Taux directeur: les pronostics divisent les opérateurs économiques et financiers
Entre un relèvement du taux directeur (TD), qui se situe actuellement à 1,5%, et un statu quo à l’issue de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) prévue mardi, les pronostics des investisseurs et des opérateurs économiques et financiers divergent. Cette décision trimestrielle de politique monétaire suscite fortement l’intérêt des investisseurs eu égard à son caractère crucial. Concrètement, le maintien inchangé du TD est synonyme d’une volonté de soutenir davantage la croissance économique.
Toutefois, et avec l’actuel contexte inflationniste, une hausse du TD pourrait être l’un des moyens pour juguler l’inflation. C’est à la base de ces deux options qu’Attijari Global Research (AGR) a recensé, lors de son enquête de septembre, les anticipations d’un échantillon de 35 investisseurs considérés parmi les plus influents du marché financier marocain quant à l’évolution du TD. Au terme de cet exercice, les réponses sont loin de faire un consensus clair au sein de la communauté financière, puisque 51% des investisseurs sondés anticipent une hausse du TD lors du prochain Conseil de BAM, contre 49% qui prévoient un statu quo, relève AGR.
Dans le détail, ladite enquête fait ressortir que la majeure partie des institutionnels, soit 69%, anticipe une stabilité du TD, tandis que la totalité des investisseurs étrangers prévoit une hausse du taux. Parallèlement, les analystes d’AGR ont souligné, dans la récente note « Weekly Hebdo Taux – Fixed Income », que BAM continue de réguler le marché monétaire à travers ses injections de liquidité, dans l’objectif de maintenir les taux interbancaires au niveau du taux directeur.
« Au Maroc, le taux directeur est resté inchangé en 2022 à 1,5%, soit son plus bas historique. A cet effet, nous maintenons notre scénario central prévoyant au moins une hausse du TD d’ici la fin de l’année 2022 », ont-ils estimé. Un avis qui diffère de celui des analystes de CDG capital qui, dans un flash pré-Conseil de BAM, ont tablé sur un statu quo. « Nous pensons qu’il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5% lors de ce prochain Conseil ».
Une prévision qui tient compte du retour prévu de l’inflation à des niveaux largement inférieurs aux pics actuels à l’horizon de prévision (8 trimestres) et des origines des chocs inflationnistes actuels importé et d’offre, de la fragilité de la reprise des crédits alimentée essentiellement par ceux destinés à la trésorerie, ainsi que de l’importance de maintenir des conditions de financement favorables pour soutenir la reprise économique post-covid 19. Même son de cloche chez la société de bourse Valoris Securities qui a jugé, dans son Focus Eco pour le mois de septembre, qu’un relèvement du TD est « peu probable ».
« Un relèvement du taux directeur de BAM nous paraît peu probable, d’autant plus que l’inflation des biens échangeables est appelée à s’alléger prochainement et les réserves de change demeurent solides », a écrit la société dans cette publication intitulée « Inflation et Crise énergétique : Serait-il de bonne augure de maintenir une politique monétaire accommodante ? ». Dans ce sens, les analystes de Valoris Securities ont averti qu’une augmentation « agressive » du TD lors des prochains conseils de BAM est susceptible de peser sur les prochaines politiques de relance du gouvernement et par conséquent, sur les perspectives de croissance économique, notamment dans un contexte de concurrence entre pays du sud de la Méditerranée vis-à-vis des investissements étrangers, sans pour autant peser significativement sur l’évolution de l’inflation.
Rappelons-le, le Conseil de BAM avait maintenu inchangé le taux directeur à 1,5%, à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle de 2022 et ce, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture nationale et internationale. Tenant compte de la nature des pressions inflationnistes, essentiellement d’origine externe et le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023, cette décision de préserver l’orientation accommodante de la politique monétaire visait à continuer de soutenir l’activité économique.
Avec MAP