Sécheresse : La politique gouvernementale est-elle à bout de souffle ?
La campagne agricole 2023-2024 se distingue par une baisse de la production céréalière, marquée par une diminution de 43% par rapport à l’année précédente. Selon le ministère de l’Économie et des finances, le rendement céréalier de cette année est estimé à 31,2 millions de quintaux, répartis en 17,5 millions de quintaux de blé tendre, 7,1 millions de quintaux de blé dur et 6,6 millions de quintaux d’orge. Cette forte baisse est attribuée à la sécheresse dont le gouvernement peine à endiguer. Y a-t-il une limite de la politique gouvernementale sur le sujet ?
La sécheresse qui sévit dans le royaume a des répercussions profondes sur l’agriculture marocaine. La diminution drastique des précipitations a non seulement affecté les cultures céréalières, mais a également perturbé l’ensemble du secteur agricole. Les sols, privés de l’humidité nécessaire, ne peuvent plus soutenir les cultures de manière optimale, entraînant une baisse des rendements et une augmentation des coûts de production pour les agriculteurs.
Malgré la chute de la production céréalière, d’autres secteurs agricoles ont montré une résilience relative. Selon la Direction des Études et Prévisions Financières (DEPF), la culture des arbres fruitiers, par exemple, a bénéficié de précipitations favorables pendant des phases cruciales de croissance, ce qui a permis une évolution positive. La production de betterave sucrière est estimée à 1,5 million de tonnes, tandis que celle de la canne à sucre atteint 330 000 tonnes.
En dépit des conditions climatiques difficiles et des restrictions sur l’irrigation dans certaines zones, la production de cultures horticoles est restée suffisante pour répondre à la demande intérieure, selon la DEPF. Ces cultures devraient produire 8,4 millions de tonnes au cours des mois d’été et d’automne 2024.
Le secteur de l’élevage a réussi à maintenir une certaine stabilité grâce aux mesures et programmes mis en place pour atténuer les conséquences du déficit pluviométrique. Ces initiatives ont permis de soutenir les éleveurs et de garantir un approvisionnement suffisant en fourrage et en eau pour le bétail.
Les exportations du secteur agricole et alimentaire ont enregistré une légère baisse de 2,6% au premier semestre 2024. Cette diminution est principalement due à un déclin de l’industrie agroalimentaire et à une stagnation des exportations agricoles. Les conditions climatiques défavorables ont également contribué à cette tendance, en réduisant la quantité et la qualité des produits destinés à l’exportation.
Contrairement à la baisse des rendements céréaliers, le secteur de la pêche a connu une forte croissance. En juillet 2024, le volume des débarquements des pêcheries côtières et artisanales a augmenté de 102%, principalement en raison d’une augmentation de 117% des captures de poissons pélagiques. Selon la DEPF, la valeur de ces débarquements a augmenté de 7% au cours des sept premiers mois de 2024, grâce à une hausse de la valeur des poulpes, des poissons pélagiques et des poissons blancs capturés.
Face à cette situation critique, la politique du gouvernement d’Aziz Akhannouch pour lutter contre le stress hydrique est mise à l’épreuve. Les mesures actuelles, bien qu’importantes, semblent insuffisantes pour répondre aux défis posés par la sécheresse récurrente. La gestion de l’eau, la modernisation des infrastructures d’irrigation et la promotion de techniques agricoles durables sont des axes essentiels encouragés par le gouvernement, mais ces initiatives peines à porter leurs fruits.
Pour faire face aux défis climatiques le gouvernement appelle à l’adoption de technologies innovantes, telles que l’irrigation goutte-à-goutte et les systèmes de collecte des eaux de pluie, qui pourraient contribuer à une utilisation plus efficiente des ressources hydriques.