SAISIE DU CARGO OCP : Pratiques de «corsaires», déni de la loi ou quand l’Afrique du Sud s’abîme dans l’illégalité
Par Hassan Alaoui
Cela fait maintenant un peu plus de 90 jours que le navire affrété par la Nouvelle Zélande, transportant des phosphates en provenance de Lâayoune est placé sous embargo par la justice sud-africaine et ne peut plus quitter l’Afrique du Sud. La décision du juge de Prétoria, de l’arraisonner, arbitraire et unilatérale, ne répond à aucune justification proprement juridique. Elle obéit, en revanche, à des critères politiques qui, pour ne résister à aucun examen, illustre l’abus, le détournement mafieux de la loi internationale et révèle une nouvelle « jurisprudence » où la violence s’allie à une indifférence des États plutôt inquiétante. Turpitudes et malveillances de toutes sortes ont marqué la phase immédiate après l’arraisonnement arbitraire, les juges sud-africains soufflant le chaud et le froid, faisant preuve d’une mauvaise foi caractérisée. In fine, ils ont agité une décision dont la nature et la finalité relèvent de l’enfumage : « le procès de fond », c’est-à-dire à une perverse dimension politique, ni plus, ni moins…contraire à la règle de droit international, à la morale , mais subodorant un alignement scandaleux sur les revendications du polisario et de ses stipendiés algériens, qui ne sont ni de près, ni de loin concernés par l’activité d’OCP Groupe…
Cette violence de la loi, son impunité nous laisseraient-elles l’amer sentiment que, demain, tout bateau transporteur des phosphates en provenance du Maroc – et pas forcément de Lâayoune – tomberait sous les Fourches caudines de pratiques de piraterie en mer ? On ne croyait pas si bien dire : l’affaire du cargo NM Cherry Blossom, transportant 500.000 tonnes des phosphates d’OCP Group, est hautement politique. Elle paraît aussi et même plus politisée qu’une décision unilatérale prise, autrefois, en novembre 1984, à Addis Abeba, contre la Maroc par une OUA (Organisation de l’Unité Africaine) dominée et manipulée par le gouvernement algérien. Rien n’y fait : la même méthode de hold-up inavoué, la procédure illégale et le machiavélisme. Quand ce n’est pas Edem Kodjo, ci-devant Secrétaire Général de l’ancienne organisation panafricaine qui met en musique le jeu algérien, c’est Pretoria qui prend la relève aujourd’hui, dans ce qu’il convient d’appeler la «guerre ouverte» contre le Maroc , menée par polisario et Afrique du sud interposés. Le 1er mai dernier, à la grande surprise générale, un juge affidé d’Afrique du sud arraisonne, à Port-Elizabeth, un cargo transportant des phosphates, qui peu de jours avant, avait quitté le port de Phosboucrâa en direction de la Nouvelle Zé- lande.
Cette violence de la loi, son impunité nous laisseraient-elles l’amer sentiment que, demain, tout bateau transporteur des phosphates en provenance du Maroc – et pas forcément de Lâayoune – tomberait sous les Fourches caudines de pratiques de piraterie en mer ?
Cette saisie illégale répondait ainsi à la plainte que le polisario avait déposée devant un juge sud-africain, contrevenant, à coup sûr, à la règle internationale de transport maritime. Et surtout sur incitation de cette ONG Western Sahara Resource Watch (WSRW) qui, de connivence avec le polisario et le gouvernement algérien depuis plus de 10 ans, appuyée aussi sur un réseau d’avocats spécialisés, n’a de cesse d’entraver l’activité d’OCP group. Elle fait dans le mélange des genres émotionnels: « pillage des ressources naturelles », « dé- térioration de l’environnement », « explorations illégales », etc…Il ne faut guère s’étonner que, pour mieux accréditer ses thèses fumeuses sur un « territoire colonisé » que serait le Sahara marocain, WSRW s’inscrive dans les logomachies de la propagande algérienne, en publiant il y a quelques semaines un rapport intitulé « Carrier of conflicts » financé, entre autres, par l’Agence norvégienne de coopération pour le développement. Les jours qui ont suivi la décision unilatérale du juge de Prétoria, étaient marqués par une certaine agitation au niveau de la direction du groupe OCP, des cercles économiques du Maroc, du gouvernement, de la presse nationale et internationale, des milieux maritimes et de tout ce qui compte dans le gotha international de la justice et du droit.
