Sahara marocain : À quoi joue Netanyahu ?

CE QUE JE PENSE

Sous le feu d’une critique virulente sur la scène nationale, Benyamin Netanyahou semble accumuler les faux pas diplomatiques à l’égard du Maroc, plongeant les relations entre les deux pays dans une zone d’incompréhension et de tensions croissantes.

La dernière maladresse en date, bien loin d’être anodine, a suscité une vive indignation : lors d’une conférence de presse à destination des médias occidentaux, le Premier ministre israélien a brandi une carte du Royaume sans divisions apparentes. Or, un détail lourd de sens n’est pas passé inaperçu : la mention « Sahara occidental » en bas de cette carte, résonnant comme une provocation directe envers le Maroc. Ce geste ne relève certainement pas d’une simple coïncidence. En choisissant d’employer un terme aussi chargé de connotations politiques et historiques, Netanyahou semble jouer avec les symboles de la souveraineté marocaine. Cette nouvelle atteinte relance inévitablement les interrogations quant aux véritables intentions d’Israël, surtout dans un contexte où la question du Sahara est considérée comme un dossier clos du côté marocain. Une provocation de trop, qui ne peut être balayée d’un revers de la main.

En conséquence, l’embarras diplomatique israélien ne s’est pas fait attendre. Les autorités de Tel-Aviv se sont empressées de rectifier le tir, en affirmant que la position d’Israël sur la marocanité du Sahara n’avait en aucun cas changé. Mais cette tentative d’apaisement peine à dissiper le flou et jette même un doute sur la sincérité de cet engagement. Les faits, eux, sont clairs : cette nouvelle provocation s’ajoute à une série d’incidents qui ne peuvent plus être ignorés.

Des « erreurs » qui se suivent et se ressemblent

Il est légitime de se demander si Netanyahou manie l’ambiguïté intentionnellement ou s’il s’agit d’un calcul politique bien plus complexe. Si Israël avait officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ces écarts répétés du Premier ministre laissent planer un doute quant à la stabilité de cette reconnaissance. S’agit-il d’une nouvelle manœuvre visant à contenter plusieurs acteurs régionaux, tout en maintenant un jeu d’équilibriste sur la scène diplomatique ? Cette stratégie, si elle est avérée, risquerait de coûter cher à la crédibilité d’Israël vis-à-vis du Royaume.

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Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Netanyahou fait de tels dérapages. En mai 2024, lors d’une interview sur la chaîne LCI, il s’était déjà retrouvé au cœur d’une polémique similaire, apparaissant derrière une carte du Maroc tronquée. Malgré les excuses publiques formulées en juin et une lettre adressée à S.M. le Roi  Mohammed VI en juillet 2023, où il réitérait sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, ces écarts répétitifs minent la confiance. Chaque faux pas renforce l’idée que ces incidents ne relèvent pas de simples erreurs techniques, mais traduisent une stratégie plus fine, voire délibérément provocatrice.

Ce qui irrite particulièrement les Marocains, c’est cette impression persistante que ces « erreurs » ne sont pas fortuites. La question du Sahara est non négociable pour le Maroc, et les dérapages à répétition de Netanyahou sont perçus comme autant d’atteintes à cette souveraineté. De nombreux observateurs marocains, appuyés par une opinion publique active sur les réseaux sociaux, soupçonnent un chantage diplomatique à peine voilé. Le Maroc, de par son soutien historique à la cause palestinienne et sa condamnation des violences israéliennes à Gaza, pourrait faire les frais de cette nouvelle donne régionale.

Le Sahara, une ligne rouge infranchissable

Ce que ce provocateur de longue date qu’est Benyamin Netanyahou semble méconnaître ou volontairement ignorer, c’est la profondeur symbolique et politique du Sahara dans la diplomatie marocaine. Ce territoire n’est pas une simple revendication historique ou territoriale : il incarne l’unité nationale, la souveraineté du Royaume et représente un pilier fondamental du projet de développement socio-économique porté par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En manipulant, avec une désinvolture déconcertante, cette question centrale, Netanyahou s’expose inévitablement à une réaction ferme et déterminée de la part du Royaume. Pourtant, il semble prêt à prendre ce risque, comme s’il mesurait mal la portée de ses gestes ou, pire, les prenait à la légère.

Par contre, une hypothèse plausible serait que le Premier ministre israélien cherche à équilibrer les relations entre certaines puissances occidentales tout en apaisant des partenaires arabes, dans une sorte de jeu d’équilibriste. Il joue ainsi un double jeu, dans l’espoir de maintenir un fragile statu quo. Toutefois, en manipulant un symbole aussi sensible que le Sahara, Netanyahou s’aventure sur un terrain miné. Ce comportement en fait un partenaire imprévisible, oscillant entre soutien apparent et provocations répétées, brouillant les cartes d’une diplomatie pourtant marquée par des avancées historiques.

Il est, dans ce sens, essentiel de rappeler que, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Royaume du Maroc a toujours été clair et intransigeant : la question du Sahara est non négociable. Ce postulat est la pierre angulaire sur laquelle les relations diplomatiques avec Israël se sont construites. Par conséquent, toute remise en question, même subtile, de cette reconnaissance ne peut qu’être perçue comme un acte d’hostilité. Les écarts répétés de Netanyahou, loin de renforcer la confiance, exacerbent les tensions, notamment parmi les opposants à la normalisation, et risquent de compromettre une alliance qui aurait pu bénéficier aux deux nations et contribuer à la stabilité de la région.

Quant aux excuses répétées du Premier ministre israélien, elles n’ont plus de résonance chez les Marocains. Chaque nouvelle provocation ébranle davantage leur confiance, convaincus de la sincérité des engagements pris lors de la normalisation des relations. Le Royaume, fidèle à ses principes diplomatiques, continuera de défendre, sans relâche, son territoire et son intégrité. La question du Sahara est une ligne rouge, une frontière infranchissable que personne, pas même un allié stratégique, ne peut se permettre de franchir. Ce n’est plus simplement une affaire de carte mal présentée ou de terminologie maladroite. Ce qui est véritablement en jeu, c’est la relation de confiance et de respect entre deux nations qui s’étaient engagées dans un partenariat diplomatique prometteur, partenariat que Netanyahou semble désormais vouloir fragiliser.

Les provocations répétées du Premier ministre israélien soulignent également les paradoxes auxquels il est confronté. Sur le plan interne, Netanyahou est contesté pour la guerre à Gaza et la gestion des otages israéliens. Sur le plan international, il semble accumuler les crises diplomatiques, créant de nouveaux fronts là où il devrait prôner la stabilité. Face à ces contradictions, il devient de plus en plus évident que ces incidents ne peuvent rester sans conséquences diplomatiques sérieuses, et que la perception d’Israël au sein de l’opinion publique marocaine en souffrira inévitablement.

Les excuses, aussi répétées soient-elles, ne suffisent plus. Le Maroc, fidèle à ses principes de solidarité avec la Palestine et à sa politique de souveraineté, ne tolérera jamais que son intégrité territoriale soit utilisée comme un levier de chantage ou d’ajustement diplomatique. De fait, Netanyahou devrait réfléchir sérieusement à l’impact de ses actions : en cherchant à jouer sur tous les tableaux, il risque finalement de perdre sur tous les fronts. Le Royaume du Maroc, pour sa part, reste ferme et inébranlable dans ses positions.

Le Sahara n’est pas, et ne sera jamais, un sujet de débat ou de marchandage. Il est marocain, et le restera, quels que soient les jeux politiques d’Israël ou d’autres puissances.

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