Le Roi Mohammed VI veut faire du Gazoduc le pilier de l’électrification ouest-africaine
Au lendemain du retour du Maroc au sein de l’Union africaine, le Roi Mohammed VI n’a pas pris le temps pour savourer cette victoire historique choisissant ainsi, comme à son habitude, de joindre la parole à l’acte et de passer à la tâche titanesque d’apporter les changements qu’il a tant promis à nos frères africains.
Dans son discours lors du 28ème sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le Souverain a accordé une attention particulière aux projets stratégiques, qu’il a initiés, lors de ses longs périples, dans plusieurs pays africains. Ces projets qui constituent la clef de voûte des transformations profondes auxquelles aspirent les populations du continent restent seuls à pouvoir apporter les réponses concrètes aux problématiques socioéconomiques auxquelles est confronté le continent.
A la tête de ces gigantesques entreprises, SM le Roi a mis en avant le géant Gazoduc Africain Atlantique. Ce projet s’impose, d’ores et déjà, comme le projet ouest-africain le plus important, jamais annoncé. « En premier lieu, J’ai eu le plaisir d’initier le projet de Gazoduc Africain Atlantique, avec Mon frère Son Excellence Monsieur Muhammadu Buhari, Président de la République Fédérale du Nigéria », a tenu à mettre en exergue le Souverain, ce mardi, devant les Chefs d’Etat africains.
Fruit d’une coopération de deux pays avant-gardistes en Afrique qui a associé tous les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ce pipeline s’inscrit dans une vision stratégique qui se dessine, dans le cadre d’une approche concertée, depuis des années.
Rappelons que l’une des entraves sérieuses au développement de la région reste le faible niveau d’électrification. Trouver une solution adaptée à cette problématique, qui a fait l’objet de plusieurs études, s’imposait avec acuité jusqu’à ce que le génie africain se soit manifesté avec cet ingénieux projet qui permettra de faire d’une pierre plusieurs coups.
C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé, ce matin, le Souverain pour qui ce projet « permettra naturellement l’acheminement du gaz des pays producteurs vers l’Europe. Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l’Afrique de l’Ouest ». Le Souverain a expliqué qu’il contribuera à « structurer un marché régional de l’électricité, et constituera une source substantielle d’énergie au service du développement industriel, de l’amélioration de la compétitivité économique et de l’accélération du développement social ».
Mieux, en outre de ces impacts directs, ce projet aura des effets d’entraînement sur l’ensemble des économies de la région. « Ce projet sera créateur de richesses, pour les pays et les populations riveraines, créant un mouvement décisif d’impulsion et entraînant l’émergence et le développement de projets parallèles », a affirmé le Souverain en soutenant qu’il permettra, en plus, « d’établir des relations bilatérales et multilatérales, plus apaisées, et fera ainsi naître un environnement propice au développement et à la croissance ».
Et puisqu’être c’est joindre la parole aux actes, dix jours après avoir paraphé l’accord à Lagos, le travail a commencé sur les chapeaux de roues avec le lancement des études techniques, à l’occasion de la session de travail consacrée à la faisabilité et au financement du projet, qui s’est tenue le 13 décembre dernier à Casablanca.
Si le Maroc ambitionne à travers ce projet d’accélérer les projets d’électrification, dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest et créer « un marché régional compétitif » de l’électricité, il faut dire qu’il a tous les atouts pour le faire.
Il y a lieu de souligner que grâce à ses interconnexions avec l’Algérie et l’Espagne, le Maroc se positionne comme un acteur principal du marché de l’électricité dans la région ouest méditerranée et compte faire pareil en Afrique de l’Ouest.
Disposant de la seule et unique interconnexion entre l’Afrique et l’Europe, le Royaume joue le rôle de hub énergétique régional et de pays de transit pour les échanges transfrontaliers d’électricité. Un rôle qu’il compte consolider, dans le cadre de la coopération avec ses partenaires africains, en finalisant l’intégration du système électrique de l’Afrique de l’Ouest.
Cette ambition a été rendue possible après que les pays de la région ont, finalement, su que cette infrastructure (interconnexions) n’est pas suffisamment maillée et qu’ils doivent fournir plus d’efforts pour rattraper le retard en matière de transfert de courant efficace entre les pays, et par conséquent d’intégration régionale.