Renforcement des relations Maroc-Russie malgré les tensions russo-algériennes
Selon un rapport du Carnegie Endowment for Peace, le Maroc tente de maintenir ses liens de sécurité avec les États-Unis et l’Europe tout en approfondissant ses liens économiques avec la Russie.
Le contexte géopolitique du Moyen-Orient comme du Maghreb est en constante évolution, les relations bilatérales entre le Maroc et la Russie ne cessent de se renforcer, révélant une dynamique diplomatique singulière dans la région du Maghreb. Ce rapprochement économique s’affirme paradoxalement à l’heure où un conflit plus visible émerge entre la Russie et l’Algérie, exacerbé par les tensions géopolitiques au nord du Mali.
Le Maroc, bien qu’étroitement lié aux États-Unis et à l’Europe sur le plan sécuritaire, a consolidé ses échanges économiques avec la Russie. Cette stratégie est clairement illustrée par une hausse notable de 42 % des échanges commerciaux entre les deux pays en 2021, précise le rapport du Carnegie Endowment for Peace. La dépendance marocaine vis-à-vis des produits agricoles russes, notamment l’ammoniac et les engrais, reflète une interdépendance dans pour l’économie marocaine, employant près de 45 % de sa main-d’œuvre et contribuant à hauteur de 15 % au Produit Intérieur Brut (PIB).
Outre le secteur agricole, les domaines du charbon, du pétrole, de la pêche et de l’énergie nucléaire apparaissent comme des axes de coopération significatifs, note le rapport. Cette relation économique est plaidée par la volonté du Maroc de suivre une politique de neutralité stratégique vis-à-vis du conflit russo-ukrainien. En effet, Rabat a choisi de s’abstenir lors d’un vote de l’Assemblée générale des Nations Unies condamnant l’agression de la Russie, illustrant une position mesurée alors que les tensions mondiales s’exacerbent.
Le dossier du Sahara reste au cœur des préoccupations marocaines. Bien que Moscou n’ait exprimé aucune position claire, le Maroc espère bénéficier d’une attitude modérément neutre de la part de la Russie. Le Kremlin, par son influence diplomatique aux Nations Unies, pourrait potentiellement modérer l’ardeur algérienne sur cette question.
Dans le même espace maghrébin, l’Algérie et la Russie s’affrontent sur le terrain diplomatique, principalement autour des événements survenus au nord du Mali. Cette zone voisine de l’Algérie, devient le théâtre de tensions exacerbées par des attaques menées par des éléments proches de groupes séparatistes et islamistes.
La Russie, en soutien ferme à l’armée malienne, y exerce une importante influence militaire grâce à la présence d’équipes de sécurité et d’armées privées, lesquelles notamment jouissent du soutien implicite de la Turquie.
Cette situation tend les relations entre Moscou et Alger, alors que la Russie tient à renforcer son rôle au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies afin de défendre ses intérêts stratégiques en Afrique du Nord et au Sahel.
Face à l’escalade des tensions, Ammar Benjameh, représentant de l’Algérie aux Nations Unies, a vivement critiqué l’implication non encadrée de forces privées dans la région, affirmant qu’une telle présence menaçait la stabilité et la sécurité régionales. Ces déclarations témoignent de l’approche prudente de l’Algérie, s’opposant à toute intervention qui nuirait à sa souveraineté et à son influence dans le Sahel, où elle s’efforce de jouer un rôle stabilisateur. Déclaration que Moscou qui n’a pas été apprécié à Moscou.