Le secteur financier au Maroc est bien structuré, les risques pesant sur la stabilité financière demeurent limités
Le secteur financier au Maroc est bien structuré et les risques pesant sur la stabilité financière demeurent limités, a affirmé, jeudi à Rabat, le chef de la mission de consultation du Fonds Monétaire International (FMI) au Maroc, Nicolas Blancher.
D’importantes réformes structurelles sont entamées et il est nécessaire d’en accélérer la mise en œuvre pour accroître notamment la création de l’emploi et le potentiel de croissance de l’économie, a relevé M. Blancher lors d’une conférence de presse tenue à l’occasion de la fin de la mission de consultation du Fonds au Maroc.
Selon l’intervenant, les priorités identifiées par la mission sont notamment l’amélioration de la qualité du système éducatif, le fonctionnement du marché du travail et le taux d’activité des femmes, outre l’accélération des efforts en vue d’améliorer le climat des affaires.
Par ailleurs, il conviendrait de continuer à réduire les concentrations des crédits et à accorder une attention particulière aux risques en relation avec l’extension des banques marocaines en Afrique, a-t-il dit devant un parterre de journalistes, recommandant, à cet égard, le renforcement du contrôle bancaire et de la collaboration transfrontalière.
La mission continue de souscrire aux efforts pour l’accès aux crédits en particulier pour les PME, a-t-il souligné, notant que les créances en souffrance ont augmenté mais sont bien approvisionné.
Rappelant les prévisions du FMI pour 2016, M. Blancher a estimé que la croissance de l’économie marocaine devrait ralentir pour se situer entre 1,5 et 2% en raison de la mauvaise campagne céréalière et de la relative faiblesse de l’activité non-agricole, ajoutant qu’en 2017, cette croissance devrait s’accélérer autour de 4,4% et se stabiliser autour de 4,5% à moyen terme grâce notamment à la mise en œuvre des réformes en cours.
Selon les experts du FMI, les réformes visant à rendre le système fiscal plus efficient et plus équitable devraient être accélérées à moyen terme, notamment en élargissant l’assiette fiscale et en luttant contre la fraude.
Ces efforts permettraient de soutenir les investissements dans les infrastructures, la santé, l’éducation et la protection sociale et de réduire également la dette publique, a souligné M. Blancher, relevant que la maîtrise des risques en relation avec la décentralisation budgétaire nécessitera, selon les conclusions de la mission, une bonne gouvernance, la transparence et la discipline budgétaire dans les collectivités territoriales.
La mission recommande l’adoption rapide de la nouvelle loi portant sur les statuts de la Banque centrale qui renforcera son indépendance et son rôle en matière de stabilité financière, a indiqué le responsable, tout en saluant la récente réforme du régime des retraites du secteur public ainsi que l’amélioration des finances publiques prévue dans le projet de Loi de finances 2017.
En réponse aux questions des journalistes, M. Blancher a affirmé que la monnaie nationale est stable, saluant la politique de réformes graduelles du régime des changes menée par le Maroc.
En relation avec l’emploi, il a mis en garde contre les méfaits d’une rigidité excessive, tout en plaidant pour l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques engagées dans le secteur de l’éducation.
Dans une déclaration à la MAP, M. Blancher a estimé qu’il est temps de continuer à engager ces réformes importantes qui vont permettre d’élever le potentiel de croissance de l’économie marocaine.
« Cette économie a beaucoup de potentiels et maintenant que la stabilité est acquise, la mise en place de ces réformes permettra de passer à un stade supérieur, de développer davantage le tissu industriel des PME marocaines et ainsi progresser sur la voie d’une croissance soutenue, plus forte et plus inclusive, créatrice d’emploi et qui permette de déclencher des cercles de croissance et de réduction des inégalités », a-t-il soutenu.
« Nous sommes confiants en la poursuite des politiques saines des autorités marocaines et en leur détermination à continuer sur la voie de ces réformes », a-t-il confié à la MAP.
Plus tôt dans la journée, la délégation du Fonds s’était dite satisfaite du traitement accordé par le gouvernement à la troisième Ligne de précaution et de liquidité (LPL), d’une valeur de 3,47 milliards dollars (USD) qui a été accordée au Maroc en juillet dernier.
Lors de ses entretiens avec le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, la délégation a indiqué que cette LPL est un mécanisme financier qui constitue un « signal fort aux investisseurs et un indicateur de la capacité du Maroc à entamer d’importantes réformes et à honorer tous ses engagements ».
Pour rappel, le gouvernement n’a utilisé aucune de ces trois LPL dont la première s’élevait à 6,21 milliards USD et a été octroyée en août 2012 et la deuxième, d’un montant de 5 milliards USD, a été accordée en 2014.