Sites électroniques et réseaux sociaux, le duo infernal de la rumeur
Par Moustapha Belhaj
« Il ne faut pas lier un navire à une seule ancre », disait le grand philosophe Épictète.
Lorsqu’on parcourt quelques pages et sites d’informations sur le net, où il est recommandé de citer plusieurs sources de presse, et d’indiquer dans la mesure du possible, l’origine de la source de première main, on remarque, majoritairement, que ce principe n’est pas respecté. C’est le cas aussi lorsque l’article exprime l’état d’esprit d’une partie de l’opinion publique face à un événement précis, ou un fait récent, dont l’existence ou certains aspects sont controversés.
L’envie d’évoquer ce sujet, me hantait depuis que j’ai lu certains articles de la presse électronique et blogs concernant la manifestation pacifique purement sociale, qui s’est déroulée dans le calme à Al-Hoceima, où certains « groupuscules indépendantistes» basés en Europe occidentale, étaient pointés du doigt comme responsables de fomenter la contestation dans toute la province.
J’ai été consterné par ceux qui exploitaient les revendications sociales des habitants pour en faire un fonds de commerce, en circulant des rumeurs sur les réseaux sociaux prétendant que la région est laissée à l’abandon. Alors que plusieurs points du dossier revendicatif des manifestants sont déjà en cours de réalisation et faisaient partie du programme de développement spatial de la province d’Al-Hoceima, baptisé « Al-Hoceima, Manarat Al Moutawassit », lancé par Sa Majesté le Roi en 2015.
J’ai découvert alors des articles d’une presse électronique à scandales par excellence, concoctant ses buzz sur des argumentaires des plus fragiles, au service d’une société friande de ses faits divers et des rumeurs qui relèvent du sensationnel, une société réduite à passer la journée dans le partage de vidéos et d’informations bidons négligeant ses sources. Or, Le vide juridique touchant la réglementation de la presse électronique depuis des années a été enfin comblé par le biais de la loi n°88-13 relative à la presse et à l’édition publiée récemment au bulletin Officiel n°6491 du 15 août 2016. En effet, les journalistes de la presse électronique bénéficient d’une protection judiciaire quant au secret des sources d’information et le droit d’accès à l’information.
Ils bénéficient également d’une protection institutionnelle et sociale contre les agressions. Mais parallèlement, cette loi les replace devant leurs responsabilités face à un lecteur qui a le droit à une information de qualité, fiable, complète et pluraliste face aux règlements qui régissent le secteur. Cette responsabilité sociale étant le socle du processus de production et de circulation de l’information et de la confiance que l’on peut attacher à sa publication.