La décision du gouvernement sud-africain ne procédait d’aucune logique, encore moins d’un droit quelconque en vigueur. Elle créait une jurisprudence et menaçait, de toute évidence, la stabilité ou ce qui en reste du transport maritime. Près de 90 jours après cette violation unilatérale, après qu’OCP Group eût observé l’évolution convulsive de ce dossier et pris acte des manquements de la justice sud-africaine, la conclusion s’est imposée d’elle-même : l’arraisonnement du NM Cherry Blossom n’est pas plus une décision judiciaire qu’une prise de position politique claire et nette contre la Maroc.
S’attaquer à OCP Group, fleuron de l’économie marocaine et surtout symbole de la coopération intercontinentale en Afrique, c’est évidemment porter l’estocade à la souveraineté du Maroc et à ses succès tangibles dans le continent.
OCP Group, faisant sienne la règle de l’éthique et du gentleman, a empê- ché que le client new-zélandais paie la caution réclamée par le juge sud-africain. Mais il ne s’est guère empêché de dénoncer la partialité qui entache ses décisions tombées comme un couperet. Autrement dit un alignement de l’Afrique du sud sur les thèses de l’Algérie, une réaffirmation que Pretoria est un allié et un alter ego dans le soutien au polisario. Si prosaïque qu’eût pu paraître une telle situation, elle nous dévoile aujourd’hui plus que jamais la portée de ce que nous avions dénoncé comme le sempiternel « Axe Alger Pretoria » ou comme le fil noir des conspirations… S’attaquer à OCP Group, fleuron de l’économie marocaine et surtout symbole de la coopération intercontinentale en Afrique, c’est évidemment porter l’estocade à la souveraineté du Maroc et à ses succès tangibles dans le continent. Mais il y a pire : c’est ce torpillage soutenu par l’Algérie et l’Afrique du sud des efforts de l’ONU pour mettre un terme au conflit du Sahara et favoriser un règlement politique, cette irascible volonté de saboter les initiatives du secrétaire général des Nations unies et du Conseil de sécurité en faveur de la paix et de la sécurité.
On ne se méprendra point : l’ingérence dans les pouvoirs et les attributions de l’ONU qui déploie depuis 1991 de considérables efforts pour favoriser une solution politique au Sahara, la volonté de saboter le processus de règlement constitue aujourd’hui l’unique objectif du gouvernement d’Afrique du sud. C’est d’autant plus inadmissible que le polisario, qui n’est ni Etat, ni organisation reconnue par l’ONU, se fait fort de soumettre une plainte directement à la justice d’un pays comme l’Afrique du sud et obtient de celle-ci d’arraisonner arbitrairement les produits d’un Etat souverain, transportés à bord d’un cargo venu s’approvisionner lors d’une escale. Jamais dans l’histoire du transport maritime, nous n’avons assisté à une telle violation par un Etat emporté par son hostilité et une justice à ses bottes, de la règle de circulation et d’escale. Elle nous rappelle les périodes des pirates sans foi ni loi, qui faisaient et exécutaient leur propre justice en agressant et dépouillant tout ce qui bougeait en mer.
