Taïwan: le Premier ministre accuse Pékin de violer les règles du commerce international suite aux interdictions d’importations
Le Premier ministre taïwanais a accusé dimanche la Chine de violer les règles du commerce international et de faire preuve de « discrimination » à l’encontre de l’île après l’annonce par Pékin de nouvelles interdictions d’importations.
Selon le ministère taïwanais des Finances, les autorités douanières chinoises ont « subitement suspendu » vendredi les importations de certaines boissons alcoolisées en provenance de l’île.
Le ministère a précisé que cette mesure est liée à une réglementation imposée par Pékin le 1er janvier qui exige que tous les exportateurs de produits alimentaires et de boissons alcoolisées vers le continent soient enregistrés auprès des douanes chinoises.
Les dossiers de certaines sociétés taïwanaises sont toujours à l’étude.
Le Premier ministre Su Tseng-chang a reproché à Pékin d’enfreindre les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en « décrétant ses propres règles » et en « s’ingérant dans le commerce par le biais de moyens administratifs ».
La Chine « est particulièrement dure envers Taïwan et pratique une discrimination particulière à son égard… Elle a demandé à Taïwan de faire ceci et de faire cela », a-t-il déclaré à la presse dimanche.
Taipei entend faire appel à l’OMC et venir en aide aux sociétés impactées, a-t-il ajouté.
Les 23 millions d’habitants de Taïwan vivent sous la menace constante d’une invasion de Pékin, qui considère l’île comme une de ses provinces à reconquérir un jour, et si nécessaire par la force.
Pékin a intensifié les pressions militaires, diplomatiques et économiques sur Taipei depuis l’élection en 2016 à la présidence de Mme Tsai et a déjà interdit des importations de produits taïwanais.
« J’ai entendu dire que le #PRC (parti communiste chinois) interdit à nouveau certains produits de #Taiwan, dont notre bière », a tweeté dimanche le ministre taïwanais des Affaires étrangères Joseph Wu, en utilisant le hashtag « FreedomBeer ».
« Coercition économique, bien sûr. Mais ils ne savent pas ce qu’ils manquent: le bon goût de la liberté ».
La Chine a notamment imposé l’interdiction de certains fruits et poissons de l’île en représailles à la visite en août de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taïwan, qui a suscité l’ire de Pékin.
En 2021, les importations d’ananas avaient été interrompues après que les autorités chinoises eurent déclaré avoir découvert la présence de cochenilles dans des cargaisons, alors que la récolte annuelle battait son plein.
Les autorités taïwanaises ont indiqué que quelque 2.400 demandes d’enregistrement émanant d’entreprises du secteur de l’alimentation, de la transformation des aliments, de la pêche et de l’alcool n’ont pas abouti. Environ 600 demandes seront à nouveau soumises à nouveau, tandis que les autres devraient être abandonnées.
Selon l’agence de presse taïwanaise Central News Agency, citant les douanes chinoises, 11 des 28 marques de bière enregistrées par les exportateurs taïwanais ont été suspendues à partir de vendredi.
Parmi les entreprises concernées figurent la société d’État Taiwan Tobacco & Liquor Corp.
Les expéditions de 123 sur 354 autres boissons ont également été suspendues, y compris celles du géant taïwanais de l’alimentation Uni-President Enterprises, selon le communiqué.
L’an dernier, Taiwan a vendu pour 250 millions de dollars (237 millions d’euros) de boissons et pour 43,4 millions de dollars (41,2 millions d’euros) de produits alcoolisés à la Chine, selon les chiffres officiels.
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