Réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire, des dossiers épineux à l’ordre du jour
La 152e session du Conseil de la Ligue des États arabes se réunira mardi au Caire au niveau des ministres des Affaires étrangères pour débattre d’un certain nombre de questions épineuses et en suspens relatives notamment à certains conflits dans la région arabe.
L’ordre du jour de la réunion comporte plusieurs points principaux, notamment la question palestinienne et le conflit israélo-arabe, les moyens de mise en oeuvre de l’Initiative de paix arabe, les récentes violations israéliennes à Al-Qods occupé et le statut de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
L’ordre du jour de la session comprend également un point sur la sécurité de l’eau dans les territoires arabes occupés et le Golan arabe syrien occupé.
Des sources diplomatiques de la Ligue arabe ont confié à la MAP que les ministres arabes des Affaires étrangères devraient discuter d’une position arabe commune concernant la violation de la souveraineté irakienne par les forces turques, le soutien à la paix et au développement au Soudan, l’ingérence iranienne dans les affaires intérieures des pays arabes, la sécurité de la navigation et de l’approvisionnement en énergie dans la région du Golfe arabe et les dangers des armements israéliens sur la sécurité nationale arabe et la paix internationale.
Les ministres devraient aussi débattre de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires, du soutien aux Républiques de Somalie et des Comores, de la résolution pacifique du différend frontalier entre l’Érythrée et Djibouti et du terrorisme international et des moyens de le combattre.
Le politologue égyptien Tayeb Al-Taher a déclaré à la MAP que cette session qui se tient dans une conjoncture particulière « se démarque par la nature des dossiers sur la table des discussions et qui feront certainement l’objet d’un débat houleux et approfondi. »
Il a souligné la nécessité pour les pays arabes d’élaborer des conceptions qui seront en adéquation avec les les mutations en cours, en raison des risques pesant sur la sécurité nationale arabe, ajoutant que la question palestinienne devra dominer les discussions, en particulier à la lumière de « l’accord du siècle » élaboré par le président américain Donald Trump, qui contient, selon l’avis des observateurs, des éléments visant la liquidation de la question palestinienne, notamment en ce qui concerne Al-Qods occupé et les réfugiés, ainsi que l’exclusion de l’option d’un État palestinien indépendant.
En conséquence, le chercheur égyptien affirme que les ministres arabes des Affaires étrangères sont appelés à rejeter tout plan ou toute initiative de toute partie allant à l’encontre de l’initiative de paix arabe et de la solution à deux États.
Il a également insisté sur l’importance d’adopter des mesures concrètes pour faire face à tout État qui installe son ambassade à Al-Qods occupé.
Al-Taher a déclaré que les ministres arabes des Affaires étrangères devraient également déterminer leur position sur la crise actuelle dans le golfe Persique entre les Etats-Unis et l’Iran, ainsi que sur l’ingérence iranienne dans les affaires arabes et faire pression sur l’Iran pour qu’il respecte les dispositions de l’accord nucléaire signé en juillet 2015.
Il a exclu l’existence d’une orientation arabe générale en faveur de la solution militaire contre l’Iran, soulignant que la partie arabe demanderait l’adoption de solutions politiques, tout en exhortant Téhéran à ne pas porter atteinte à la sécurité de la navigation dans le détroit d’Hormuz ni à menacer le passage de navires de commerce et de pétroliers, afin de ne pas créer de justifications pour un conflit militaire.
Pour sa part, M. Ayman al-Raqab, analyste politique palestinien et professeur de sciences politiques à l’Université Al-Quds, a mis en doute le sérieux dans la mise en oeuvre les décisions prises, en particulier celles liées à la question palestinienne, appelant, à cet effet, à cristalliser une position arabe sérieuse et solidaire sur la question palestinienne.
Quant à Mohamed Mohcen Abonnour, spécialiste des affaires iraniennes et président du Forum arabe pour l’analyse de la politique iranienne, a souligné que la montée des ingérences iraniennes dans les affaires des pays arabes devait être une priorité, avertissant que Téhéran cherchait par ses interventions dans le dossier palestinien à diviser les positions palestinienne et arabe.
Il a ainsi plaidé pour une position arabe unifiée vis-à-vis de l’Iran, qui joue un rôle déstabilisateur dans la région arabe, notamment en Syrie, en Irak, au Liban, au Yémen et dans le Golfe. Les ministres arabes des Affaires étrangères discuteront également des relations arabes avec des groupements internationaux et régionaux, des propositions de réforme et de développement de la Ligue des États arabes et des bureaux de la Ligue des États arabes à l’étranger, ainsi que du soutien aux personnes déplacées dans les pays arabes, notamment en Irak.