La justice sud-africaine a arraisonné le 1er mai un cargo souverain sans prendre en considération les conséquences qui en résulteraient, elle a ensuite ordonné la mise sous séquestre le 15 juin et, pour finir, brandi un argument fallacieux : imposer un « procès sur le fond à une date indéterminée » ! Subterfuge que la communauté internationale, les observateurs impartiaux ont vite relevé pour ne pas y voir comme une manœuvre dilatoire et surtout comme l’exception d’une basse œuvre par un Etat mercenaire. L’ambiguïté tient à cette implication directe et manifeste du pouvoir politique, incarné par un Jacob Zuma – au pouvoir depuis 2009 – tout à sa pathétique déconfiture qui continue dans la peu glorieuse tradition de son prédécesseur, Thomas Mbeke dont la haine à l’égard du Maroc n’avait d’égale que l’ignorance et l’asservissement à l’Algérie.
L’exploitation de la mine de Boucraâ n’a commencé à être rentable qu’en 2008, grâce à la rigueur et la persévérance du Groupe OCP.
La mine de Phosboucrâa possède cette caractéristique d’être pourvue d’un phosphate d’une qualité enfouie dans un sol désertique et caillouteux. Autrement dit difficile à extraire et à traiter, d’où l’effort considérable déployé pour le valoriser. Son exploitation rudimentaire par l’Espagne, se suffisait à peine à elle-même, dans les années 60, et ne profitait même pas à son environnement immédiat. Comme l’explique une note d’OCP, « la nature du gisement de Boucraâ ainsi que la géographie difficile du lieu d’implantation du site impliquent un coût d’extraction 2,5 fois plus élevé que dans les autres mines d’OCP à travers le Maroc. L’exploitation de la mine de Boucraâ n’a commencé à être rentable qu’en 2008, grâce à la rigueur et la persévérance du Groupe OCP.
Les bénéfices non répartis sont de 2,7 milliards de Dhs et leur totalité est réinvestie localement. Aucun dividende n’est versé à OCP ». Quand OCP l’acquiert, il mobilise des moyens financiers considérables pour la rentabiliser, déploie de nouvelles technologies, des équipes et des techniciens aux compétences avérées. Elle n’est devenue rentable que depuis 2008, mais – fait majeur – cette rentabilité, les dividendes, les bénéfices qu’elle génère sont réinvestis totalement et redéployés sur place de différentes façons. Ils profitent exclusivement aux territoires et aux populations du Sahara en faveur desquels OCP Group développe une politique participative et sociale sans commune mesure avec ce qui existe ailleurs comme modèle participatif. La politique sociale d’OCP Group au Sahara n’a pas son équivalent, parce qu’elle est exclusivement tournée vers la totale satisfaction des besoins des populations locales, leur insertion dans le Plan de développement de Phosboucrâa, qui a mobilisé une enveloppe de 2 Milliards de dollars.
Ce plan de développement est axé sur l’employabilité, notamment l’embauche de pas moins de 2200 recrues, dont près de 80% sont originaires de la région avec un management local significatif, représenté par 27 personnes en provenance de la région de Lâayoune et des environs contre…1 seul il y a quelques années. Le Plan de développement de Phosboucrâa, entre autres objectifs, accorde une priorité extrême à l’inclusion des populations, sur fond d’une exigence internationale qui suppose responsabilité sociale, répartition des richesses, équipement, formation et de respect des nomes environnementales. Le groupe Phosboucrâa est le premier employeur de la région, alors qu’il n’était jusqu’à son rachat par OCP group qu’un embryon de l’Institut national espagnol de l’industrie (INI), ce bras armé de la colonisation sous Franco.
Fondé en 1962, placé sous la vigilante surveillance des Tercio de la région de Lâayoune, il portait le nom de Empresa Nacional Minera del Sahara avant d’être rebaptisé en 1969 Fosfatos de Bucraa S.A. C’est en 1976, une année après la Marche verte et la libération des provinces du Sud du joug colonial, qu’OCP acquiert 65% des parts de Phosboucrâa et en 2002 les 35% restants, il en fait aussitôt une filiale à part entière. L’engagement financier, industriel notamment du groupe OCP est total, parce qu’entre 1976 et l’année 2010 OCP mobilise la coquette somme de 2 Milliards de dollars. Avant 2008, il subissait ainsi une perte d’exploitation sèche. Il convient de souligner qu’entre 1976 et 1984, le Maroc était confronté à une situation politique et diplomatique extrêmement difficile, sous l’effet du renchérissement du prix du pétrole qui faisait la joie maligne d’une Algérie plus qu’arrogante envers le Maroc, ensuite des agressions que celui-ci subissait au Sahara : batailles d’Amgala de l’Ouarkziz, de Bir Lahlou, de Zag même et de Bir Anzarane.
