Secteur avicole : Les éleveurs tirent la sonnette d’alarme sur une crise sévère
Les éleveurs de volailles dénoncent la hausse des prix des aliments et les pratiques commerciales jugées abusives. Ils appellent le Conseil de la concurrence à intervenir pour restaurer un équilibre dans le secteur, tout en exprimant leur scepticisme quant à l’efficacité de cette démarche.
Les éleveurs de volailles, visiblement désillusionnés par la situation actuelle, expriment leur indignation face à ce qu’ils qualifient de « scandale ». Ainsi, ils ont décidé de solliciter une intervention urgente du Conseil de la concurrence pour résoudre ce qu’ils considèrent comme des « problèmes structurels majeurs » étouffant leur filière. À leurs yeux, certains acteurs de la chaîne d’approvisionnement semblent jouer un rôle concerté, contribuant à une crise qui touche directement leur activité et, par conséquent, les consommateurs.
Les plaintes des éleveurs sont nombreuses et variées. D’une part, ils dénoncent la présence sur le marché d’aliments souvent critiqués pour leur qualité, qui sont proposés à des prix exorbitants. Ces coûts élevés rendent difficile la viabilité économique de leur activité. D’autre part, les couvoirs semblent avoir trouvé un terrain d’entente pour établir un tarif uniforme pour les poussins. Ce manque de concurrence laisse peu de flexibilité aux éleveurs, qui se retrouvent contraints d’acheter des poussins et des aliments à des prix jugés excessifs. Cette situation est perçue par beaucoup comme insoutenable et inquiétante pour l’avenir de la filière avicole.
Actuellement, le prix de la viande de poulet, à la sortie des fermes, oscille entre 16,5 et 19 dirhams le kilogramme, tandis que les consommateurs doivent souvent débourser plus de 20 dirhams à l’achat. Pour ce qui est des poussins, qui représentent un véritable poids pour les éleveurs, le prix est figé à 12,5 dirhams. Ce montant est bien supérieur aux tarifs d’autrefois, où un poussin coûtait à peine six dirhams. Cette inflation des prix laisse perplexes les vétérans du secteur, qui constatent une détérioration significative des conditions économiques.
Face à cette crise, le Conseil de la concurrence a promis d’examiner les prix des aliments pour bétail, y compris la volaille, et cela marque un premier pas vers une analyse plus approfondie de la filière avicole. Le Conseil reconnaît que ce dossier est crucial, car il touche directement au pouvoir d’achat des citoyens. Toutefois, les éleveurs, fatigués par tant de promesses non tenues, restent sceptiques quant à l’efficacité de cette initiative. Ils se demandent si le Conseil sera enfin capable d’établir une concurrence plus équitable ou s’il ne se contentera que de quelques vœux pieux pour apaiser les esprits.
Le prix du poulet, qui était autrefois un aliment accessible pour les ménages marocains, est désormais le reflet des contradictions économiques du pays. Les éleveurs, confrontés à des coûts de production en hausse constante, s’inquiètent de l’impact de cette situation sur la consommation. Ils redoutent que le poulet, autrefois considéré comme un aliment de base, ne devienne inabordable pour une partie de la population. Le risque est réel que les familles soient contraintes de réduire leur consommation de viande de volaille, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la santé nutritionnelle de nombreuses personnes.
Les éleveurs confrontés à une concurrence déloyale
Dans le secteur avicole, la situation est décrite comme une jauge : entre le coût réel des poussins, qui a doublé en quelques années, et celui des aliments, tout aussi élevé, les marges des éleveurs se réduisent dangereusement. Ces derniers estiment qu’un kilogramme de viande de poulet devrait être accessible au consommateur pour environ 15 dirhams. Ce tarif est jugé réaliste, surtout dans un contexte de baisse internationale des prix des matières premières pour l’alimentation animale. Pourtant, cette baisse semble avoir peu d’effet au niveau local, les éleveurs continuant de payer leurs aliments à des tarifs encore élevés.
Les calculs économiques sont implacables : chaque poussin consomme environ quatre kilos d’aliments, avec un coût moyen de quatre dirhams par kilo. Cela représente une « équation économique impossible » qui, selon les producteurs, rend la production de poulets de chair de moins en moins viable. En conséquence, le risque que la production ralentisse, voire s’effondre, devient de plus en plus tangible si des mesures ne sont pas prises pour relancer la filière.
Le secteur avicole dénonce un marché marqué par un manque flagrant de régulation. Les soupçons d’accords entre couvoirs pour fixer les prix des poussins, qui représentent la principale matière première, alimentent la frustration des éleveurs. Ils rappellent que, sans une concurrence réelle et une régulation adéquate, ils se retrouvent piégés dans un modèle économique qui les accule financièrement. La survie même de l’aviculture marocaine dépend de la capacité à instaurer une concurrence loyale.
Le Conseil de la concurrence, pour sa part, a récemment annoncé qu’il mène une étude sur les prix des aliments pour le bétail, y compris ceux destinés à la volaille. Cependant, l’absence de données précises sur la situation laisse planer des doutes quant à l’efficacité de cette démarche, alors que le secteur attend des actions concrètes et visibles. La promesse est de traiter en profondeur tous les éléments affectant la filière, allant des aliments aux pratiques commerciales, afin d’éclaircir le marché et, peut-être, d’alléger la pression sur les consommateurs.
Face à cette impasse, le Conseil s’engage à traiter de manière exhaustive tous les aspects touchant le secteur, de l’alimentation à l’élevage. L’objectif est de donner un avis qui pourrait rétablir un semblant d’équité. Pourtant, en attendant, les consommateurs continuent de payer le prix fort pour ce qui devrait être un produit de base. Le secteur aviaire, qui était autrefois un symbole d’accessibilité, se trouve aujourd’hui coincé dans les rouages d’un marché déformé par des pratiques contestables. L’avenir de l’aviculture au Maroc dépendra de la capacité de tous les acteurs à travailler ensemble pour restaurer un équilibre durable dans ce secteur vital pour l’économie nationale.