Syrie: des raids de la coalition ont tué 84 civils en mars près de Raqa
Des raids aériens menés en mars près de Raqa, en Syrie, par la coalition internationale antijihadiste dirigée par les États-Unis ont provoqué la mort d’au moins 84 civils, dont 30 enfants, a affirmé lundi Human Rights Watch (HRW).
Dans un rapport intitulé « Toutes les précautions possibles?: Les frappes aériennes de la coalition contre l’EI en Syrie font des victimes parmi les civils », l’ONG indique que les deux attaques avaient visé une école abritant des familles déplacées à Mansourah ainsi qu’un marché et une boulangerie à Tabqa, deux bourgades situées à l’ouest de Raqa.
Selon HRW, citant des témoins, des combattants du groupe jihadiste Etat islamique (EI) étaient effectivement présents mais des dizaines, peut-être même des centaines, de civils s’y trouvaient également.
« Ces attaques ont causé la mort de dizaines de civils, dont des enfants, qui avaient trouvé refuge dans une école ou qui faisaient la queue pour acheter du pain », a déclaré Ole Solvang, un responsable de HRW.
« Si les forces de la coalition ne savaient pas que des civils se trouvaient sur ces sites, elles devraient réexaminer très soigneusement les renseignements qu’elles utilisent pour identifier leurs cibles car il est clair qu’en l’occurrence ils étaient défectueux », a ajouté le rapport.
La coalition antijihadiste a intensifié ses raids ces derniers mois dans et autour de Raqa, principal fief de l’EI en Syrie.
Elle fournit un appui aérien crucial aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants arabes et kurdes engagée dans une offensive pour chasser l’EI de la cité qu’il contrôle depuis 2014.
La coalition affirme toujours prendre des mesures pour éviter les victimes civiles. Début août, elle a reconnu être responsable de la mort de 624 civils dans des bombardements depuis le début des frappes en 2014. Certaines organisations affirment que ce chiffre est largement sous-estimé.
Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques par le régime de Bachar al-Assad, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.
Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
« Le droit international stipule que les parties à un conflit sont tenues à tout moment de prendre toutes les précautions pour éviter dans toute la mesure du possible, et en tout cas pour minimiser, les victimes civiles », a souligné HRW.