S.E.M Oktay Sudef Oglu Gurbanov, Ambassadeur d’Azerbaïdjan met en avant ses ambitions de coopération avec le Royaume
Réalisé par Souad MEKKAOUI
Trente ans après l’établissement des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Azerbaïdjan, marquées par le soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des deux pays, renforcées par la coopération dans divers domaines notamment le tourisme, la justice, les douanes et bien d’autres secteurs, l’heure est venue de franchir un nouveau cap entre Rabat et Bakou.
Évoluant dans un contexte politique marqué par des tensions de part et d’autre, concernant leur intégrité territoriale, les deux pays ont lié un soutien mutuel politique et fraternel qui s’est conforté pendant la guerre des 44 jours, marquant l’agression arménienne contre la République d’Azerbaïdjan.
Cette relation entre le Maroc et l’Azerbaïdjan a été concrétisée par d’importantes réalisations dans le renforcement des relations bilatérales ayant pris une dimension importante, lors de la première réunion du Comité intergouvernemental, qui s’est tenu le 05 mars 2018.
Aujourd’hui, Rabat et Bakou font face à un environnement géopolitique très volatile du fait des enjeux de chacun des pays dans sa région, mais aussi dans un cercle plus global.
S.E.M Oktay Sudef Oglu Gurbanov, Ambassadeur de la République d’Azerbaïdjan au Maroc, nous replonge dans les fondements qui ont cimenté les relations entre les deux pays. Pour autant, il revient sur quelques axes de coopération, notamment politique, économique et culturelle, qui sont les charpentes de l’axe Rabat- Bakou.
l On se rappelle que dans le cadre du septième Sommet islamique, tenu à Casablanca en décembre 1994, une rencontre historique a eu lieu entre feu Hassan II et le leader nationaliste Haider Alief. Monsieur l’Ambassadeur, nous aimerions que vous nous rappeliez la chronologie de l’amitié entre nos deux pays, qui célèbrent, aujourd’hui, le trentième anniversaire des relations diplomatiques.
– Peu de temps après sa sécession de l’Union soviétique, les premières reconnaissances de l’indépendance de la République d’Azerbaïdjan ont été déclarées par des pays amis. Le Royaume du Maroc en faisait partie bien entendu, et ce le 30 septembre 1991.
Le 25 août 1992, les relations diplomatiques entre les deux pays amis ont été établies, et comme vous le savez, en décembre 1994, le dirigeant national du peuple azerbaïdjanais a effectué une visite historique à la ville de Casablanca, pour participer au septième congrès islamique. C’est lors de ce sommet que feus Sa Majesté le Roi Hassan II et le dirigeant national Heydar Aliyev, que leurs âmes reposent en paix, se sont rencontrés, ouvrant ainsi une nouvelle ère dans les relations entre l’Azerbaïdjan et le Maroc. C’est une relation distinguée qui repose sur la consolidation des relations fraternelles et le renforcement de la coopération bilatérale, avec un rythme régulier et moderne grâce aux dirigeants des deux pays, Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président Ilham Aliyev. Le soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des deux pays en constituenl’essence ainsi que la coopération dans divers domaines, y compris le tourisme, les sports, la justice, les douanes et dans bien d’autres secteurs.
Cependant, la coopération dans n’importe quel domaine doit passer par la sphère culturelle et intellectuelle pour de nombreuses raisons, notamment le fait que la culture est la base de toute coopération permanente et renouvelée. En plus de la richesse et de la diversité des cultures marocaine et azeraïdjanaise, D’autant plus qu’il existe des domaines qui constituent un cadre unique pour la coopération culturelle entre la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc et des institutions culturelles similaires en Azerbaïdjan.
