Sur fond d’inaction « délibérée », le Liban s’enfonce dans une grave crise
La crise économique et financière au Liban pourrait être classée parmi les 10, voire les 3 crises mondiales les plus sévères depuis le milieu du 19ème siècle, souligne la Banque mondiale dans un récent rapport qui fait état du risque d’une « faillite systémique de l’État dont les répercussions auraient une portée régionale, voire mondiale« .
« Face à ces défis colossaux, l’inaction politique persistante et l’absence d’un exécutif pleinement opérationnel menacent d’aggraver une situation socio-économique déjà sérieusement détériorée et de briser une paix sociale fragile, sans que se profile à l’horizon une sortie de crise« , s’alarme l’institution financière internationale basée à Washington. Dans la dernière édition de son observatoire « Lebanon Economic Monitor (LEM) » intitulée « Le naufrage du Liban (Top 3 des pires crises mondiales)», la Banque mondiale souligne que le pays est « assailli par une multitude de problèmes: sa crise économique et financière la plus importante en temps de paix, la COVID-19 et l’explosion du port de Beyrouth« .
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Le PIB réel du pays a ainsi dévissé de 20,3 % en 2020, après une contraction de 6,7 % en 2019 et une contraction aussi brutale est généralement observée en temps de conflit ou de guerre. Dans cet environnement extraordinairement incertain, le PIB réel devrait reculer à nouveau de 9,5 % en 2021, selon les estimations de l’institution de Bretton Woods.
«Le Liban fait face à un épuisement dangereux de ses ressources, notamment son capital humain. La main-d’œuvre hautement qualifiée est de plus en plus susceptible de saisir les opportunités qui se présentent à l’étranger, ce qui représente une perte sociale et économique irrémédiable pour le pays » a affirmé le directeur régional de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Saroj Kumar Jha.
Il a ajouté que «seul un gouvernement tourné vers les réformes, qui s’engagerait sur une trajectoire de relèvement économique et financier crédible tout en collaborant étroitement avec l’ensemble des parties prenantes, peut empêcher le Liban de sombrer davantage et éviter une fragmentation plus grande du pays ».
( Avec MAP )