Séisme en Italie : des milliers de personnes désormais sans toit
Des milliers de personnes chassées de leur maison dans le centre de l’Italie par le tremblement de terre le plus puissant depuis 1980 se sont réveillées lundi après une première nuit dehors.
Ils ont grossi les rangs des milliers d’autres déjà frappés par deux puissants séismes fin août et mercredi dernier, dans cette même région montagneuse du centre de la péninsule, une des nombreuses zones sismiques à risque de l’Italie.
La protection civile a indiqué lundi être venue en aide à plus de 15.000 personnes, frappées dimanche par ce séisme de magnitude 6,5 dont l’épicentre se trouvait à six km au nord de Norcia, bourgade pittoresque classée parmi les 150 plus beaux villages du pays.
Quelque 1.100 personnes sont toujours hébergées dans des structures d’urgence depuis le 24 août, mais les estimations dans la presse italienne vont de 30 à 40.000 personnes désormais sans toit.
Jusque-là épargnée par le séisme du 24 août, qui avait fait près de 300 morts, et celui de mercredi, la petite ville de Norcia s’est réveillée lundi désertée par ses habitants.
Beaucoup ont préféré dormir dans leur voiture plutôt que de prendre le risque de s’éloigner, mais les nuits sont froides dans cette région de montagne, et les autorités cherchent à convaincre tout le monde de quitter les lieux, au moins provisoirement.
Conscient de la volonté de nombreuses personnes de rester sur place, le chef du gouvernement Matteo Renzi a annoncé lundi soir l’envoi de conteneurs pour loger la population.
« Les tentes ne sont pas une solution en décembre, donc on va livrer des conteneurs, avant Noël pour permettre aux gens d’attendre le printemps ou l’été 2017 quand nous pensons achever les maisons en bois qui les accueilleront dans l’attente de la reconstruction au sens propre du terme », a déclaré M. Renzi.
Le chef du gouvernement a également annoncé un renforcement des forces de l’ordre sur place, des administrations publiques locales pour accélérer toutes les procédures bureaucratiques accompagnant ce genre de situation.
Selon un communiqué publié plus tard dans la soirée, le gouvernement a décidé d’allouer dans l’immédiat 40 millions d’euros supplémentaires pour les premières dépenses liées au dernier séisme.
A Norcia beaucoup de maisons sont encore debout, mais les autorités doivent les inspecter une par une. Un travail long et minutieux déjà entamé après le séisme mercredi et qu’il faut reprendre à zéro.
« Le scénario a complètement changé », a commenté le commissaire en charge de la reconstruction, Vasco Errani, nommé après le séisme fin août.
Dimanche, M. Renzi avait promis devant la presse que « chaque église, chaque maison, chaque magasin » seraient reconstruits. La semaine dernière, le gouvernement avait débloqué en urgence 40 millions d’euros, mais le coût total de cette reconstruction, dans une zone qui s’est considérablement élargie depuis fin août, devrait atteindre plusieurs milliards d’euros.
Fin septembre, Matteo Renzi avait avancé le chiffre de quatre milliards d’euros, mais c’était avant les séismes de mercredi et de dimanche. Toutes les interventions concernant le tremblement de terre seront faites en dehors du Pacte de stabilité, a-t-il confirmé dimanche, faisant référence aux règles de discipline budgétaire européennes qui imposent des limites au déficit public et à la dette des pays de la zone euro.
Le patrimoine historique a été particulièrement touché dans cette région qui représente aussi une partie de « l’âme » de l’Italie, selon l’expression de M. Renzi.
A Norcia, la basilique San Benedetto, joyau du XIVe siècle construite, selon la légende, sur le lieu de naissance de Saint-Benoît, a conservé sa façade, mais tout le reste s’est effondré.
L’église de Sainte-Rita dans cette même ville n’est plus que décombres et la cathédrale Santa Maria Argenta a vu son toit s’écrouler totalement.
La puissance de cette secousse, sans équivalent depuis 36 ans en Italie, a également ébranlé des bâtiments historiques à Rome. Une fissure a été découverte sur la basilique Saint-Paul hors les murs et sur la coupole de l’église Sant’Ivo de la Sapienza, chef d’oeuvre de l’art baroque romain.