Depuis lors, le soutien politique et moral fraternel à la République d’Azerbaïdjan de la part du Royaume du Maroc est indéfectible surtout pendant la guerre des 44 jours contre l’agression arménienne. De son côté, la République d’Azerbaïdjan soutient la souveraineté et l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc. Le soutien mutuel est aussi fort au niveau d’un certain nombre d’organisations internationales.
l Nous savons que les deux pays disposent de liens d’amitié forts et d’une grande relation de coopération dans plusieurs domaines. Pouvez-vous, Monsieur l’Ambassadeur nous souligner ces domaines ?
– Au cours des dernières années, les deux pays ont concrétisé d’importantes réalisations dans le renforcement des relations bilatérales. Un grand nombre d’accords a été signé lors de la première réunion du Comité intergouvernemental qui s’est tenu le 05 mars 2018, permettant ainsi le développement de ces relations dans divers domaines dont l’agriculture, le tourisme, la culture, la jeunesse, le sport, la justice ainsi que d’autres domaines.
Toutefois, les indicateurs et les chiffres concernant le volume des échanges commerciaux entre les deux pays frères ne sont pas à la hauteur des moyens disponibles, sachant que les perspectives de coopération entre les deux pays sont larges, multiples et soutenues par une sage volonté politique.
Dans le domaine de l’éducation, un accord a été signé entre l’Université Mohammed V de Rabat et l’Université d’État de Bakou. Les deux universités œuvrent pour l’activation de l’accord. C’est dans ce sens, qu’une délégation de l’Université Mohammed V a visité l’Université de Bakou en 2019, suite à quoi les deux parties ont décidé le renouvellement et l’activation de l’accord.
Sur le niveau parlementaire, les relations entre les deux institutions législatives se sont développées au cours de la dernière décennie et les liens qui unissent les parlementaires dans diverses instances régionales et internationales ont été renforcés et consolidés par des visites mutuelles, ce qui a permis le renforcement du rôle des deux groupes d’amitié et la discussion autour de diverses questions parlementaires d’intérêt commun.
Dans ce contexte, j’ai tenu une réunion, au siège du Parlement marocain, le 22 juin 2022, avec le Président de la Chambre des représentants, M. Rachid Talbi Alami. De nombreuses questions prioritaires des relations bilatérales et multilatérales ont été débattues. Au cours de la réunion, j’ai insisté sur l’importance du renforcement des relations parlementaires aux niveaux bilatéral et multilatéral en construisant des ponts de communication, de coopération et d’échange d’expertise et d’expériences entre les institutions législatives des deux pays.
l Heydar Aliyev, que représente ce nom pour l’Azerbaïdjan ?
– Son Excellence feu Heydar Aliyev était un politicien chevronné qui a mené le pays vers la sécurité, la sûreté, la stabilité, le progrès et la prospérité, et en vertu de ses actions et de ses attitudes héroïques envers sa patrie, il est devenu la figure historique éternelle dans la mémoire de son peuple, lui qui a consacré sa vie à la renaissance et au progrès de son pays, mettant l’Azerbaïdjan sur la bonne voie pour réaliser les espoirs du peuple de liberté, de prospérité, de progrès et de développement.
Parmi les réformes démocratiques et économiques les plus importantes du leader national, nous citons : la mise en place d’une stratégie pétrolière et gazière qui a grandement contribué au développement et à la prospérité de l’Azerbaïdjan et qui joue un rôle majeur dans le transport du pétrole et du gaz de l’Azerbaïdjan et de l’Asie centrale vers l’Europe, ce qui aide au développement durable du peuple azerbaïdjanais. Et puis, la création du Fonds pétrolier d’État de la République d’Azerbaïdjan en 1999, dont l’objectif principal est d’assurer la répartition équitable de la richesse pétrolière entre les générations de l’Azerbaïdjan, en se concentrant sur la multiplication des revenus des ventes de pétrole pour les générations futures, tout en mettant cette dernière au profit des générations actuelles. En plus, on doit parler aussi de l’élaboration d’un plan stratégique pour la coopération et les relations internationales, et en cela, il a été le premier à ouvrir une nouvelle ère dans les relations azerbaïdjano-marocaines en jetant les bases du renforcement des liens d’amitié et de coopération. Rappelons que la rencontre historique entre feus le Roi Hassan II et le leader d’Azerbaïdjan a donné lieu à des relations bilatérales distinguées entre la République d’Azerbaïdjan et le Royaume du Maroc. Aujourd’hui, la continuité des relations diplomatiques entre les deux pays est assurée grâce aux dirigeants des deux pays, Son Excellence le Président Ilham Aliyev et Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette relation permettra de renforcer et d’approfondir les relations d’amitié et de coopération fructueuse entre les deux pays.
