Sahara marocain : Staffan de Mistura, de quelle « magouille » est-il le nom ?
Par Hassan Alaoui
On aura essayé de comprendre le sens de la visite impromptue à Pretoria de M. Staffan de Mistura, envoyé spécial au Sahara du secrétaire général des Nations unies, rien ne nous convaincra. Toutes les explications du monde ne justifieront pas ce qui s’apparente à une violation flagrante de la loi et du droit international.
L’émissaire de l’ONU au Sahara, quand ce n’est pas cette dernière elle-même, a péché par erreur. Il dévoie la mission qui lui a été confiée par le Conseil de sécurité, prescrite de surcroît par des résolutions – au moins dix-huit – votées et adoptées par le Conseil de sécurité et sur lequel on ne saurait transiger.
On ne cessera jamais de s’interroger sur ce manquement inadmissible qui est une sorte de prise de position et d’un parti-pris. De quel droit un émissaire du secrétaire général de l’ONU, au mépris flagrant de la règle de neutralité dans un dossier complexe, choisit-il de se rendre dans un pays dont on sait l’alignement haineux et la partialité envers l’Algérie et le polisario affichés contre le Maroc ? Qui l’a mandaté et autorisé à parler du Sahara avec les dirigeants d’une Afrique du sud dont le pouvoir est accaparé par une « démocrature » ayant détruit l’héritage de son fondateur – Nelson Mandela – et jouant les bonnes consciences de l’humanité. Omar Hilale, représentant du Royaume du Maroc aux Nations unies, ne s’y est guère trompé sur la nature d’une invitation et d’un douteux voyage de Da Mistura qui nous, quelques années en arrière, nous renvoie à cette piteuse visite en 2016 à Tindouf de Ban Ki-moon, alors secrétaire général de l’ONU, vouée à l’échec qui s’était soldée par un flop et une dénonciation ferme par le Maroc. On rappellera qu’un certain James Baker, ancien secrétaire d’Etat américain, devenue émissaire de l’ONU , de connivence avec Abdelaziz Bouteflika, avait impudemment suggéré le « partage du Sahara » auquel le Maroc s’était opposé avant que, deux ans plus tard, par la voix du Roi Mohammed VI, il ne propose en avril 2007 le projet central d’autonomie élargie, adopté par le Conseil de sécurité de l’ONU et salué par la communauté mondiale comme une avancée crédible et sérieuse.
Dans ces années-là, l’émissaire de l’ONU au Sahara n’était autre que le diplomate hollandais chevronné, Peter von Walsum, impartial et juste, que le gouvernement algérien ne cessa de combattre au motif qu’il penchait vers le Maroc. Une demande exigeante de son renvoi avait été déposée au Conseil de sécurité par la junte militaire d’Alger, et nous perdîmes ainsi un défenseur de la vérité sur ce dossier pour nous voir imposer, entre autres, un affidé de la junte sans foi ni loi appelé Christopher Ross, ancien ambassadeur des Etats Unis en Algérie, auparavant Consul général de son pays à Fès.
On pouvait imaginer tout dans ce changement, sauf l’incroyable hostilité de Ross au Maroc qui, d’émissaire se transforma en avocat pro-domo du gouvernement algérien et du polisario. Dans ses pas un certain Ban-Ki moon viendra radicaliser le problème avec ses violations de la règle internationale et de l’esprit de l’ONU.
L’arrivée à la tête de cette institution d’Antonio Guterres, ancien diplomate portugais et connaisseur du Maroc, apporta comme une lueur d’espoir pour la poursuite du plan de règlement du dossier du Sahara, entériné par plus de 20 résolutions adoptées depuis 2007 dont les trois dernières – notamment la 2703 – insistent sur la tenue des Tables rondes – réunissant le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le polisario – que le gouvernement algérien boycotte délibérément au mépris de son engagement.
Bien entendu, de Mistura devrait insister auprès d’Alger et l’appeler au respect catégorique des résolutions de l’ONU…Bien entendu, il devrait être le tout premier à comprendre que l’Afrique du sud n’est en quoi que ce soit concernée, non plus impliquée et encore moins autorisée à s’immiscer dans un dossier qui n’est pas le sien, qu’elle ne maîtrise pas et qui est entre les mains des Nations unies, du ressort exclusif du Conseil de sécurité. De surcroît, elle est partie prenante, parce qu’elle est l’allié rédhibitoire de l’Algérie, laquelle combat depuis cinquante ans maintenant l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Maroc ! On imagine que, surfant sur son initiative anti-israélienne à la Cour internationale de Justice de La Haye, Prétroria se voit déjà croulant sur de faux lauriers et nous faisant prendre des vessies pour des lanternes, s’essaye au dérisoire rôle justicier de l’humanité.
de Mistura feint d’oublier cependant un détail significatif : la nomination comme la destitution de l’émissaire du secrétaire général de l’ONU dans cette affaire du Sahara obéit au consentement et à l’accord des parties prenantes, moyennant quoi le Maroc se réservant le droit d’exiger un changement stricto sensu de cet émissaire qui viole à la fois sa propre mission, l’esprit de l’ONU et la neutralité dont celle-ci est en principe détentrice et pourvoyeuse.