Said Mouline : « Pour la décarbonation, l’Afrique a ses propres solutions»
La 2ème édition du forum MD Sahara s’est tenue ce 4 mars dans la ville de Dakhla sous le thème : « Le Maroc en Afrique : Un choix royal pour un continent global et intégré ». Cet événement marqué par la participation de personnalités de haut niveau venant de toute l’Afrique et du Maroc a vu la participation du Directeur Général de l’Agence Marocaine pour l’Efficacité Energétique (AMEE), M. Said Mouline, qui a porté son intervention, qui portait sur les « Atouts pour une décarbonisation des économies africaines ».
Le Directeur général de l’AMEE, M. Said Mouline, a introduit son discours en affirmant que sur le « continent, nous avons un potentiel renouvelable exceptionnel car, a-t-il dit, un continent comme le nôtre, c’est 3% des émissions mondiales par rapport à des continents qui émettent beaucoup plus que nous et polluent beaucoup plus que nous. Pourquoi décarboniser alors ? » a-t-il demandé.
En effet, selon M. Mouline, se référant à la COP22 de 2016 qui s’est déroulée à Marrakech, « Dans le domaine de l’énergie, de l’économie, de l’eau, de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, … pour tous ces secteurs, nous avons des solutions africaines pour l’Afrique ». De cette date à aujourd’hui, il a noté la création de plusieurs comités avec des actions concrètes sur le terrain et se félicite en ce sens que « le Maroc a réalisé ce qu’il avait annoncé depuis 2009 lorsque la Lettre royale a clairement priorisé les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. L’une des conséquences de cette priorisation, note-t-il, est la création « d’agences dédiées avec des objectifs ciblés, des réglementations… ».
Il trouve inacceptable qu’aujourd’hui plus de 600 millions de citoyens africains n’aient pas accès à l’électricité, soit près de la moitié du continent. Il faut donc redoubler d’efforts pour venir à bout d’une telle situation et pour lui cela passe par la gouvernance. En effet, il soutient que « même si vous avez de bons outils, si la gouvernance ne suit pas, ils ne serviront à rien ».
Cependant, pour une décarbonation réussie, M. Mouline la conditionne à l’esprit du partenariat public-privé (PPP). Il admet qu’un tel partenariat nécessite des principes préalables. En effet, dans son approche du partenariat public-privé, celui-ci « exige la confiance dans les partenaires, la transparence dans les contrats, la gouvernance et le respect de ces contrats ». De plus, il n’a pas manqué de rappeler que dans le cadre de ce partenariat, la décarbonation doit « se faire intelligemment avec tous les acteurs ».
Mouline a tenu à préciser ce qu’il entend par décarbonation. Selon lui, cette dernière signifie « économiser tous les intrants pour un particulier et pour une industrie donnée (matières premières, eau, énergie, gestion des déchets, utilisation d’un maximum d’énergie renouvelable). De telles volontés ne peuvent être mises en œuvre que si les acteurs financiers suivent », prévient-il. Car selon le directeur général de l’AMEE, « le financement est la clé » en prenant à témoin que s’ils ont « réussi à faire ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, ce sont des outils financiers qui accompagnent ces politiques pour des transitions réussies ».
Il a également fait remarquer que « plus le prix du kilowatt est élevé, plus la transition énergétique est économique car comment économiser de l’énergie quand on paie le kilowatt à 10 centimes, par rapport à celui qui le paie à 10 dirhams ».
En conclusion, M. Mouline a insisté sur la volonté politique pour la réussite de la transition énergétique en se référant au Royaume du Maroc dont « cette volonté politique est portée au plus haut niveau de l’Etat ». Il a affirmé que « les acteurs sont avec nous en Afrique, les solutions sont là, nous avons tout aujourd’hui » et souhaite que le continent s’appuie sur toutes ces richesses pour « mettre fin à ce scandale de 600 millions de citoyens africains sans électricité »