l Comment évaluez-vous aujourd’hui le rôle de la République d’Azerbaïdjan sur l’échelle internationale, en particulier sa politique étrangère ?
– L’Azerbaïdjan est devenu un partenaire stratégique et un participant actif sur les marchés régionaux et internationaux dans le domaine des industries de défense grâce au développement industriel remarquable dans tous les domaines. Les projets mis en œuvre à l’initiative de Son Excellence M. Ilham Aliyev, Président de la République d’Azerbaïdjan, ont un impact positif sur le renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région, car l’investissement des réserves de pétrole et de gaz dans le bassin de la mer Caspienne et le transfert de ces ressources énergétiques vers les marchés mondiaux jouent un rôle crucial ce qui permet d’assurer une sécurité énergétique internationale.
Nous sommes conscients que les revenus de la vente de pétrole, de gaz et de produits pétroliers occupent une place importante dans le revenu national général de l’Azerbaïdjan, et dans le but de bénéficier de manière fructueuse des revenus pétroliers et d’en assurer un contrôle transparent, le Fonds pétrolier d’État a été créé pour assurer le transfert de questions prioritaires notamment dans les domaines du développement des infrastructures des régions, le développement des petites et moyennes propriétés, la réduction du niveau de pauvreté dans le pays, la construction de nouveaux établissements scolaires, sanitaires, sportifs ; Par ailleurs, cela contribue aussi à résoudre les divers problèmes sociaux, permettre le développement de l’économie azerbaïdjanaise ainsi que renforcer l’armée qui avait réussi à triompher massivement et à combattre l’agression arménienne dans la guerre patriotique des 44 jours, qui a duré du 27 septembre au 10 novembre 2020. C’est la durée pendant laquelle l’armée azerbaïdjanaise, sous la direction de Son Excellence le commandant suprême des armées Ilham Aliyev, a pu libérer la région du Karabakh, occupée par l’agresseur Arménien pendant 30 ans.
l Monsieur l’Ambassadeur, quelles sont les impressions que vous aveez sur notre pays depuis que vous avez commencé votre mission au Maroc ?
– Le Royaume du Maroc est un carrefour de civilisations, de cultures et de religions, et un pays ouvert sur tous les peuples. Je suis très optimiste et satisfait des relations étroites entre le Royaume du Maroc et la République d’Azerbaïdjan, qui se renforcent et se perfectionnent de jour en jour sur tous les niveaux.
Les dirigeants des deux pays, Son Excellence le Président Ilham Aliyev et Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, s’attellent à consolider les relations entre les deux pays frères ce qui s’illustrent par de grandes réalisations au fil des décennies grâce à la sage suprématie des deux pays et aux efforts concertés de tous les acteurs publics et privés.
En plus des relations amicales et des relations de coopération qui sont fondées sur le respect mutuel, Bakou aspire à renforcer ses relations parlementaires, économiques et commerciales avec Rabat et à s’ouvrir à d’autres espaces de coopération et de coordination, surtout qu’il existe une convergence de vues sur de nombreuses questions régionales et internationales et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays.
Personnellement, j’ambitionne d’œuvrer pour renforcer les relations de coopération parlementaires, économiques et commerciales avec le Royaume du Maroc tout en s’ouvrant sur d’autres horizons de collaboration et de coordination. Dans ce sens, je suis sûr que la deuxième réunion de la Commission intergouvernementale qui aura lieu prochainement contribuera grandement au renforcement des relations bilatérales.