Spectre d’isolement algérien, vain espoir vers Trump
Par Hassan Alaoui
En ce janvier 2025 finissant, nous sommes de nouveau rattrapés par une fulgurante actualité dont la caractéristique essentielle est sa diversification pour ne pas dire ses contradictions. Elle est bien entendu dominée par l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et le carrousel de décisions qu’il a annoncées ou prises déjà. On ne cesse de prédire, sur le mode d’un questionnement quasi inquiet, un bouleversement du monde, une vision autoritariste et même un retour à la politique du fameux « big stick » pratiquée il y a plus d’un siècle par le président américain Theodore Roosevelt ( 1900-1909).
Le nouveau président des Etats-Unis nous étonnerait-il encore plus qu’il ne l’a fait jusqu’ici ? Il se retire de l’Organisation mondiale de la santé ( OMS), il dénonce l’Accord de Paris sur le climat, menace l’Europe de taxes inédites, temporisant pour l’instant, il reprendra à coup sûr ses diatribes contre la Chine et dénoncera les BRICS et autres organismes…Le triste épisode de la Colombie nous en dit bien sûr long , assez long sur sa politique migratoire – notamment avec le Mexique – pour ne pas nous alerter suffisamment sur ses conséquences.
Dans son grand livre publié en 1973, « La République impériale » ( Calmann-Lévy) , Raymond Aron écrivait « qu’en un siècle, les treize colonies de 1776 ont acquis à la fois les avantages de l’insularité et ceux d’une unité de dimension continentale… ». On voit bien que la géographie n’ayant pas changé depuis, les ambitions proclamées par Trump, outre la promesse d’un âge d’or, sont à la fois territoriales, notamment vis-à-vis du Groenland, de Panama, commerciales, économiques, stratégiques et éthiques. Une touche après l’autre, il peaufine le visage de la nouvelle Amérique, axé sur la puissance et le démembrement de l’ordre mondial, et surtout la mise en œuvre d’une politique de riposte aux autres deux grandes Puissances, la Chine et la Russie, la première plus que la seconde…
La question est de savoir si en quatre ans de règne seulement, Donald Trump aurait-il suffisamment de temps pour mener à bien son plan de transformation de l’Amérique et du monde ? Verrait-il s’instaurer un règlement et la paix au Moyen-Orient ? Le projet fulminant de déplacer les habitants de Gaza en Egypte et en Jordanie, justifié par l’impératif de la reconstruction en ruines du territoire, est tout simplement rejeté par les gouvernements du Caire et d’Amman. Orienterait-il mieux, je veux dire plus qu’il ne l’a fait jusqu’ici ses choix vers l’Afrique oubliée, et pourtant continent d’avenir au poids stratégique lourd ?
La France, l’Algérie et le Maroc, le retour à l’histoire
S’il fallait une preuve supplémentaire de la dérive totalitaire du régime militaire algérien, la récente crise – et certainement pas la dernière – avec la France vient de nous le confirmer avec éclat. Les sicaires du pouvoir militaire, déguisés en « influenceurs », lâchés contre la France nous donnent la mesure de l’irréelle démesure à laquelle Chengriha et son complice Tebboune sont arrivés. Leurs arrestations un peu partout en France mettraient-elles pour autant un terme à leurs agissements, à cette hostilité haineuse qui est d’abord une violation de la stabilité, ensuite une forme de terrorisme envers le peuple français ?
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Nous assistons depuis quelques semaines voire plus à une orgie d’insultes à l’endroit de la France, à une campagne de menaces organisée en vindicte, à un irrédentisme patriotique de vieille garde, enfin à une vengeresse culpabilisation du peuple français, traité de colonisateur, de juif, de sioniste et j’en passe…Ce regain de dénigrement systématique, relayé par l’Etat algérien et ses propagandistes ne participe pas seulement d’une campagne montée de toutes pièces par les services de Chengriha, mais relève d’une rancune viscérale nourrie par la mauvaise foi, animée par cette irascible volonté de détourner le peuple algérien de ses préoccupations existentielles et vitales, à savoir le mal-vivre, la crise économique, les privations en tous genres, le malaise social profond, la hantise du hirak qui rugit comme une bête en sommeil, et – plus que spectaculaire – cet isolement international qui est à l’Algérie de 2024-2025 ce qu’une insondable chute est à une dictature en pleine descente aux enfers. Les « influenceurs », sbires patentés du pouvoir algérien, cette armée de l’omble faufilée dans les arcanes d’une France agitée, n’ont de cesse de relayer la propagande officielle du pouvoir militaire qui, inlassablement, impunément s’emploie à la déstabiliser en menant une véritable guerre hybride, ouverte même au besoin.
Les autorités françaises, à commencer par le chef de l’Etat lui-même, se trouvent en effet dans l’obligation de rétorquer avec fermeté à cette campagne d’hostilités et révisent désormais leur vision des rapports avec le gouvernement algérien. Cependant, il faut rappeler que « l’armée de l’ombre » comme voudraient s’appeler ces « influenceurs » ne date pas d’hier. Elle existe depuis des années, évolue sur le territoire français, bénéficie des facilités que l’accord sur l’immigration de décembre 1968 lui octroie – et qui est au cœur à la fois du drame et de l’appel, de sa dénonciation par beaucoup de Français -, enfin d’une tolérance illicite dont les réseaux hostiles s’emparent.
On s’aperçoit que les réseaux d’influenceurs, répandus sur le territoire français, s’y sont implantés comme une véritable toile d’araignée. Non que toute la communauté algérienne ou franco-algérienne adhère tout ou partie à ce chantage mené par la dictature algérienne contre la France, mais la découverte d’un complot en sous-main, dévoilé et découvert par la presse française avec documents à l’appui.
