Par Hassan Alaoui
Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération et des Marocains Résidant à l’Etranger, a présidé vendredi 8 novembre à Rabat une réunion de travail avec les membres de la Commission des Affaires étrangères et de la défense de la Chambre des Représentants consacrée aux derniers développements de l’affaire du Sahara à la lumière du discours que Sa Majesté le Roi a prononcé le mardi 5 novembre sur le même sujet. Dans le sillage royal, le ministre a mis en garde le gouvernement algérien contre la campagne d’hostilité qu’il mène de plus en plus à l’égard de notre pays et les menaces de guerre qu’il déploie dans ce sens. La presse algérienne, dans sa quasi-totalité, lui emboîte bien évidemment le pas pour ne pas dire anticipe même l’hypothèse d’une imminence de conflit.
A quoi faut-il s’attendre dans ce claire-obscure et ce jeu d’ombre chinoises ?
Il aura fallu que le Roi Mohammed VI recoure à un langage différent, à la fois par le ton et le style, ou comme l’on dit par le fond et la forme, pour que les dirigeants algériens s’ébranlent tout d’un coup. En effet, le 5 novembre dernier, à l’occasion du 49ème anniversaire de la Marche et comme il est d’habitude, le Souverain a prononcé un discours, cette fois-ci consacré de bout en bout au Sahara. Il se caractérise en effet par une grande fermeté – c’est le moins que l’on puisse dire – et avec solennité, il réaffirme l’irréversible volonté du Royaume du Maroc de ne céder à aucun chantage, comme il rejette aussi fortement le fameux manichéisme de ceux qui prétendent défendre la cause du prétendu « peuple sahraoui » et du refus catégorique de respecter le recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf-Lahmada réclamé par les Nations unies depuis des lustres.
Habituée à obéir au doigt et à l’œil aux ordres de la junte militaire, la presse algérienne fulmine. Elle demeure désorientée et plongée dans son hargneux amateurisme professionnel. Elle dénonce ce qu’elle qualifie de « nouveau ton chez le Roi du Maroc ». Elle y voit même une certaine menace et, non sans ironie parfois, après avoir fait le procès des quatre ou cinq « mains tendues du Roi », réalise enfin que ce dernier est aussi capable de changer de braquet. Pourtant, Mohammed VI n’a jamais été aussi conciliateur ni changé de cap sur l’impératif du dialogue et de la paix…Il reste que le changement de ton dont reste marqué le dernier discours, s’adresse aussi à tous ceux qui prennent la cordialité, disons la gentillesse du Roi du Maroc pour une faiblesse, qui nous dénigrent et n’ont de cesse de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Un état algérien à bout de souffle
Le discours de la Marche verte du 5 novembre dernier commémore en effet le 49ème anniversaire de la Marche verte, mais aussi un demi-siècle d’hostilité algérienne. Et d’une irascible détermination du pouvoir des militaires à détruire le Maroc, à l’empêcher de parachever son intégrité territoriale et son unité nationale. L’Etat militaire algérien est à bout de souffle, épuisé mais entêté face au mécontentement profond de son peuple qui voit ses richesses – pétrolière et gazière – s’envoler dans des achats d’armes stupéfiants, les échecs patents de sa diplomatie, ses interminables volte-face, ses inconstances dans les choix d’alliances, la fuite en avant d’un régime qui, et la mascarade des dernières élections nous l’a encore démontré, est devenu un modèle inspiré tout droit de la Corée du nord que d’une rudimentaire démocratie « à minima » , et puis cette abomination expansionniste qui est à sa marque ce que l’ambition démesurée est à une dictature en perte de vitesse.
L’Algérie militaire est un modèle d’indigence politique et diplomatique! Depuis un demi-siècle, avons-nous dit, elle est dans une fuite en avant, corrélative ou conséquence à son incapacité de relever correctement les défis d’un développement économique et social d’un pays, doté pourtant d’inestimables ressources hydrauliques. La junte militaire cultive ainsi sans cesse la propagande mensongère, fait du Royaume du Maroc le bouc émissaire de ses échecs répétés, et nourrit son peuple d’une haine devenue une hache de guerre dont on ne mesure nullement les terribles conséquences à terme.
