Soudan: manifestations contre la hausse des prix, la police fait usage de lacrymogènes
La police anti-émeute soudanaise a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des manifestations, d’avocats et de journalistes notamment, qui protestaient mercredi contre la décision du gouvernement de réduire les subventions sur le carburant, selon un correspondant de l’AFP.
Plusieurs manifestations ont eu lieu au Soudan contre la hausse de 30% des prix du pétrole et du diesel, annoncée début novembre par les autorités, et la dépréciation de la livre soudanaise, qui ont entraîné une augmentation des prix de nombreux produits, notamment des médicaments.
Les manifestations de mercredi ont eu lieu alors qu’une grève nationale de trois jours avait été organisée entre dimanche et mardi à l’appel de groupes d’opposition.
D’après un correspondant de l’AFP, environ 300 hommes et femmes ont manifesté mercredi dans la rue principale d’Omdurman, près de la capitale Khartoum, en scandant des slogans contre la hausse des prix. La police anti-émeute est intervenue rapidement pour les disperser au gaz lacrymogène.
A Khartoum, environ 150 avocats en robe ont manifesté devant la Haute cour de justice en portant des banderoles arborant des slogans comme: « Dites non à la corruption, non aux prix élevés, non aux arrestations », a constaté un correspondant de l’AFP.
Ils ont mis fin à leur manifestation, une première depuis le début des mouvements sociaux, quand la police anti-émeute a commencé à confisquer leurs banderoles.
Les autorités tentent d’étouffer rapidement les manifestations qui se succèdent pour éviter une répétition des heurts sanglants qui avaient eu lieu en 2013 à l’occasion d’une précédente réduction des subventions et fait des dizaines de morts.
Plus d’une dizaine de responsables de l’opposition ont ainsi été arrêtés ces dernières semaines et les autorités ont ordonné la saisie de plusieurs journaux et la suspension d’une chaîne de télévision privée.
Pour protester contre les mesures touchant la presse, un groupe de journalistes, travaillant notamment pour les journaux saisis, a défilé dans le centre de Khartoum mercredi après-midi.
Arborant des badges sur lesquels était inscrit « Journalistes en grève », le groupe a dit son inquiétude à propos de la répression exercée à l’encontre des médias.
« Les autorités nous harcèlent et restreignent notre liberté d’expression », a déploré un journaliste du Réseau de journalistes soudanais, une association de reporters qui luttent pour la liberté d’expression.
Le quotidien indépendant Al-Jadida, dont des numéros ont été confisqués cette semaine, a décidé de ne pas sortir jeudi.
« La confiscation de nos exemplaires est une sorte de punition (…) Nos journalistes ont décidé de faire grève demain », a annoncé le journal dans un communiqué.
Plusieurs personnes accusées d’avoir organisé ces dernières semaines des rassemblements dans la capitale soudanaise ont par ailleurs été jugées pour troubles à l’ordre public.