L’effort militaire du Maroc impliquait bien entendu un effort financier parallèle, difficile à soutenir à cette époque qui a vu notre pays soumis au fameux PAS( Plan d’ajustement structurel) imposé par la Banque Mondiale et à une sécheresse endémique. Le Maroc, qui avait lancé aussi l’édification de ce qu’on a appelé le Mur de défense tout au long du territoire saharien, pouvait-il compter sur une autre richesse que l’agriculture ou les phosphates ? Or ces derniers, qui avaient bénéficié d’une demande exceptionnelle et d’une flambée des prix entre 1973 et 1978, ne pouvaient à eux seuls compenser les manques à gagner, encore moins les phosphates de Phosboucrâa qui jusqu’à la décennie 2000, et particulièrement avant 2008, n’étaient pas rentables !
En effet, 70% de l’investissement total (environ 2 milliards USD, soit près de 19,5 milliards de DH) réalisé par Phosboucraa dans la Région entre 1977 et 2013 a été réalisé par OCP, à partir de l’année 2002, lorsque le groupe est devenu actionnaire unique.
Il aura fallu qu’OCP investisse tour à tour dans tous les segments de la production, du traitement et de la commercialisation, réaménage le site, procède à une restructuration industrielle, introduise des technologies de pointe, un système de transport et de rationalisation de l’eau, mette en œuvre une nouvelle gouvernance, prenne encore plus en compte la dimension sociale et participative en associant les populations au processus de changement… pour qu’enfin une conscience collective se dégage avec, à la clé, l’adhésion des habitants de la région qui est à la vision des dirigeants du groupe OCP ce que la foi est à toute œuvre humaine. « En accord avec sa philosophie qui met l’accent sur le renforcement d’écosystèmes locaux, OCP a considérablement investi à Phosboucraa. En effet, 70% de l’investissement total (environ 2 milliards USD, soit près de 19,5 milliards de DH) réalisé par Phosboucraa dans la Région entre 1977 et 2013 a été réalisé par OCP, à partir de l’année 2002, lorsque le groupe est devenu actionnaire unique. De plus, les entreprises locales ont bénéficié de 22% de la commande passée par Phosboucraa entre 1997-2013. »
Voilà, résumé l’esprit de l’engagement du groupe OCP pour valoriser les richesses phosphatières de Boucrâa qui, faut-il le rappeler, représentent à peine 1,6% du total de l’exploitation nationale ! Qui encore, comme l’a dit Sa Majesté le Roi, nécessite 7 dirhams d’investissements pour obtenir 1 dirham de bénéfice, autrement dit et clairement les gains des phosphates de Boucrâa ne remontent jamais dans le nord du pays et ne profitent pas au reste du Maroc… La saisie illégale d’arraisonner le bateau NM Cherry Blossom, – bel et bien antinomique à l’admirable attitude de la justice du Panama – met à coup sûr la justice et le pouvoir d’Afrique du sud dans une position en porte-à- faux entre les « idéaux » proclamés et les pratiques d’une justice ayant vendu son âme au pouvoir, un pouvoir décimé par la corruption et les scandales. Le groupe OCP n’a jamais pillé et ne pille pas les « richesses naturelles du Sahara » comme le claironne la propagande du polisario et du gouvernement algérien qui le téléguide, pas plus qu’il n’enfreint la règle imposée en la matière par les Nations unies en vertu de laquelle – comme cela a été prouvé – il développe ses activités.