Sécurité et souveraineté : la Déclaration de Rabat pose les bases d’une réponse africaine

Réunis à Rabat , les présidents des commissions des affaires étrangères et de défense des parlements africains ont conclu leur rencontre en adoptant une déclaration d’une portée stratégique. Le Deuxième Forum des Présidents des Commissions des Affaires Étrangères des Parlements Africains, organisé les 20 et 21 février à Rabat sous le thème « Vers la mise en place de fondements durables pour la stabilité et la sécurité en Afrique », a marqué une nouvelle étape dans la consolidation de la coopération parlementaire africaine face aux défis contemporains.

La conférence intervient dans un contexte international marqué par des tensions et des incertitudes économiques, les parlementaires africains ont affirmé, à travers la Déclaration de Rabat, leur attachement indéfectible à l’unité du continent. Conscients du rôle décisif que jouent les institutions législatives dans la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, ils ont mis en exergue la nécessité d’une approche concertée pour répondre aux crises qui frappent l’Afrique, qu’il s’agisse de l’insécurité alimentaire, des conflits armés ou des pressions économiques.

L’un des points majeurs de la déclaration concerne la sécurité alimentaire, enjeu de taille dans un continent qui possède pourtant près de 600 millions d’hectares de terres arables non exploitées, soit 60 % du total mondial. Face à la flambée des prix des denrées de base, aggravée par la pandémie de Covid-19 et les répercussions des crises géopolitiques mondiales, les parlementaires ont insisté sur l’urgence de mettre en place une stratégie agricole panafricaine commune.

« L’Afrique a le potentiel de nourrir non seulement sa propre population, mais aussi une large partie du monde. Il est inconcevable qu’avec une telle richesse foncière, nous dépendions encore massivement des importations », a déclaré un représentant parlementaire lors des discussions. La solution ne saurait reposer uniquement sur l’aide extérieure, jugée ponctuelle et insuffisante. Seule une coopération agricole renforcée et une souveraineté alimentaire assumée permettront de garantir une sécurité alimentaire durable.

Un engagement réitéré pour la stabilité et l’intégrité territoriale

Autre axe fondamental de la déclaration : la stabilité politique et sécuritaire du continent. Dans un contexte où plusieurs États africains font face à des menaces terroristes persistantes, des ingérences étrangères et des conflits internes, les parlementaires ont insisté sur l’impératif de préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de chaque pays.

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Ce plaidoyer pour la stabilité s’est accompagné d’un appel à la communauté parlementaire africaine à jouer un rôle plus actif dans la prévention des crises. « L’action intergouvernementale ne suffit pas à elle seule à protéger notre continent contre la précarité sécuritaire », souligne la Déclaration de Rabat, incitant les parlements nationaux à devenir des canaux privilégiés de médiation et de concertation.

Dans une volonté de structurer davantage la coopération parlementaire, les signataires de la déclaration ont annoncé la création d’un Forum africain des commissions des affaires étrangères et de défense, dont le secrétariat général permanent sera basé à Rabat, sous l’égide de la Chambre des Représentants du Maroc.

Ce forum sera doté de quatre vice-secrétaires généraux, désignés par les Caucus des différentes régions du continent (Afrique centrale, de l’Ouest, de l’Est et du Sud), et tiendra une réunion annuelle afin de délibérer sur les enjeux communs et proposer des solutions durables aux défis de l’Afrique.

Cette initiative traduit la volonté de renforcer le dialogue interparlementaire, en dotant les législateurs africains d’une plateforme institutionnelle leur permettant d’orienter les politiques publiques dans une dynamique plus intégrée et résolument tournée vers le développement durable.

Avec cette nouvelle avancée, le Maroc consolide sa position en tant que pivot incontournable du dialogue interafricain. Déjà engagé sur plusieurs fronts – que ce soit sur le plan diplomatique, économique ou sécuritaire – le Royaume confirme son rôle de facilitateur des échanges parlementaires africains.

Cette reconnaissance témoigne également de la place centrale qu’occupe le pays dans les grandes stratégies de coopération du continent. En accueillant ce forum permanent, Rabat s’impose comme un centre névralgique du plaidoyer parlementaire africain, où seront débattues les grandes orientations en matière de sécurité, de gouvernance et de développement.

Alors que les défis auxquels l’Afrique est confrontée nécessitent des réponses rapides et coordonnées, les parlementaires présents à Rabat ont affirmé leur volonté de jouer un rôle plus actif sur la scène régionale et internationale. Au-delà de la simple représentation institutionnelle, ils aspirent à faire de la diplomatie parlementaire un levier stratégique pour peser sur les décisions politiques et économiques du continent.

En officialisant une coopération parlementaire durable et en posant les bases d’un engagement collectif, la Déclaration de Rabat marque ainsi une étape clé vers une Afrique plus résiliente, unie et souveraine.

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