Sahara : Avant le vote du Conseil de sécurité mardi, voici ce qui ressort du rapport de Guterres
Par Saad Bouzrou
Dans son dernier rapport sur la situation concernant le Sahara marocain, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est félicité des tables rondes organisées en Suisse en décembre 2018 et mars 2019 visant à faire avancer les négociations sur le dossier du Sahara, du calme qui règne dans la région grâce notamment à l’engagement du Maroc de respecter le mandat de la MINURSO, non sans dénoncer les violations des droits de l’Homme et de l’accord de cessez-le-feu commises par les séparatistes du Polisario, qui, depuis le retour du Maroc au sein de l’Union africaine, ont manifestement montré que leur projet de nuisance à l’intégrité territoriale du Maroc a sérieusement commencé à battre de l’aile.
Soumis au Conseil de sécurité en application de la résolution 2440, le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU constitue une sorte d’exposé détaillé sur l’évolution récente de la situation au Sahara. De ce fait, Antonio Guterres a entamé la rédaction de son rapport en saluant les efforts déployés par le Maroc en faveur du processus politique. Il a rappelé à cet égard le discours de SM le Roi Mohammed VI à l’occasion de la célébration du 43ème anniversaire de la Marche verte, dans lequel «il a réaffirmé la volonté du Maroc de coopérer de bonne foi avec les efforts que nous déployons, mon Envoyé personnel et moi, pour poser les jalons d’un processus politique sérieux et crédible, en tirant parti des leçons du passé. Il a également souligné le retour du Maroc à l’Union africaine et appelé à mettre fin à « l’état de division et de discorde qui sévit actuellement au sein de l’espace maghrébin », en proposant la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation entre le Maroc et l’Algérie « sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert ». Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé à cet effet l’engagement entrepris par le Maroc en vue d’apporter aux négociations de Genève une « atmosphère sincère, respectueuse et constructive ».
Sur le volet des activités opérationnelles, Guterres a d’abord pointé du doigt les séparatistes du Polisario en affirmant que la MINURSO surveille régulièrement un certain nombre de nouveaux bâtiments construits par eux à divers endroits à l’est du mur de sable pour s’assurer qu’ils respectent l’accord militaire no 1 et le paragraphe 7 de la résolution 2440 (2018) du Conseil de sécurité. Il a ensuite précisé qu’une plateforme logistique composée de 10 nouveaux bâtiments près de Bir Lahlou, qui avait déjà été dénoncée comme violation en 2017, figure désormais sur la liste des violations persistantes. Huit nouveaux bâtiments à proximité de Mehaires ont été donc dénoncés comme violation le 3 octobre 2018. Les séparatistes du Polisario ont «été invités à les enlever, mais n’ont pas donné suite à cette requête. La Mission continue d’exhorter les dirigeants du Front POLISARIO à remédier à ces violations et à veiller à ce que tout futur nouveau bâtiment soit conforme à l’accord militaire no 1 et au paragraphe 7 de la résolution 2440 (2018) du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les nouvelles installations marocaines au Sahara, le rapport indique que le général de division Belkhir El Farouk a précisé qu’elles n’avaient aucun but tactique ou opérationnel, mais elles répondaient à la seule nécessité d’empêcher le trafic de drogues et d’autres activités criminelles.
S’agissant de la lutte antimines, le rapport a rappelé les opérations entreprises par les Forces armées royales en la matière, en annonçant qu’elles avaient dépollué plus de 126 000 000 m2 de terres à l’ouest du mur de sable et détruit 679 restes explosifs de guerre à raison de 614 engins non explosés, 53 mines antipersonnel et 12 mines anti-véhicules.
Autre point fondamental, la lutte anti-terroriste dont le Maroc demeure aujourd’hui le leader dans la région et en Afrique et qui a permis, grâce à l’expérience et les services de sécurité de notre pays, d’empêcher toute menace directe ou explicite contre la Mission. Le rapport rappelle à cet effet l’arrestation par le Maroc d’un terroriste à Laâyoune en janvier dernier.
La malnutrition et l’insécurité alimentaire font également partie des points révélés par le rapport de Guterres. Les séquestrés des camps de Tindouf Lahmada souffrent selon le rapport de plusieurs problèmes de santé, en grande partie à cause de la malnutrition, de l’anémie et de l’approvisionnement en eau, leur situation confinant au désastre et à la mort lente.
Concernant le budget de fonctionnement de la MINURSO, il a été augmenté pour l’exercice allant du 1 er juillet 2019 au 30 juin 2020. Dans le même rapport, Antonio Guterres propose de revoir à la hausse le budget de la mission onusienne au Sahara à 56 369 400 dollars, soit une augmentation de 7,6% par rapport à l’année 2018/2019. Sans compter les contributions volontaires en nature budgétisées, d’une valeur de 519.000 dollars. La MINURSO accordera, lors de son prochain mandat, la priorité aux inspections des postes de commandement des unités des forces armées, aux patrouilles terrestres et aériennes de surveillance du respect de l’accord de cessez-le feu. Elle aura aussi pour mission le marquage des zones dangereuses découvertes au cours de patrouilles régulières.
Pour rappel, le Conseil de sécurité se réunira le 30 avril prochain pour adopter la nouvelle résolution sur le renouvellement du mandat de la mission onusienne qui arrive à échéance le jour même.