Les taux de la violence faite aux femmes demeurent les plus élevés
Le premier rapport annuel relatif à la violence faite aux femmes (2015) a révélé que les taux de la violence physique demeurent les plus élevés par rapport aux autres formes de violence et que les femmes âgées entre 18 et 45 ans sont les plus vulnérables à la violence sous toutes ses formes.
Le rapport, présenté vendredi lors d’une rencontre présidée par la ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, Mme Bassima Hakkaoui, souligne que sur le plan de la ventilation géographique de la violence, les données font ressortir que les milieux urbains connaissent une hausse significative de la violence à l’égard des femmes par rapport aux milieux ruraux.
Le document, élaboré par l’Observatoire national de violence à l’égard des femmes (ONVEF) sur la base des données recueillies lors de l’accueil des femmes victimes de violence au niveau des différentes juridictions du Royaume, des hôpitaux, des centres de police et de la Gendarmerie royale, note que les femmes chômeurs sont plus vulnérables à la violence physique et sexuelle, tandis que les agressions physiques et sexuelles dans les lieux publics enregistrent des taux élevés par rapport à celles recensées au sein du domicile conjugal et des lieux de travail.
Le rapport, avec à l’appui des statistiques sur la violence physique, sexuelle et économique fournies par le ministère de la Justice et des Libertés, souligne une hausse à 63.3 pc des taux de violence physique à l’égard des femmes en 2014 contre 54.8 pc un an auparavant, relevant que les agressions ont été commises, principalement, par les hommes avec un taux de 88 pc en 2014, tandis que seulement 11.4 pc des femmes majeures ont commis des actes de violence physique contre les femmes lors de la même année.
Le document fait état également d’une évolution remarquable de la structure de la violence faite aux femmes entre 2013 et 2014, d’autant plus que les cas de violence physique ont atteint 8.33 pc en 2014 par rapport à 2013, alors que les autres formes de violence ont baissé d’environ 23.75 pc lors de la même période, d’où une baisse générale de la violence de moins 6.17 pc en 2014 par rapport à 2013.
En ce qui concerne la violence sexuelle, les données enregistrées près le ministère de la Justice et des Libertés précisent que seulement 8.6 pc des cas enregistrés concernent des violences sexuelles, affirmant que ces agressions ont été commises essentiellement par des hommes majeurs (98 pc), tandis que 1.7 pc des cas ont été attribués à des mineurs de sexe masculin.
Le viol a représenté, quant à lui, 6 pc de l’ensemble des cas de violence faite aux femmes en 2014 (8 pc en 2013), fait savoir le rapport, soulignant que cette forme de violence demeure la plus répandue et dont la part a atteint 70 pc en 2014 contre 85 un an auparavant.
Le nombre total des cas enregistrés en 2014 dans le domaine de la violence économique, sur la base des données du ministère de la Justice et des Libertés, est de l’ordre de 5.218 affaires (6406 cas en 2013), soit une baisse de moins 18.5 pc, précise la même source, indiquant que cette forme de violence représente plus de 31 pc des cas enregistrés en 2013 et plus de 27 pc en 2014.
S’exprimant à cette occasion, Mme Hakkaoui a passé en revue les efforts consentis par le Maroc en vue de lutter contre la violence à l’égard des femmes à travers le développement de l’arsenal législatif, soulignant à cet égard les nouveautés importantes apportées par le projet de loi de lutte contre la violence faite aux femmes, approuvé, récemment, par la chambre des représentants.
Elle a formulé le voeu de voir la chambre des conseillers adopter, à son tour, ce texte de loi étant donné son importance capitale dans la lutte contre ce phénomène, relevant les efforts déployés en matière de développement des programmes de sensibilisation et de conscientisation, de consolidation des mécanismes préventifs et de développement du système informatique y afférent.
De son côté, le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population, Philippe Poinsot, a mis en avant les réformes législatives entreprises par le Royaume dans les domaines de la femme, à commencer par le code de la famille, en passant par le plan national pour l’égalité, dans la perspective de la parité et en arrivant au projet de loi relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes, se félicitant à cet égard du contenu de ce texte de loi à même de faire face à ce phénomène.
Il a également réitéré son engagement à continuer de travailler dans le cadre du partenariat avec la partie marocaine en vue d’améliorer la situation de la femme et faire face à toutes formes de violence faite à son égard.
Le premier rapport annuel de l’ONVEF a appelé, par ailleurs, à accélérer l’adoption définitive du projet de loi relatif à la violence faite aux femmes, avec la prise en compte de la violence morale exercée à leur égard, au développement des moyens de preuve et à l’amélioration des conditions de mise en œuvre du code de la famille.
Il a également préconisé la poursuite de la coordination institutionnelle avec les différents intervenants et la mise en place d’indices nationaux unifiés entre les différents secteurs relatifs au phénomène de la violence à l’égard des femmes et des filles et à l’institutionnalisation et la généralisation des cellules d’écoute et de médiation au sein des établissements scolaires.