Sécurité, diplomatie et développement durable : Les priorités du Niger
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Le dimanche 16 février 2025, dans le cadre des Assises Nationales pour la Refondation du Niger, au Centre international de conférences Mahatma Gandhi à Niamey, une session stratégique sur la géopolitique et l’environnement international a permis de discuter des enjeux sécuritaires et diplomatiques du Niger, en particulier la stabilité du Sahel. L’accent a été mis sur la coopération régionale, la lutte contre le terrorisme et les initiatives de développement durable visant à renforcer la sécurité et les infrastructures, avec une approche pragmatique de la diplomatie et des réformes économiques.
Lors de la séance plénière, Illo Adani, conseiller diplomatique du président du Comité national pour la Sauvegarde de la patrie, a pris la parole pour dresser un état des lieux de l’environnement international. Dans son discours, il a souligné que l’ordre mondial actuel est marqué par une instabilité croissante, avec des conflits et des crises qui affectent plusieurs régions du monde. Il a cité, à titre d’exemple, la guerre en Ukraine, les tensions au sein de l’Union Européenne, ainsi que l’impérialisme croissant des États-Unis, notamment sous la présidence de Donald Trump, qui a redéfini les rapports de force mondiaux. À cela s’ajoutent les bouleversements dans le Moyen-Orient et en Afrique, qui redessinent les relations internationales.
Selon Illo Adani, la situation géopolitique actuelle montre un monde où chaque pays se positionne en fonction de ses intérêts géographiques et stratégiques, souvent au détriment d’une action collective. « Les grands enjeux mondiaux ne se résolvent plus par une collaboration commune, mais plutôt par des stratégies isolées et concurrentielles« , a-t-il insisté. Cette situation incite les pays à repenser leurs priorités et à s’adapter à un environnement de plus en plus complexe. Il a également attiré l’attention sur l’impact particulier que cette instabilité a sur l’Afrique, notamment dans la région du Sahel et du Maghreb, où des conflits de longue durée et des crises intercommunautaires exacerbent les tensions.
Le discours d’Illo Adani a également abordé la montée des tensions en Afrique, soulignant les défis particuliers rencontrés par le Niger, le Mali et le Burkina Faso dans leur lutte contre le terrorisme. L’émergence de régimes militaires dans ces pays, face à l’incapacité des gouvernements démocratiques à gérer ces crises, est une manifestation de l’instabilité régionale. Toutefois, il a salué les efforts de coopération régionale, citant en exemple l’initiative des trois pays du Sahel pour renforcer leur cadre de sécurité mutuelle. Cette collaboration, fondée sur des actions communes en matière de défense, semble offrir une voie vers une meilleure stabilité.
Cependant, Illo Adani a précisé que les enjeux ne se limitent pas à la sécurité. La diplomatie, tant multilatérale qu’endogène, joue également un rôle central. Dans cet esprit, Bana Ibrahim, secrétaire à la communication du Front patriotique pour la souveraineté du Niger, a insisté sur la nécessité d’une diplomatie régionale pragmatique, capable de préserver les intérêts stratégiques du Niger tout en tenant compte des réalités géopolitiques mondiales. Selon lui, le Niger doit se positionner de manière réaliste, en tenant compte des dynamiques globales qui façonnent les relations internationales, notamment avec des acteurs comme l’Algérie ou les États-Unis. Ce pragmatisme est essentiel pour garantir la sécurité et le développement du pays à l’ère de la mondialisation et des enjeux diplomatiques complexes.
Les axes de développement : sécurité, diplomatie et infrastructures
Lors de la session dédiée au développement, les trois axes principaux du programme de reconstruction du Niger ont été présentés : la sécurité, la diplomatie et le développement durable. Le renforcement des capacités de défense régionale a été identifié comme une priorité stratégique. Illo Adani a ainsi mis en lumière la coopération entre les forces armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso, qui permet une réponse coordonnée aux menaces terroristes qui secouent la région. À côté de cette dimension sécuritaire, des projets d’infrastructures ont été dévoilés, incluant des initiatives agricoles, routières et ferroviaires, destinées à renforcer la stabilité économique du pays et à encourager l’intégration régionale.
Une autre mesure phare du programme de reconstruction concerne l’élaboration d’une politique économique commune, qui prévoit la création d’une monnaie régionale et d’une banque centrale. Ces initiatives visent à réduire la dépendance du Niger vis-à-vis des puissances étrangères et à stimuler le développement durable en s’appuyant sur les ressources naturelles, notamment l’or. La volonté du gouvernement de créer une économie plus autonome a donc été clairement exprimée à travers cette approche intégrée du développement.
À la fin de la session, Illo Adani a insisté sur la nécessité de « se déposséder de toutes considérations sentimentales » et de concentrer les efforts sur des stratégies concrètes pour ramener le pays sur la voie de la stabilité et de la prospérité. Il a souligné que bien que le Niger ne puisse pas agir seul pour résoudre tous les défis géopolitiques, il doit néanmoins avancer avec détermination, en laissant de côté les illusions et en cherchant toutes les voies possibles pour rétablir l’ordre et la prospérité.