Séisme et trafic de drogue : en prêcheur, Benkirane appelle à la contrition
Dans une déclaration controversée, l’ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane, leader du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a établi un lien entre le récent tremblement de terre qui a frappé le pays et les péchés de la population. Selon lui, le séisme du 8 septembre constituerait une punition divine qui nécessite une introspection religieuse et un nettoyage politique.
Dans une déclaration signée par le PJD, Benkirane affirme : « Nous devons revenir à Dieu Tout-Puissant afin qu’Il guérisse nos blessures et nous compense les conséquences de cette catastrophe par le bien. Mais nous devons également nous repentir et revenir à Dieu car tout ce qui arrive à une personne est un avertissement. Il est primordial de revoir notre comportement en tant qu’Oummah ».
Dans les habits d’un moufti, tant il est vénéré au sein de son parti, l’ancien Premier ministre, écrit dans son communiqué que le tremblement de terre est un avertissement divin. Il se questionne sur le lien entre cette catastrophe et les « péchés et transgressions » des Marocains, tant au niveau individuel que collectif. Il évoque également la sphère politique, les élections, les responsabilités et l’administration publique.
Benkirane n’est pas le seul à donner une interprétation religieuse à ce séisme, qui a principalement touché la région d’Al-Haouz. L’ancien acteur Hachem Bastaoui, se faisant désormais appeler « cheikh », a également affirmé sur Instagram que le tremblement de terre était une punition pour les villes de Marrakech et d’Agadir, où, selon lui, la débauche est endémique.
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Revenant à ses déclarations, le chef du PJD a en plus mis en garde les pécheurs et les trafiquants de drogue marocains contre un châtiment divin sous la forme de tremblements de terre. Il leur demande de se remettre en question, de se repentir, faute de quoi ils risqueraient de ne pas échapper à de futurs séismes.
Benkirane fait référence à la légalisation des relations sexuelles hors mariage, à l’adultère, à la corruption et à laïcité en tant que péchés qui suscitent la colère de Dieu. Il précise que ses propos ne concernent pas seulement les péchés individuels des habitants des zones touchées, mais reflètent également l’état de la société marocaine dans son ensemble. Il se réfère à des versets du Coran traitant de la destruction des nations qui se sont détournées de Dieu.
Le leader du PJD cible également les trafiquants de drogue, qu’il considère comme l’une des plus grandes menaces pour le pays. Il affirme qu’ils amassent des fonds illégalement et détruisent le pays. Il les met en garde en insistant sur le fait qu’ils ne resteront pas impunis et que Dieu les punira.
Face aux critiques émises par ses opposants politiques qu’il qualifie de « fameux quatuor des laïcs », Benkirane a défendu ses déclarations. Il leur reproche d’avoir attaqué son parti et sa personne, ajoutant qu’il dispose d’une longue expérience en tant que chef de parti et ancien Premier ministre.
Sur le séisme, le PJD réclame une enquête nationale sur les causes et les conséquences des catastrophes naturelles. Cette prise de position a entraîné, entre autres, le départ d’un membre éminent du PJD et ancien ministre, Abdelkader Amara.
La polémique suscitée par les déclarations de Benkirane met en exergue le flot de fake news qu’a connu le Royaume juste après le séisme, alimentant parfait des théories plus qu’irrationnelles, à la limite complotistes.
