalet, la région qui compte cinq provinces (Errachdia, Midelt, Tinghir, Ouarzazate et Zagora) continue de pâtir de certaines déficiences.
De l’avis de plusieurs responsables régionaux, les difficultés inhibant la valorisation du potentiel du territoire sont inhérentes à des enjeux économiques et naturels notamment aux faiblesses des infrastructures d’accueil et de connectivité, aux disparités spatiales et à la fragilité des écosystèmes de l’environnement de cette zone.
Les espaces de production à Drâa-Tafilalet ne peuvent relever le défi de développement que grâce surtout à une infrastructure adaptée et capable d’amplifier sa contribution dans la valorisation des potentialités économiques et la circulation des biens et des personnes dans des conditions compétitives, soutiennent-ils, notant que sous l’impulsion de la régionalisation avancée, les choix stratégiques de développement reposent sur une logique de renforcement de l’attractivité et de la compétitivité du territoire, dont le poids historique, les ressources humaines et naturelles et la position géographique stratégique constituent, entre autres, les éléments essentiels de la richesse.
C’est vrai qu’avec une superficie totale de 128.592 Km2 et le fort potentiel de développement que cela pourrait induire, Drâa-Tafilalet est l’une des plus vastes régions du Royaume, mais ce constat pose la question de savoir comment faire de cet indicateur un facteur de richesse et non un handicap surtout que le désenclavement du territoire par rapport au reste du pays est la principale préoccupation des acteurs économiques.
A bon entendeur, salut !
Par Mohamed NASSIRI