Sommet des Nations Unies sur le climat: Accélération de la lutte contre le changement climatique
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
Les changements climatiques se font ressortir partout dans le monde avec des conséquences réelles sur les vies des populations notamment en perturbant les économies des pays.
L’adoption de l’Accord de Paris en 2015, étape clé contre les changements climatiques, vise principalement à maintenir l’augmentation moyenne de température dans le monde au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et autant que possible à 1,5°C en 2100. Les pays signataires de l’Accord de Paris ont élaboré leurs propres plans d’action en faveur du climat, mais la somme de ces plans est insuffisante pour limiter la hausse du réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2°C. Le Sommet des Nations Unies sur le climat qui s’est tenu le 23 Septembre 2019 à New York a eu pour but de pousser les pays signataires de l’Accord de Paris à renforcer leurs stratégies pour atteindre les objectifs fixés.
La jeunesse s’est emparée de la lutte contre le changement climatique grâce à l’action efficace d’une jeune suédoise Greta Thunberg qui, à l’âge de 15 ans proteste pendant l’été 2018 devant le Parlement suédois contre l’inaction face au changement climatique. En Novembre 2018, elle lance « Fridays for future » « grève scolaire pour le climat » fixée chaque Vendredi. Le mouvement se propage dans le monde entier et lance la grève mondiale pour le climat les 20 et 27 Septembre 2019, qui a réuni des millions de personnes dans 150 pays. L’accent est porté particulièrement contre l’utilisation des énergies fossiles : charbon, gaz, et pétrole qui contribuent largement au réchauffement climatique. Afin de répondre à ce mouvement des jeunes, l’ONU a organisé le 21 Septembre 2019 le Sommet de la jeunesse pour le climat. C’est une plateforme mondiale pour tous les jeunes qui mènent des actions en faveur du climat. Le but pour ces jeunes est de présenter leurs solutions et d’engager un véritable dialogue avec les dirigeants des pays représentés à l’ONU. Le Sommet a consacré une journée entière aux programmes et a été orienté vers l’action intergénérationnelle.
Invitée à l’ouverture du Sommet de l’ONU sur le climat le 23 Septembre 2019, la jeune suédoise Greta Thunberg a prononcé un discours très dur en s’adressant à l’assistance « Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses ». Malheureusement, les dirigeants qui se sont succédés à la tribune semblent ignorer l’appel passionné de la jeune suédoise. Beaucoup se sont contentés de résumer les actions déjà engagées au lieu d’annoncer de nouvelles mesures, comme la fin du charbon ou un calendrier accéléré pour passer à 100% d’électricité propre.
Seuls 66 Etats représentant des petits pays et des pays en développement ont souscrit au principe d’une neutralité carbone d’ici 2050. Ni le Brésil disposant de la majorité de l’Amazonie, gigantesque puits de carbone naturel, ni les Etats-Unis qui se sont retirés de l’Accord de Paris en 2017 n’ont fait d’annonce. La Chine et l’Inde qui ont beaucoup développé l’éolien et le scolaire, n’ont pris aucun engagement sur l’utilisation massive du charbon. Cependant, la Chine atteindra en avance ses engagements, à savoir l’inversion des courbes d’émission avant 2030. Le Président français Emmanuel Macron a salué la mobilisation des jeunes pour le climat, mais leur a conseillé de critiquer au lieu de la France, plutôt la Pologne qui s’oppose à l’adoption par l’Union européenne de la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Notre pays le Maroc a pris une part active dans le Sommet des Nations Unies sur le climat. La Princesse Lalla Hassna en sa qualité de Présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a représenté le Maroc, et a prononcé un discours du Souverain en faveur de l’Afrique qui doit être une « priorité dans l’action collective » pour l’environnement et « dont la dégradation constitue une menace que tous les pays du monde se doivent d’affronter conjointement ». Le discours Royal a souligné l’engagement du Maroc à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à revoir à la hausse ses ambitions en matière d’énergies renouvelables. Il a également mis l’accent sur l’initiative « African Youth Climate Hub » qui a été créée par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement avec ses partenaires pour mettre en valeur le leadership et l’innovation, et souligner le rôle positif de la jeunesse africain dans ce domaine.
En conclusion, le réchauffement climatique de la planète est une réalité. Selon les experts du climat, les cinq dernières années ont constitué la période la plus chaude enregistrée. La terre est en moyenne plus chaude de 1°C qu’au XIXème siècle, et finira à au moins + 3°C en 2100 dans l’état actuel des engagements. Pour s’en tenir à 1,5°C, les efforts des pays doivent être multipliés par cinq. On ne peut que saluer la mobilisation de la jeunesse qui a permis de prendre conscience de ce fléau à un plus grand nombre de personnes. Cependant la route reste longue pour la prise concrète de décisions, aussi bien par les gouvernements que pour toute la population mondiale qui doit changer son mode de vie en faveur du climat. C’est pourquoi la mobilisation doit continuer et s’intensifier davantage dans les prochaines années afin de préserver notre planète.