Mehdi Ghezzar, figure de proue obscurantiste et gourou mythomane des « influenceurs » en état d’enquête ou de future mise en examen de la justice française, est toujours mobilisé dans l’exécrable mission d’insulte à l’égard du Royaume du Maroc, de la France et d’Israël qu’il assimile avec l’arrogante mauvaise foi du lamentable stipendié algérien. Ancien « entrepreneur » raté et converti au journalisme couché, je veux dire à plat-ventre pour Tebboune et le DRS, viré malproprement en août dernier de Radio Monte Carlo ( RMC) , est devenu le chantre de Tebboune et l’animateur – en attendant mieux ou pire – de l’antimarocanisme primaire, le langage glauque des folliculaires servant le même bouillon de haine , digne des imposteurs qui trahissent leur rêve voire leur nature.
Et précisément, ce zélote dénommé Guezzar ne se distingue-t-il par une instabilité terrifiante dont la trahison constitue le premier trait majeur ? Avant de se découvrir une vocation de suppôt de Tebboune, et de devenir le directeur de sa campagne électorale en France en 2023, il se serait , nous dit-on, rapproché de Patrick Drahi, homme d’affaires juif marocain, président fondateur du groupe Altice et ancien patron de BFMTV qu’il sollicita pour être son mentor et le soutenir à devenir « président de la République algérienne »…Rien que cela ! Notre confrère français, « L’Express » s’est fait un exquis plaisir de le dévoiler sous son vrai jour de propagandiste haineux et de bretteur raté, dévoilant à la fois son vrai visage de pauvre agent de Tebboune et sa médiocrité rampante, intellectuelle en l’occurrence, livré aux bravades et à la rhétorique fasciste.
C’est à un effondrement cataclysmique de la diplomatie algérienne qu’on assiste depuis quelques mois. En effet, la crise n’oppose pas l’Algérie à l’unique Maroc, mais s’étend au Mali avec lequel elle possède une longue frontière de plus d’un millier de kilomètres, avec le Niger qui a vu son ancien président tomber après un coup d’Etat il y a un an, avec la Libye de Haftar qui ne manque aucune occasion de manifester son hostilité au régime militaire de Saïd Chengriha, avec la Mauritanie – aujourd’hui plus que jamais engagée dans un ambitieux projet économique avec le Maroc et les Emirats arabes unis -, tant et si bien qu’elle n’a plus de prise réelle que sur la Tunisie de Kaïs as-Saïd dont on dit que, malgré tout, il commence à prendre conscience du danger qu’incarne son voisin de l’ouest. Dans ce contexte, il convient de rappeler que , dans sa folie expansionniste, Alger a également mis sous sa botte une partie significative du territoire de la Tunisie que celle-ci réclame de guerre lasse depuis des lustres…
Donald Trump : un nouveau tropisme algérien
Dans la foulée de cette mouvance où une crise succède à un échec voire un désastre, il ne nous échappe point que le gouvernement algérien, toute honte bue, nourrisse l’impensable illusion de se rapprocher de l’Amérique, celle-là même que Donald Trump vient de reprendre en main après sa reconquête. Illusion fantasmatique qui tombe sous le sens, bien entendu, mais qui nous rend d’autant plus perplexes qu’elle viole le simple code de moralité. Autrement dit qui s’inspire d’une aberrante immoralité. La voilà, cette junte militaire, sans foi ni loi, qui pavane avec ses pétro-dollars et croit acheter le nouveau président des Etats-Unis au sordide motif de faire changer sa position de soutien officiel sur la marocanité du Sahara. La voilà engoncée dans ses turpitudes d’un fantasme ahurissant : elle s’imagine acheter Trump via des sommes sonnantes et trébuchantes, son ambassadeur à Washington , Sabri Boukaddoum s’épuisant en vain à rencontrer les nouveaux responsables de l’Administration américaine auxquels il propose l’achat annuel par l’Algérie de nouvelles armes d’un montant de 15 Milliards de dollars, une bagatelle qui priverait encore le peuple algérien jeté dans le besoin depuis des années.
- Contre vents et marées, dans une infernale fuite en avant, la dictature algérienne désespère et s’entête à vouloir faire de cap tous les Etats et gouvernements du monde qui ont reconnu la légitimité irrépressible de la Marocanité du Sahara. Tous devraient – à vrai dire – être confrontés à cette autre vérité qui se profile dans la foulée : la revendication territoriale par le Maroc, de nouveau, sur ses provinces de l’Est que sont indubitablement Tindouf, Saoura, le Touat, Bechar, le Tidikelt, Gourara pour ne citer que celles-ci, autrefois visitées par le Sultan Moulay Hassan 1er en 1884 et dont certaines existaient même au temps des Almoravides, illustrant comme on dit cette continuité généalogique et ce fil d’Ariane qu’un certain Xavier Coppolani, aventurier de son état, administrateur et masque de fer du colonialisme français en pleine expansion en 1900 a tout simplement brisé pour, une carte géographique et un crayon à la main, dépecer le territoire plus que millénaire du Royaume du Maroc et assouvir son rêve obsessionnel de créer la Mauritanie.
Aussitôt les Archives coloniales ouvertes, comme promis en principe par Emmanuel Macron, nous découvririons ainsi l’injustice faite à notre pays, entendu par là que l’illégitime régime algérien, né sur les décombres d’un hold-up historique ostentatoire, devrait s’y résoudre bon gré mal gré.