Rentrée scolaire : L’enseignement à distance doit être proportionnellement institutionnalisé
L’enseignement à distance doit être proportionnellement institutionnalisé à l’horizon de la phase post Covid-19, en prévision des crises qui pourraient survenir à l’avenir, a indiqué le chercheur et professeur universitaire Khalid Chegraoui, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS).
Intervenant dans le cadre d’un débat initié par le Centre sur le web consacré à la rentrée scolaire en ces temps de coronavirus, le chercheur a souligné que cette crise sanitaire offre l’opportunité de tirer des leçons et de développer des visions proactives pour faire face à toute crise qui pourrait surgir à l’avenir, appelant à activer les mécanismes techniques et à user des outils disponibles pour mettre en oeuvre ce projet.
À l’approche du démarrage de la nouvelle année scolaire, prévu sous le slogan « Pour une école renouvelée, équitable, citoyenne et inclusive », M. Chegraoui a mis l’accent sur la nécessité de faire confiance aux enfants et aux jeunes marocains, forts en matière des nouvelles technologies, notant que la crise du Covid-19 pourrait constituer une occasion de développement et un tournant dans la modernisation du système éducatif en pensant à de nouvelles approches didactiques et pédagogiques.
Concernant les réactions suscitées par la décision du ministère de tutelle de laisser le choix aux parents et tuteurs des élèves d’opter pour l’enseignement à distance ou en présentiel, le chercheur a appelé à éviter l' »auto-flagellation » et les critiques qui n’apportent pas d’initiatives et de solutions, étant donné que le Royaume fait face à une pandémie sans précédant. Le secteur de l’enseignement a fait face, au cours de cette pandémie, à nombre de défis, notamment l’achèvement des cours à distance sans préparation préalable, la gestion des examens en parallèle avec le traitement des scénarios de la nouvelle rentrée scolaire, a-t-il ajouté, soulignant que les décisions prises sont compatibles avec les capacités disponibles et les circonstances exceptionnelles et prennent en compte à la fois la flexibilité dans la proposition et son application.
M. Chegraoui a relevé, en outre, qu’il est difficile de faire une évaluation qualitative de l’expérience de l’enseignement à distance, étant donné qu’il s’agit d’une nouvelle expérience au niveau pédagogique, estimant que la gestion de l’enseignement à distance est plus facile aux niveaux supérieurs qu’aux niveaux primaires qui nécessitent plus de mécanismes physiques.
Quant aux enjeux auxquels est confrontée la population rurale, notamment en termes d’accès aux moyens technologiques, le chercheur a souligné que le défi est très grand, vu que les mécanismes qui peuvent être adoptés au niveau de l’enseignement à distance ne sont pas faciles à implémenter sur le terrain.
De son côté, Abdellah Saaf, chercheur éminent au PCNS, a indiqué que l’approche adoptée par le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique est adaptée à l’évolution de l’actualité, considérant que la proposition de combiner, en option, l’enseignement à distance et en présentiel, reste sujette à la modification et nécessite l’implication de tous les acteurs concernés.
En ce qui concerne les disparités sociales et de classe au niveau de la qualité de l’éducation, le chercheur a expliqué que la qualité de l’éducation se construit par étapes, appelant à cet égard à éviter de se concentrer sur la hausse des taux de scolarisation au détriment de la qualité du système éducatif.
En ces temps de pandémie, il y a un besoin urgent d’élaborer des programmes de soutien appropriés aux élèves et étudiants qui tiennent compte du contexte numérique actuel, ainsi que de reconsidérer la façon dont les programmes et les cours sont préparés afin d’améliorer les outils et moyens éducatifs et pédagogiques disponibles, a-t-il souligné.
S’agissant du danger d’aggravation de la crise dans le secteur de l’enseignement, M. Saaf a exhorté tous les acteurs concernés au travail sur le terrain afin de combler les lacunes et à suivre et à élargir les expériences dans ce secteur, estimant que la crise de la Covid-19 est une opportunité de travailler sur l’amélioration du système éducatif marocain et de le mettre à niveau pour suivre le rythme des défis actuels.
Le Policy Center for the New South (PCNS) est un think tank marocain dont la mission est de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l’Afrique, parties intégrantes du Sud global.
Dans cette optique, le PCNS défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant, un Sud qui définit ses propres narratifs, ainsi que les cartes mentales autour des bassins de la Méditerranée et de l’Atlantique Sud, dans le cadre d’un rapport décomplexé avec le reste du monde.