RFI : le Maroc se rêve en nouveau champion du sud
Le Royaume du Maroc, qui célèbre ce mardi, le 20ème anniversaire de l’accession au Trône de SM le Roi Mohammed VI, «se rêve en nouveau champion du sud », à la faveur d’une diplomatie tournée davantage vers les pays africains, souligne Radio France Internationale (RFI).
La radio publique française à diffusion internationale focalise sur « le grand virage opéré par le Royaume vers le continent africain en diffusant sur son site internet un entretien avec Abdelmalek Alaoui, dirigeant de l’Association marocaine d’intelligence économique (AMIE), un groupe de réflexion basé au Maroc, en vue de décrypter ce tournant qui a marqué les vingt ans de règne de SM le Roi Mohammed VI.
Cette diplomatie tournée vers le continent africain, voulue par le Souverain, est « le prolongement de la stratégie économique pragmatique qui a été mise en place par Mohammed VI », affirme d’emblée Abdelmalek Alaoui.
À partir de 2008, explique-t-il, les principaux donneurs d’ordre traditionnels du Maroc, notamment l’Europe, sont dans une situation amorphe en matière de croissance. « Et c’est à ce moment-là que le grand virage du Maroc vers l’Afrique subsaharienne s’est opéré. Il faut savoir qu’en dix ans le Maroc a réussi à générer dix entreprises de plus d’un milliard de dollars qui sont tournées vers l’Afrique ».
« Donc, c’est à la fois allier le pragmatisme, mais également aller vers des marchés qui ont beaucoup plus de croissance que les marchés traditionnels du Maroc. Oui, le Maroc se rêve en nouveau champion du sud », revendique M. Alaoui.
Prié de s’exprimer au sujet de cette exception marocaine qui a fait que « le Maroc n’a pas connu le Printemps arabe », comme d’autres pays de la région, M. Alaoui a indiqué que cette singularité marocaine s’explique, de l’avis des experts, par les réformes anticipatrices mises en place « lors des cinq-six premières années de règne ». Il s’agit notamment de « la réforme de la Moudawana, la mise en place de l’instance Équité et réconciliation qui visait à réconcilier les Marocains avec leur passé, mais également d’un certain nombre de grandes initiatives économiques, qui ont permis au Maroc de se préserver du Printemps arabe », a-t-il dit.
« C’est en réalité une question à la fois de train de développement, mais également de réformes structurelles qui lui ont permis de passer au travers de cette tempête », analyse l’expert marocain.
A propos du modèle de développement adopté par le Maroc, le chercheur marocain a reconnu qu’ «effectivement, il peut y avoir discussion sur le modèle de développement qui a été emprunté. Le chef de l’État lui-même, à l’automne 2018, a demandé à ce qu’il y ait un nouveau modèle de développement qui soit co-construit au Maroc, tirant lui-même les conclusions du fait que le Maroc avait probablement trop misé sur la croissance tirée par les investissements et par les infrastructures et qu’il fallait désormais opérer un rééquilibrage ».
Abordant la question de la jeunesse, M. Alaoui a indiqué qu’au Maroc, près d’un quart de la population a moins de 14 ans en 2019. « C’est effectivement un tournant que le Maroc ne doit pas rater et sur lequel il faut être extrêmement vigilant », a-t-il préconisé, appelant les principaux partenaires et notamment de l’Union européenne, à « clarifier » leur modèle migratoire. «D’un côté, on demande aux pays de la rive sud de la Méditerranée de créer des pôles de prospérité, et de l’autre côté, on vient débaucher des ingénieurs au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Il faut à un moment une clarification de ce modèle migratoire », a-t-il estimé.