Un conflit est-il possible et dans quelles conditions ?
Le vieux postulat de Carl von Clausewitz, théoricien allemand de la guerre au XIXème siècle est à présent d’une actualité plus que convaincante : « La guerre est la continuité de la politique par d’autres moyens » ! Jamais il n’aura illustré une actualité politique algérienne qu’en ce moment. Je doute que les dirigeants algériens l’ait lu ou même entendu parler de lui. Le voilà remis au goût du jour, ce postulat. Le contentieux maroco-algérien est vraiment très lourd , multidimensionnel, à géométrie variable, à l’instar de ces guerres qui ont, dans le Moyen Age européen , opposé ses nations, ces guerres de cent ans opposant la France à l’Angleterre ou plus près de nous, le conflit irako-iranien ! Là où existe une dimension territoriale, géographique et géopolitique, se couvent évidemment des tropismes de guerre. On compte à présent près d’une quarantaine de conflits ouverts, latents et potentiels qui menacent la paix mondiale, au niveau régional et intercontinental.
Maroc-Algérie : paix impossible, guerre probable
Je reprends ici le titre d’un texte majeur de Raymond Aron, publié en 1980 « Les dernières années du siècle ». Il illustre toujours le paradoxal contexte dans lequel nous vivons avec une Algérie qui n’en démord pas de nous détruire. Feu Hassan II ne se plaignait-il pas de cette malédiction subie par le Maroc de cohabiter avec un voisin qui n’a ni foi, ni loi, un Etat voyou en somme, appauvrissant son peuple, le ruinant avec le seul objectif d’imposer à la région quand ce n’est pas au monde entier son hégémonisme de pacotille ? N’annonçait-il pas au général de Gaulle à la veille de son indépendance en 1962 , dans une phrase devenue célèbre que « l’Algérie deviendrait le cancer de l’Afrique » ?
Dans un étrange échange survenu en décembre 1975, Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat américain sous Gerald Ford, rétorquait à Abdelaziz Bouteflika , alors truculent ministre algérien des Affaires étrangères, hanté, dévoré par le thème de l’autodétermination du « peuple sahraoui » : « Je ne comprends pas ce que l’autodétermination veut dire pour le Sahara. Je peux comprendre en revanche ce qu’elle veut dire pour les Palestiniens… » ! Cette réponse cinglante est donc le cadre politique de la diplomatie américaine, il tombe aujourd’hui à point nommé, comme pour abasourdir les délires du pouvoir algérien qui entend nous faire prendre des vessies pour des lanternes dans cette fabuleuse et machiavélique hypocrisie de vouloir à tout prix établir un lien entre le Sahara et la Palestine.
Comme une boîte de Pandore, prête à exploser sur nos figures, la tension persistante entre le Maroc et l’Algérie tient en forte haleine nos deux pays et nos peuples respectifs. D’aucuns vont même jusqu’à invoquer le spectre d’un conflit armé, jouant en effet sur les sensibilités et l’émotion. Comme si une guerre, la « guerre » allait faire baisser la tension ou régler ce maudit différend maroco-algérien, très tenace et obsessionnel chez nos voisins. Comme l’on ne cesse de l’affirmer, il est très facile de déclencher une guerre, mais plus difficile de l’arrêter, particulièrement quand elle se nourrit de haine et de l’aveuglement irascible qui caractérise la junte militaire algérienne.
Le couple d’une diabolique aventure
Saïd Chengriha et Abdelmajid Tebboune ont le même âge, 79 ans, quelques mois seulement les séparent. Deux vieillards qui tiennent les rênes d’un pays où la moyenne d’âge est au mieux de 27 ans, soit une jeunesse au profil plus que jeune et prometteur. Pour autant cette population à la fleur de l’âge et de la maturité n’est en rien concernée par les plans machiavéliques d’un pouvoir militaire qui lui a tout confisqué, la marginalise, l’exclut voire l’abrutit perfidement par ses logorrhées et ses slogans. La jeunesse algérienne a vite fait, nolens, volens , de demeurer attachée à son pays, mais elle est de plus en plus tentée de lever les voiles et de le quitter, le cœur serré, parce que le pouvoir ne lui laisse guère le choix. Victime d’un chômage exacerbé, persécutée, réprimée parfois, elle est surtout dépourvue d’idéal, celui-là même pour lequel les premières générations d’il y a soixante-dix ans s’étaient battues au nom de la Révolution que les caciques et les militaires lui ont confisquée.
