Sanofi propose un dividende en hausse après une envolée de son bénéfice net annuel
Le revers sur son vaccin anti-Covid n’a pas entamé les résultats de Sanofi: fort d’une envolée de son bénéfice net l’an dernier, certes liée à une opération ponctuelle, le géant pharmaceutique français va gâter ses actionnaires, au risque de relancer la polémique.
Dopé principalement par la vente d’une grande partie de ses actions Regeneron, la biotech américaine qui a développé le traitement anti-Covid utilisé par Donald Trump, Sanofi a gagné 12,3 milliards d’euros de bénéfice net en 2020, contre 2,8 milliards un an auparavant, soit une progression de près de 340%.
Dans la foulée, il a annoncé vendredi qu’il proposerait un dividende de 3,20 euros par action – contre 3,15 euros pour l’exercice précédent -, ce qui représentera au total plus de 4 milliards d’euros pour ses actionnaires.
Le géant pharmaceutique publie ces résultats après plusieurs journées d’action syndicale contre sa stratégie, à l’appel de la CGT notamment.
L’an dernier, le laboratoire avait en effet annoncé 1.700 suppressions de postes, dont environ un millier en France. Selon les syndicats, près de 400 de ces suppressions auront lieu dans la recherche, ce qui lui a valu d’être vivement interpellé par des élus, dont François Ruffin (LFI).
La pilule passe mal alors que Sanofi, l’un des leaders mondiaux dans le monde des vaccins, a enregistré un retard de plusieurs mois dans le développement de son principal candidat face au Covid-19. Celui-ci est désormais attendu fin 2021, soit quasiment un an après les premiers vaccins autorisés en Europe, ceux de Pfizer/BioNtech et Moderna.
A l’instar d’autres laboratoires internationaux avant lui, Sanofi a décidé fin 2019, sous l’impulsion de son nouveau directeur général Paul Hudson, de se désengager de certains secteurs, comme le diabète, au profit de domaines plus porteurs et rémunérateurs, tels l’immunothérapie. Mais le groupe n’a eu de cesse d’affirmer que les vaccins n’étaient pas concernés par les coupes dans la recherche.
D’ailleurs, la division vaccins (grippe…) a été particulièrement dynamique l’an dernier, avec quasiment 6 milliards d’euros de ventes, en progression de près de 9%.
Au regard de ces résultats positifs, il est donc logique de verser un dividende aux actionnaires, fait valoir la société.
« Sanofi évoluant dans un environnement international très concurrentiel, suspendre le dividende ou le réduire en raison de la pandémie actuelle viendrait à fragiliser l’entreprise, réduire son attractivité et altérer ainsi sa capacité à innover sur le long terme pour les patients », a-t-il ainsi défendu dans un courriel à l’AFP, vendredi matin.
Quant aux dividendes, ils profiteront également aux salariés français de Sanofi, selon une note de la direction diffusée en interne vendredi, qui rappelle que 90% d’entre eux sont actionnaires du groupe. En outre, la rémunération variable collective qui leur est versée devrait être supérieure à 2019, selon cette même note.
L’an passé, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 36 milliards d’euros, en hausse de quelque 3% à taux de changes constants, soutenu par les vaccins mais aussi la croissance de son produit vedette Dupixent.
Développé en collaboration avec Regeneron, ce médicament, utilisé notamment dans le traitement de l’asthme ou de la dermatite atopique, pourrait rapporter, à terme, plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaire, contre 3,5 milliards aujourd’hui.
S’appuyant sur ces deux piliers, Sanofi anticipe d’ailleurs pour 2021 un bénéfice net par action des activités (BNPA), l’un de ses indicateurs financiers privilégiés, en nette progression, sans donner toutefois d’objectif de chiffre d’affaires.
Le groupe n’est pas le seul à tabler sur une bonne année 2021. Le géant américain Pfizer a ainsi, il y a quelques jours, estimé que les seules ventes de son vaccin anti-Covid atteindraient environ 15 milliards de dollars d’ici la fin de l’année.
( Avec AFP )