SNCF: la canicule met les rails « sous tension »
La canicule met les voies ferrées françaises à l’épreuve et oblige la SNCF a ralentir de nombreux trains, mais les trains circulent même si les autorités invitent ceux qui le peuvent à voyager plus tard.
Pour la ministre des Transports Elisabeth Borne, il y a « un message à passer aux voyageurs: si on peut reporter son voyage, [il faut] le faire« .
« Le réseau ferroviaire est soumis à des sollicitations tout à fait exceptionnelles, et donc si on peut éviter de se déplacer aujourd’hui (vendredi), il faut le faire« , a-t-elle insisté devant des journalistes lors d’une visite d’inspection à la gare de Lyon, à Paris.
Ce message vaut spécialement dans le sud de la France où quatre départements – les Bouches-du-Rhône, le Gard, l’Hérault et le Vaucluse – ont été placés en vigilance rouge par Météo France, a-t-elle relevé.
La logique aurait même été d’interrompre les circulations ferroviaires, mais « avec les dirigeants de la SNCF on a pris le parti de ne pas le faire » pour ne pas compliquer la situation avec les premiers départs en vacances et l’instauration de la circulation différenciée à Marseille, a-t-elle remarqué.
« Notre réseau ferroviaire n’a pas été conçu pour fonctionner avec une telle chaleur« , a rappelé Elisabeth Borne.
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« Évidemment, on est conscients que les gens ont besoin de se déplacer, qu’il y a à la fois des départs en vacances qui commencent (…), donc on maintient ces circulations ferroviaires, mais ce n’est pas en toute sérénité qu’on peut aujourd’hui prendre le train« , a-t-elle averti.
« On n’est pas à l’abri d’avoir des ralentissements des trains pour des raisons de sécurité, et on n’est pas à l’abri d’incidents. Je pense qu’il faut que chacun en soit conscient. (…) Il y a bien sûr des trains en retard, il y a une situation exceptionnelle!«
La SNCF ne relevait pas d’incident majeur vendredi après-midi. La journée avait commencé avec l’arrivée très tardive -avec onze heures de retard- du Paris-Clermont, devenu un train de nuit malgré lui, et s’était poursuivie dans la matinée avec d’importantes perturbations dans la région de Toulouse après l’incendie d’un transformateur.
Le groupe public, où l’on « croise les doigts » pour qu’il n’y ait pas d’incident majeur avant la fin du pic de canicule, a tout de même interrompu les réservations de TGV et Intercités ce week-end « pour garder de la capacité de report d’un train sur l’autre en cas de problème« , selon un porte-parole.
La SNCF utilise régulièrement ce procédé: elle l’avait notamment fait lors des grandes grèves du printemps 2018.
La compagnie donne aussi aux voyageurs qui le souhaitent la possibilité d’annuler ou de reporter leurs déplacements en TGV ou Intercités sans frais, pour tous les voyages en France, jusqu’à dimanche soir.
« Le réseau est, dans des conditions exceptionnelles, sous tension, mais on a mobilisé massivement les agents« , a indiqué à l’AFP le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet, qui accompagnait Mme Borne à la gare de Lyon.
« Avec des températures comme ça, entre 40 et 44°C, la température du rail peut monter au-delà de 55°C« , a-t-il expliqué à l’AFP. « Dans certains points sensibles -des points où il y a des contraintes dans l’acier-, ça peut se déformer. Et si ça se déforme trop, on baisse les vitesses pour assurer la sécurité« .
« Les circulations se font en toute sécurité, ça c’est la garantie« , a-t-il assuré, précisant que la SNCF avait mobilisé quelques milliers d’agents supplémentaires pour traiter les zones sensibles afin de limiter autant que possible ces limitations de vitesse.
Il note aussi une « surveillance accrue » des caténaires, des fils en acier qui se dilatent également avec la chaleur, « pour s’assurer qu’elles ne tombent pas, notamment au passage des trains« .
Il y a « un petit peu plus » d’incidents de caténaires qu’à l’accoutumée, a-t-il estimé.
M. Jeantet a évidemment déploré le « double incident » du Paris-Clermont.
Retardé fortement par une tentative de suicide, le train a été arrêté vers 22H00 quand « une mauvaise manip’ du conducteur » a arraché la caténaire qui avait été trop dilatée par la chaleur à un endroit où la tension change, a-t-il expliqué. La SNCF a donc dû faire venir un autre train pour transborder les voyageurs.
Avec AFP