Sahara : Ce qu’il faut retenir de la résolution 2351 et de l’échec algérien
Hassan Alaoui
Comme on s’y attendait à vrai dire, le texte de la résolution 2351 sur le Sahara, soumis aux membres du Conseil de sécurité mardi 25 avril, a donc été adopté à l’unanimité. Le Conseil a prorogé ainsi le mandat de la MINURSO pour un an encore. Pourtant, le texte initial a suscité quelques réserves et sa première version – rédigée par la représentante des Etats-Unis – n’avait pas suscité l’unanimité souhaitée au départ. A tort ou à raison, il avait donné lieu à un optimisme de bon aloi, justifié du côté du Maroc, mais à l’inquiétude du côté de l’Algérie et de ses stipendiés du polisario.
C’est la deuxième année consécutive qu’un report du vote, d’au moins vingt-quatre heures, se produit et que la mouture finale subit des modifications in extremis, opérées sous la pression de certains membres du groupe des quinze qui composent le Conseil de sécurité ( 5 membres permanents en plus des 10 cooptés selon la règle de rotation).
Le soutien irréversible de la France
L’année dernière, le débat avait achoppé sur un texte, rédigé aussi par la délégation des Etats-Unis, qui prenait ouvertement parti pour la thèse algéro-polisarienne relative au statut de la MINURSO dont le Maroc avait expulsé les membres. Le texte de la résolution entendait, entre autres, fixer arbitrairement un délai de 60 jours au Royaume du Maroc pour le retour de la MINURSO sur le territoire national. La France en particulier, fidèle à sa position constante à l’égard du problème du Sahara, s’était opposée à une partie du texte de la résolution rédigée par Samantha Power , représentante du gouvernement Obama au Conseil de sécurité, qui s’alignait à vrai dire sur la ligne d’une Kerry Kennedy, d’une Susan Rice et même et surtout de Christopher Ross…La « nuance » que le gouvernement français apporta au texte de la résolution sur le Sahara était de taille, car elle avait fait sauter le paragraphe léonin qui imposait ad hominem au Maroc le retour immédiat et sans conditions de la MINURSO sur le terrain. Ce qui fit dire aux responsables algériens et du polisario que la « correction » introduite par la France dans le texte « réduisait la valeur et enlevait son caractère d’urgence à la résolution du Conseil de sécurité » !
Non qu’il faille voir aujourd’hui une similitude quelconque dans le déroulement du vote de la résolution sur le Sahara, ajourné jeudi suite à une contestation sémantique, nous dit-on. Mais le report est en vérité une tactique bien connue du gouvernement algérien habitué à saborder les décisions de l’ONU quand elles n’arrangent pas ses calculs. Les délégués de Russie et de l’Uruguay se sont faits forts de mettre en question certains éléments du texte, bien entendu sous la pression du gouvernement algérien. Le représentant du Kremlin à l’ONU a estimé que le projet de résolution était « déséquilibré dans la manière avec laquelle il traite le polisario ». Pour sa part, l’Uruguay affirmait que ce même projet « n’explique pas le contexte dans lequel est née la crise de Guerguerat », autrement dit, selon lui, ne chargeait pas le Maroc pour avoir « violé le cessez-le-feu en construisant une route bétonnée » sur cette zone tampon…livrée aux violences et aux exactions.
Polisario et Algérie acculés
Evidemment aussi bien le polisario que le gouvernement algérien qui en est le commanditaire ne pipent pas un mot sur les dangers que représentait cette zone, transformée – et ce n’est pas le moindre indicateur grave – en zone de trafics en tous genres, dénommée à juste titre Kandahar…Car c’est bel et bien le chaos qu’elle représente qui a incité le Maroc à l’aménager et la protéger.
Et puisque Guerguerat a constitué le point d’achoppement de principe et de respect de la légalité, et surtout que la zone tampon a commencé à constituer un sérieux problème non pas seulement avec le Maroc, mais entre le polisario et l’ONU, voilà que le Conseil de sécurité impose à ce dernier le retrait unilatéral et inconditionnel. De ce fait, il l’accule à la règle. Et voilà que polisario et Algérie sont appelés à s’incliner illico presto, avec cette recommandation expresse que le commanditaire algérien doit prendre désormais ses responsabilités.