Un couple de deux grabataires dirige donc une Algérie composée de jeunes sans horizons, tentés par le large, les yeux rivés sur la Méditerranée et l’Europe, devenue le mirage incandescent, pour tous les autres jeunes du Maghreb et d’Afrique. Sans doute, un tel phénomène n’est-il pas propre à l’Algérie, mais il est une réplique cinglante à la vanité orgueilleuse de ses dirigeants qui n’ont de cesse d’entretenir un discours belliqueux, de cet étrange et paradoxal collapsus appelé « Qawa addariba » et de logomachies dérisoires. Un pays en crise l’Algérie ? C’est peu dire qu’il est jeté en pâture par un régime dont la seule vertu est de berner sont peuple de mensonges et de frustrations. Parmi elles, en tête si l’on peu dire, figure cette revendication de renouveau démocratique permanente et fin de la dictature obsolète exercée par l’armée depuis 1962.
C’est également l’interminable requiem désastreux que baser sa diplomatie, sa philosophie de vie – pis de survie – sur comment détruire le Royaume du Maroc ! Depuis plus de cinquante ans, le régime algérien s’est attelé cyniquement, militairement, diplomatiquement, médiocrement à cette ignominieuse et honteuse tache, jouant sut tous les registres, maintenant son existence sur le dos d’un mythe : celui d’une fausse puissance, maghrébine, africaine, arabe, continentale ! Avec un supplément der cynisme radical de surcroit, croyant décimer tout ce que le Maroc a construit. Le Maroc a crée, à tout le moins présidé à la création du Maghreb arabe uni le 17 février 1989 à Marrakech – les murs de la Wilaya de cette ville en témoignent toujours – et voilà que Tebboune, tout à sa médiocrité rampante le conduit à vouloir isoler notre pays de ce projet qui, en tout état de cause, est ruiné de lui-même et a tourné en boudin. Il s’allie à un petit dictateur de pacotille, albinos de son état qui a vite fait de phagocyter ce qui reste encore de l’héritage démocratique en Tunisie , tous deux se livrant au même exercice paranoïaque du complot et de traîtrise.
Imagine-t-on donc un Maghreb sans le Maroc, pays fondateur ? De quoi cette turpitude est-elle le nom ? Tebboune qui n’a jamais pris part à aucun combat ni lutte pour son pays, s’érigerait-il en héros pour réinventer la diplomatie régionale, le distributeur de nouvelles cartes et le messie du bien-être des peuples, pétro-dollars aidant ? A Mahmoud Abbas, président de la Palestine comme à Kais-Essaid de Tunisie, il a offert 100 Millions de dollars, croyant acheter leur bonne conscience ; les « récupérant » comme on dit, s’efforçant de leur instiller la même haine qu’il porte contre le Maroc.
Comme l’on dit : tout ça, pour ça ? Or Saïd Chengriha qui fait et défait la politique en Algérie n’a pas fini d’avaler les couleuvres en se persuadant chaque jour que la guerre qu’il veut et s’apprête à lancer de mauvaise grâce contre le Maroc – si tant est que l’on en soit parvenu à cette criminelle hypothèse – annoncera l’Apocalypse de son pays d’abord et des peuples de la région ensuite…Tout est possible désormais, Chengriha, général de son état chamarré ne rêve que de revanche depuis qu’il s’était fait prisonnier par les Forces Armées Royales Marocaines (FAR) lors de la bataille d’Amgalla en février 1976 et relâché par le Roi Hassan II. Tebboune, caricature parvenu après l’élimination du général Gaïd Salah en 2019 cultive quant à lui une si dépressive rancune contre le Maroc et ses succès qu’il en conçoit de l’aigreur à la simple prononciation de son nom !
Il est très facile de déclencher une guerre…quant à l’arrêter, c’est une autre paire de manche ! Ce sont les peuples qui perdent la guerre pas , jamais ses commanditaires…