Siham Zebda, l’universitaire qui oeuvre en faveur du rapprochement maroco-espagnol
Depuis sa tendre jeunesse à Tétouan, Siham Zebda a su quel chemin professionnel suivre. Elle voulait être professeur. Trente-quatre ans plus tard, son rêve devient une réalité. Or, la jeune marocaine ignorait que ses ambitions prendront forme de l’autre côté de la rive méditerranéenne.
Depuis trois ans, la jeune tétouanaise exerce comme professeure à l’Université de Cadix (sud-Espagne), où elle enseigne le droit international public et les relations internationales. Mais avant de professer à l’enceinte du campus gaditan, Siham Zebda a dû surmonter un long parcours, à coup de persévérance et de rigueur. Étudiante à la faculté d’Abdelmalek Essaadi de Tétouan, elle fut sélectionnée, en 2013, pour rejoindre l’Université internationale de Séville, dans le cadre de la préparation de son master en relations internationales et méditerranéennes.
Une fois ce diplôme en poche, son parcours universitaire a suscité l’intérêt de ses professeurs espagnols. Ceux-ci n’ont pas hésité à lui proposer de préparer un doctorat au sein de l’Université de Cadix. Le choix s’est fixé sur elle pour sa brillante trajectoire et ses qualités humaines et professionnelles. « Malheureusement, la crise avait sévèrement frappé le milieu universitaire et les coupes budgétaires ont éliminé la bourse destinée à mon doctorat« , regrette-t-elle dans un entretien à la MAP.
Toutefois, cet obstacle n’a pas eu raison de la détermination de Siham Zebda d’aller de l’avant. « Grâce au soutien financier et moral de ma famille au Maroc, j’ai décidé de rester en Espagne et terminer mon projet de doctorat« . Sa persévérance a fini par payer. Après deux ans seulement, le rectorat de l’Université de Cadix propose à la jeune doctorante d’exercer en tant que professeur à l’enceinte de cet établissement. « J’ai pu jongler entre les cours que je donnais et la préparation de mon doctorat. C’était une opportunité en or » précise t-elle, le verbe fier.
Et c’est sans hésitation que Siham a choisi de se pencher, durant la préparation de son doctorat, sur un thème qui lui tient à cœur, à savoir les relations entre le Maroc et son voisin espagnol. Aujourd’hui, cette membre de plusieurs prestigieux groupes de recherches en matière de sécurité et d’immigration porte un regard positif sur les liens unissant son pays d’origine et celui d’accueil.
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A ce propos, la docteure es relations internationales estime que les deux pays ont su surmonter leurs différends et rapprocher leur vision. Le resserrement des liens entre les deux voisins a donné lieu à une coopération exemplaire en matière de lutte contre le terrorisme, la lutte contre le narcotrafic ou l’immigration irrégulière, entre autres, ajoute t-elle. « Les deux pays sont devenus un exemple à suivre dans la région« , reconnaît la professeure.
Consciente du rôle qu’elle joue pour rectifier les préjugés sur la femme marocaine, Siham ne rate aucune occasion pour transmettre la vraie image de la société marocaine et le rôle de la femme.
« Les stéréotypes ont la peau dure et il est plus facile de construire un préjugé que de le démonter« , admet-elle. Mais la jeune marocaine ne s’avoue jamais vaincue. La membre de la plateforme des intellectuels et professionnels d’origine marocaine en Espagne s’évertue, à travers ses cours et son engagement associatif, à transmettre à son auditoire, dans les amphis ou auprès des forums académiques auxquels elle est invitée, les réalités de la culture marocaine.
De même, Siham Zebda n’hésite pas à inviter ses collègues ou étudiants à se rendre sous nos latitudes. Elle prend même le soin de les accompagner afin qu’ils connaissent, de première main, le vrai visage du Maroc. “Grâce à ces voyages, les gens changent de perception et comprennent que le Royaume est un pays millénaire, pourvu d’une riche culture et d’une société ouverte et tolérante« .
Outre ses engagements professionnels, Siham a la fibre associative. Auprès de l’ONG “volontaires pour un autre monde« , elle s’affaire au profit des jeunes migrants en Espagne et les guide pour trouver leur place dans leur société d’accueil. “Mon objectif à présent est de pouvoir mener à bout ce projet auprès de ces jeunes et continuer à montrer les réalités de la société marocaine et les changements qu’a connus le statut de la femme« .
Siham rend aussi un vibrant hommage à sa mère. « Grâce à l’éducation et les valeurs qu’elles nous a inculquées, elle nous a poussé, nous ses trois filles, à donner le meilleur de nous-mêmes sur le plan professionnel et personnel et à être fières de nos origines”.