Il n’est pas interdit de penser que nous vivons un tournant dans le dossier du Sahara, et la résolution 2351 est d’autant plus claire et limpide qu’elle impose le retrait complet et total du polisario de la zone tampon, recommande fermement aux parties de reprendre le processus de négociations politiques, et met l’Algérie au pied du mur. La résolution votée ce vendredi inspire en effet un sentiment d’équilibre et, pour une fois depuis 2007, elle prend en compte la réalité juridique et historique du dossier, autrement dit la revendication fondée du Maroc.
Une « correction de pure forme »
Si une révision a été imposée au texte initial par la Russie et l’Uruguay, elle reste de pure forme et ne modifie en rien le fond de celui qui a été adopté in fine. Il s’articule aussi sur la volonté d’en finir une fois pour toutes avec cette question dite « affaire du Sahara » sur laquelle, depuis quarante trois ans maintenant, ont joué et surfé quatre présidents algériens successifs et une flopée de gouvernements, avec la même haine et l’inamovible rengaine qui les caractérisent.
Ce n’est pas par hasard qu’en 2005 le Conseil de sécurité avait expressément demandé aux parties en conflit de faire un effort pour faire avancer le processus de règlement de l’affaire du Sahara. Et qu’un an plus tard, le Maroc s’est engagé dans la recherche d’une solution, en préparant le document majeur qui portera le nom de « Initiative du Maroc pour l’autonomie au Sahara » et qui sera soumis en 2007 aux Nations unies, et adopté en avril par le Conseil de sécurité.
Le Maroc, comme l’a souligné l’ambassadeur du Maroc aux Nations unies, Omar Hilale après l’adoption de la résolution pertinente 2351, peut se satisfaire que le « droit et la légalité internationale aient prévalu face à l’impertinence et la défaillance du polisario qui a plié face à la détermination des membres du Conseil de sécurité » ! Nous n’avons cessé de dire et d’écrire qu’il n’est pas d’autre issue que le dialogue politique – interrompu depuis 2012 par Christopher Ross. Or, comment pourrait-on imaginer une reprise quelconque de ces négociations, comme le souhaite et prescrit le Conseil de sécurité tant que le polisario ne fournira pas la preuve tangible de son départ de Guerguerat et tant qu’il continuera de menacer la zone et ceux qui la traversent, et tant qu’il continuera à violer impunément les accords de cessez-le-feu de septembre 1999…
Et le recensement démystificateur
Une recommandation essentielle a été formulée et consignée par le Conseil de sécurité tient à cette histoire de recensement des populations séquestrées ( et non réfugiées) dans les camps de Tindouf Lahmada. Leur recensement a constitué de tout temps un cauchemar pour les gouvernements algériens, parce qu’il dévoile une grave supercherie, en ce sens que la plupart des séquestrés proviennent des zones du Sahel frappées par diverses sécheresses dans les années quatre-vingt, « ramassés » dans les fourgons de l’armée algérienne, enrôlés de force pour grossir les rangs du polisario ! Ils ne sont et n’ont jamais été sahraouis…
Antonio Guterres lui-même, quand il était à la tête du HCR ( Haut Commissariat aux Réfugiés) avait éprouvé un grand mal des années avant d’être autorisé à visiter les camps de Tindouf…Aujourd’hui, il est fait obligation à l’Algérie de laisser effectuer un recensement d’authentification de vrais ou de faux « sahraouis »… Il est temps donc, entre autres détricotages, de procéder à la démystification du système de mensonges érigé depuis 43 ans maintenant par les gouvernements algériens passées maîtres dans l’art de fourvoyer l’opinion internationale. L’affaire du Sahara n’a jamais été qu’un conflit géopolitique entre le Maroc et l’Algérie, il n’a jamais existé avant 1974 lorsque Boumediène et le général Franco – deux militaires complices – avaient à cœur d’empêcher le Maroc de parachever son intégrité territoriale et son unité nationale.