Sommet de l’ASEAN : les Chefs d’Etat plaident l’ouverture des marchés
Des Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est ont plaidé, samedi à l’ouverture du 35eme Sommet de l’organisation à Bangkok, pour l’ouverture de ce marché régional et l’aboutissement de l’accord RCEP, un projet d’une vaste zone de libre-échange regroupant les 10 pays membres de l’Association et six pays partenaires.
Réunis sous la présidence de la Thaïlande, les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) espèrent faire avancer le traité de libre-échange qui est particulièrement soutenu par Pékin. La Thaïlande avait affirmé sa volonté de déployer tous ses efforts pour faire aboutir les négociations autour de ce projet et parvenir à un accord durant sa présidence à la tête de l’ASEAN.
Si l’accord est conclu, il va créer la plus vaste zone de libre-échange au monde, représentant près de la moitié de la population mondiale et plus de 30 % du Produit intérieur brut de la planète.
Juste avant l’ouverture du Sommet, des responsables thaïlandais ont déclaré être optimistes quant à l’aboutissement, avant la fin de l’année, à un accord concernant le «Partenariat économique global régional» (RCEP).
Les négociateurs du RCEP, les dix pays membres de l’ASEAN et six pays partenaires, se sont retrouvés dans la capitale thaïlandaise bien avant le sommet pour tenter de finaliser le projet de ce qui pourrait devenir la plus grande zone de libre-échange du monde.
Les discussions entamées depuis 2012 ont buté sur les différends entre la Chine et l’Inde concernant l’accès aux marchés et les listes de produits protégés. L’Inde souhaite que des garanties soient intégrées au pacte proposé pour éviter une invasion de son marché par les produits chinois.
Proposé par la Chine, le RCEP comprend les 10 pays membres de l’ASEAN (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei) et six pays partenaires de la région Asie-Pacifique à savoir la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’ASEAN a déjà des accords de libre-échange existants avec les six pays de la région Asie-Pacifique.
Les négociations sur l’accès aux marchés, menées bilatéralement, étaient déjà achevées à 80,4%, il reste 16% « en voie de conclusion », a précisé un responsable thaïlandais, ajoutant que les 3,6% restants sont à finaliser en urgence.
Pour la Chine, la signature du RCEP est d’une grande importance. Affectée par le conflit commercial avec Washington qui lui a déjà fait perdre des centaines de milliards de dollars en exportations, l’économie chinoise a besoin de nouveaux débouchés.
Cet accord qui ne compte pas les Etats Unis, apparaît comme une réponse à l’unilatéralisme américain et à la guerre commerciale qui oppose Washington et Pékin depuis plusieurs mois.
A son arrivée à Bangkok pour prendre part aux travaux de ce Sommet, le Premier ministre chinois Li Keqiang a appelé les prochaines réunions de l’Asie de l’Est à se concentrer sur la coopération pragmatique, le multilatéralisme et le libre-échange par la voie du dialogue et les consultations.
Face à la pression, au ralentissement de l’économie mondiale et aux incertitudes croissantes, les pays doivent suivre la tendance irréversible de la coopération pour obtenir des avantages mutuels et parvenir à une situation gagnant-gagnant, a déclaré M. Li.
Face à l’optimisme affiché par la présidence thaïlandaise de l’ASEAN, plusieurs sujets sensibles risquent de prolonger dans le temps les négociations entamées depuis 2012. L’Inde se montre encore réticente en raison de son inquiétude quant à l’arrivée massive sur son marché de produits bon marché fabriqués en Chine.
D’autre part, l’Australie et la Nouvelle-Zélande exigent des garanties en matière de protection du travail et de l’environnement.
Deux autres sujets brûlants devraient être discutés au sommet de l’Asean : les tensions en mer de Chine méridionale, que le Sommet tente de faire passer au second plan, et le rapatriement en Birmanie de centaines de milliers de musulmans rohingyas qui se sont réfugiés au Bangladesh depuis août 2017.