« Souviens-toi qui tu es » le nouveau roman de Bahaa Trabelsi
Souviens-toi qui tu es, de Bahaa Trabelsi, est l’un de ces romans qui, tout en narrant une histoire humaine avec ses cruautés et ses espoirs, prennent de temps en temps la voix du personnage principal, Safia. Un parti pris de l’auteure qui permet à tout lecteur d’être, tour à tour, spectateur et acteur d’une vie dans toute sa complexité, sans manichéisme, ni angélisme.
À propos du livre
Il y a trois mille ans, les Égyptiens pensaient que les chats avaient plusieurs vies grâce à leur capacité à virevolter pour échapper au danger. Ils avaient remarqué que ces félins étaient capables de sortir vivants après une chute d’une hauteur considérable. Ils en vinrent à croire que cela était le signe de vies multiples. Safia est un chat de gouttière qui retombe sur ses pattes. Quels que soient les obstacles. Toutes griffes dehors. On a tenté de la domestiquer, mais toujours elle leur a échappé : rebondir pour exister.
C’est une histoire qui révèle la part d’idéalisme et d’espérance contenue en chacun de nous. C’est l’histoire d’une résilience. Une résilience de femme qui se déplie et se déploie, tout au long de sa vie, comme dans nos souvenirs d’école les plus enfouis. Souviens-toi qui tu es est un livre à part. Sa puissance d’écriture, sa structure narrative le rapprochent d’un roman choral et s’achève de façon plus confidentielle, révélant toute sa part d’intime.
Laurence Biava, écrivaine et critique littéraire, en parle :
« Dans ce récit dense, la réalité de ce qui fut présent rejoint les intuitions du romanesque. C’est une histoire extrêmement littéraire à découvrir pour tout ce qu’elle révèle de la part d’idéalisme et d’espérance contenue en chacun de nous. On aime pléthore de moments lyriques, et incandescents qui résultent de la grâce des rencontres de l’héroïne, et de ses relations avec ses très proches. La trame est calibrée, d’une grande maîtrise. Le scénario très inspiré raconte à merveille les rencontres d’une femme dans une vie mouvementée et bouillonnante. Qu’elles se forgent tôt ou tard, celles-ci flirtent souvent avec le danger et s’entretiennent toujours un peu en forme de miroirs de soi. Intensité de la verdeur des engagements idéalistes, de la découverte du désir, de l’amour, des premiers émois, des premières blessures, des ruptures, des deuils révèlent également une certaine mélancolie, parfois une réelle cruauté. Tout y est. On aime tous les angles de ce récit et particulièrement cette superposition des strates narratives et ces passages en italique qui s’intercalent pour signifier la part d’intime, le repli et cette formidable capacité des femmes à rebondir, à quitter les épreuves. .
La deuxième partie du livre est particulièrement audacieuse et flamboyante : la texture de l’écriture s’y fait voluptueuse. Les personnages sont bien croqués, et quand le lecteur se retrouve à peu près dans toutes les situations divulguées, l’écho est alors redoutable. Les descriptions sont très appliquées, grâce à un verbe à la fois gourmand, bavard, et bien ajusté.
Enfin, c’est un texte à l’acuité fine qui accueille la beauté des femmes. Où les psychologies féminine et masculine sont également bien rendues… Le lecteur frémit, ému, emporté par le souffle romanesque du récit, grâce notamment à la quête d’identité qui rode tout du long. On plonge dans ce livre tête baissée, comme on prend des chemins de traverse et qu’on relève la tête secoué par le vent. On referme la dernière page, ébahi par un style littéraire à son apogée.
Il faut lire cette quête universaliste pour apprécier, entre autres propositions, son initiative, son langage, son sens profond, ses espérances non dissimulées, au travers desquels se muent la sensibilité et la force de chacun(e). »
À propos de l’auteure
Bahaa Trabelsi est écrivaine et journaliste. Parmi ses ouvrages : Une femme tout simplement, Une vie à trois, Slim, les femmes et la mort…, Parlez-moi d’amour ! (prix Ivoire pour la Littérature Africaine d’Expression Francophone, 2014) et La chaise du concierge (prix littéraire Sofitel Tour Blanche, 2017 ; mention spéciale du Jury de l’ADELF, 2017 ; mention spéciale au Festival Giallo Garda, 2019). Souviens-toi qui tu es est son sixième ouvrage.