Registre social unique, un élément crucial pour la mise en place d’un système de suivi des programmes sociaux (Larabi Jaïdi)
En ces temps de crise, le « ciblage » constitue une pratique primordiale qui vise à promouvoir une croissance et redistribuer la richesse afin de poursuivre des objectifs d’équité sociale. Pour atteindre ces derniers, il faut créer un registre unique permettant d’identifier et de concentrer les services sur les populations les plus nécessiteuses. C’est ce qui ressort de l’analyse de l’économiste Larabi Jaïdi publié par le Policy Center For The New South.
Dans ce Policy Paper, Jaïdi a défini le ciblage comme étant l’ensemble de processus (méthodologie, outil, système d’information) permettant d’identifier, dans une population donnée, des entités (individus/ménages/zones) présentant certaines caractéristiques communes. Le ciblage vise à optimiser, dans un contexte de ressources limitées, la distribution/redistribution des ressources en s’assurant que l’aide parvient, en priorité, à ce qui en ont le plus besoin.
« Le ciblage est un point de focalisation de l’impact social des programmes de lutte contre la pauvreté et des aides monétaires de l’Etat aux catégories sociales pauvres et vulnérables. La pratique du ciblage n’est pas récente dans la trajectoire des politiques publiques. Les difficultés du ciblage sont devenues le mode d’explication des dysfonctionnements des filets sociaux de sécurité (RAMED, Caisse de Compensation, Tayssir, Programmes Initiative nationale du Développement humain…) », explique Larabi Jaïdi dans son analyse.
Par ailleurs, le Comité de Veille économique a mis en évidence la question du ciblage des populations éligibles à des programmes d’aides de l’Etat quand il devait décider de distribuer les aides financières à une population vulnérable touchée par les effets de la pandémie Covid-19. Le « ciblage » vient, dans ce sens, pour instaurer des mécanismes d’identification des populations les plus pauvres sur lesquelles l’action publique doit concentrer les objectifs des programmes sociaux.
Techniques de ciblage/Expériences au Maroc
Pour identifier les bénéficiaires d’une aide sociale, les différentes techniques du ciblage devraient être basées sur des systèmes d’information des données. A cet égard, l’économiste a rappelé quelques possibilités mises en œuvre, à savoir, les registres des personnes qui comprennent uniquement des données sur les ménages bénéficiaires d’assistance ; les registres sociaux qui contiennent des informations sur les ménages bénéficiaires et non bénéficiaires ; les registres virtuels qui permettent de faire communiquer, par une plateforme, des bases de données indépendantes et qui permet d’avoir des informations (profils, assistances reçues) sur les ménages.
Pour le Cas du Maroc, les techniques de ciblage se différencient, d’après Jaïdi, en se basant sur une variété de méthodes, citons, le ciblage géographique, le ciblage par le test d’éligibilité multidimensionnel : le cas du RAMED, le ciblage aveugle ou le non ciblage : la Caisse de compensation. Dans la plupart des cas, le Maroc avait choisi la méthode ou la combinaison de méthodes la plus appropriée, a-t-il fait remarquer.
Leçons et enseignements à tirer
Parmi les principaux enseignements cités par l’économiste est celui de la nécessité de créer un registre social bien ciblé permettant de concentrer les ressources sur la population qui souffre de la pauvreté et la vulnérabilité. Un retour sur ces concepts s’avère primordial pour envisager une réforme en profondeur des mécanismes d’identification et un élément crucial pour la mise en place d’un système de suivi des programmes sociaux qui est la constitution d’un registre unique de bénéficiaires potentiels, alerte Jaïdi.
En l’absence d’un registre unique de bénéficiaires, il est impossible de savoir quelles familles reçoivent quels services, de concentrer les services vers les familles les plus nécessiteuses et de profiter des synergies qui pourraient être créées entre les programmes, conclut l’économiste dans son Policy Paper.