SM le Roi adresse un message au Sommet de la paix Nelson Mandela

SM le Roi Mohammed VI a adressé un Message au Sommet de la paix Nelson Mandela, qui s’est tenu lundi au siège des Nations Unies à New York.

Voici le texte intégral du Message royal, dont lecture a été donnée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Nasser Bourita :

“Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Son Excellence Monsieur Cyril Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,

Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le regretté Nelson Mandela, incarne d’abord quelques-unes des valeurs et idéaux les plus nobles de l’humanité : paix, pardon, résilience, humilité et intégrité.

Le monde l’estime et l’affectionne pour ses combats, toujours justes, toujours nécessaires ; le monde l’admire pour sa force de caractère, son souci des plus fragiles et son engagement, toute sa vie durant, contre la discrimination et les inégalités.

Nelson Mandela, c’est aussi et surtout une foi inébranlable dans les vertus de dialogue, de paix et de tolérance.

Madiba avait, assurément, un chapitre marocain dans sa riche vie. Il nourrissait une affection et une estime sincères pour Mon Regretté Père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu L’ait en Sa Sainte Miséricorde.

Cette affection, qui était réciproque, trouvait sa source dans l’appui inconditionnel apporté par le Maroc aux Mouvements de Libération africains. Il s’agissait là d’une constante sous les règnes de Mes regrettés grand-père Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V et père Feu Sa Majesté le Roi Hassan II : ils ouvrirent le territoire national à tous les mouvements de libération africains qui, lorsqu’ils recherchaient aide et de soutien, utilisèrent le Royaume comme base militaire et politique.

En tant que Leader de l’African National Congress, Nelson Mandela savait qu’il pouvait compter sur l’appui du Maroc.

Entre 1960 et 1962, Il résida au Maroc où il put bénéficier de l’offre militante et du soutien du Royaume dans sa lutte légitime. Ce soutien multiforme et continu durant les années de lutte du mouvement national sud-africain se déclina par une formation des militants de l’ANC dans la région d’Oujda, l’aide et le soutien logistique et militaire à l’ANC, en appui aux activités diplomatiques menées par le Mouvement de Nelson Mandela à l’international.

Si Nous faisons le rappel de ces faits, ce n’est pas pour clamer haut et fort le rôle précurseur du Maroc dans l’assistance à Mandela, mais surtout pour rappeler la convergence de nos deux histoires et le sens de notre engagement commun, engagement qui devrait se poursuivre aujourd’hui.

En reconnaissance de cette précieuse assistance, en novembre 1994, Nelson Mandela a ainsi tenu à se rendre au Maroc pour attester de sa solidarité sans faille, avec le peuple marocain. Convient-il de rappeler, qu’il fut, à cette occasion, décoré par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu L’ait en Sa sainte miséricorde, de la plus haute distinction du Royaume, en témoignage de sa lutte exceptionnelle pour l’égalité et la justice ?

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Nelson Mandela incarnait la lutte d’un peuple, mais aussi la lutte d’un continent : Notre Afrique. Chantre des principes d’équité, de probité et de morale universelle, il faisait partie de cette classe de dirigeants africains attachés au respect des valeurs et des grands principes humanistes.

Sa position en faveur de la préservation de la souveraineté nationale lui conférait le statut d’apôtre de la paix et de la compréhension entre les nations, loin des vicissitudes, aléas, calculs et clivages malsains. Aux sirènes du séparatisme et de toute forme d’instabilité, Mandela opposait l’unité, conscient que l’essor de notre continent passe par l’intégrité territoriale des Etats qui le composent.

Mandela le politique se distinguera toujours par la pondération de ses jugements : ses grandes décisions n’étaient jamais prises à la hâte et il incarnait indéniablement un modèle de sagesse que ses successeurs devraient perpétuer. Les valeurs qu’il a incarnées avec un courage sans faille sont celles-là mêmes auxquelles nous adhérons fermement. Elles sont toujours les vecteurs vivaces de notre action politique et citoyenne au sein du Royaume, sur le continent africain et dans le monde.

Nelson Mandela Nous a montré que le dialogue et la négociation doivent être poursuivis sans relâche – quelle que soit la profondeur des divisions ou des mésententes. Et nous, au contraire, même quand la paix était à portée de main, Nous l’avons trop souvent laissé nous échapper.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Avec son humilité inconditionnelle, Nelson Mandela était une figure universaliste qui incarnait une certaine vision du monde. Cette immense personnalité fait partie, sans conteste, de ces hommes universels au destin local, national, continental et international. Il appartient à l’Organisation des Nations Unies de défendre et de préserver cet idéal pour façonner la noble vision voulue par Mandela, celle à laquelle il a consacré sa vie et son œuvre.

Icone de la réconciliation, Feu Mandela n’eut de cesse de nous inviter à une introspection collective des valeurs humanistes qu’il a portées et à un dépassement de nos divisions, qu’elles soient politiques ou économiques, en sachant, à bon escient, les transcender.

Au mal du racisme, il a opposé la libération ; au morcellement, l’unité ; aux dangers de la fragmentation et de la marginalisation, il a choisi l’union, plaidant sans cesse pour le progrès et la prospérité en lieu et place du sous-développement et de l’isolement.

Ce sont ces vertus qu’il avait tenu à partager lors de son discours pour le Prix Nobel de la Paix : elles représentent la quintessence de son œuvre dans le monde d’aujourd’hui.

C’est sans doute pour ces nobles raisons que, réunis ici aujourd’hui, nous trouvons tous son absence si incompréhensible que nous célébrons sa naissance ; une de ces naissances qui s’apprécient à l’échelle de l’humanité. Une naissance que l’humanité doit, encore, à l’Afrique.

Je vous remercie.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh”.

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