Sébastien Chenu en passe de diriger le groupe d’amitié France-Maroc : un virage stratégique pour le RN
Le député du Nord et figure du Rassemblement National, Sébastien Chenu, est pressenti pour prendre la tête du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale. Un choix qui s’inscrit dans une stratégie politique visant à renforcer les relations du Rassemblement National avec le Maroc, pays clé en Afrique du Nord et partenaire stratégique pour la France.
Sébastien Chenu, élu pour la première fois en 2017 dans la 19e circonscription du Nord, n’a cessé de gravir les échelons au sein du parti d’extrême droite. Ancien collaborateur de Marine Le Pen, il a rejoint le Front National en 2014 via le Rassemblement Bleu Marine, avant de devenir l’un des visages les plus médiatiques du parti, notamment en tant que porte-parole. Élu conseiller régional des Hauts-de-France en 2016, il s’est également distingué en menant les listes du RN lors des élections régionales de 2021 face à Xavier Bertrand.
De 2022 à 2024, Sébastien Chenu a occupé la prestigieuse fonction de vice-président de l’Assemblée nationale, renforçant son influence sur la scène politique française. Son positionnement en faveur d’un dialogue renforcé avec le Maroc semble aujourd’hui s’inscrire dans la continuité d’une stratégie d’ouverture ciblée de son parti, bien que son discours sur certains sujets polémiques ait parfois suscité la controverse.
Sébastien Chenu n’a pas échappé aux débats houleux qui ont marqué la ligne politique du Rassemblement National (RN) ces dernières années. En juin dernier, il s’est retrouvé au cœur d’une polémique après avoir défendu la suppression de la “double nationalité extra-européenne”, avant de rétropédaler sous le feu des critiques.
Lire aussi : Le partenariat d’exception renforcé entre le Maroc et la France est promis à un avenir très prometteur
Dans une intervention remarquée sur un plateau de télévision, il avait déclaré : « Une nationalité, vous n’en avez qu’une. En dehors des pays européens, on ne peut pas être français pour certaines choses et uruguayen pour d’autres. » Ces propos avaient relancé le débat sur la question de l’identité et des liens juridiques entre la France et ses partenaires non européens, notamment le Maroc, où de nombreux binationaux résident.
La nomination de Sébastien Chenu à la tête du groupe France-Maroc est loin d’être anodine. Ces dernières années, le RN s’est démarqué parmi les partis français par sa posture favorable au Royaume marocain, notamment sur des dossiers sensibles tels que celui du Sahara. Contrairement à une partie de la gauche française, souvent critique à l’égard de la position marocaine, le RN s’est régulièrement exprimé en faveur de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, que ce soit au sein de l’Assemblée nationale ou au Parlement européen.
Marine Le Pen elle-même avait reconnu en 2022 les limites de certaines propositions clivantes, comme la suppression de la double nationalité, citant l’exemple de nombreux Marocains qui, pour des raisons légales, ne peuvent renoncer à leur nationalité d’origine. « C’est comme mettre du sel sur des plaies ouvertes », avait-elle confié à Libération, marquant une volonté de mettre de côté les sujets qui pourraient nuire aux relations bilatérales.
Un symbole des liens franco-marocains
La perspective de voir un élu du RN présider le groupe France-Maroc illustre une évolution des priorités politiques du parti, qui semble vouloir s’impliquer davantage dans la diplomatie parlementaire. Alors que le Maroc demeure un partenaire économique et stratégique majeur pour la France, cette initiative pourrait contribuer à renforcer les relations bilatérales dans un contexte international de plus en plus complexe.
Si la candidature de Marine Le Pen avait initialement été envisagée pour ce poste, celle de Sébastien Chenu reflète un choix stratégique visant à consolider la posture institutionnelle du RN. Pour le Maroc, ce rapprochement avec le RN pourrait également être perçu comme une opportunité de capitaliser sur le soutien croissant de certaines franges de la droite française sur des dossiers stratégiques, notamment le Sahara marocain.
En attendant l’annonce officielle, la nomination de Sébastien Chenu serait un signe fort des nouvelles ambitions du RN sur la scène internationale et de sa volonté de se positionner comme un acteur clé dans les relations franco-marocaines.