Les tenants et aboutissants du procès de Gdim Izik expliqués aux journalistes à Bruxelles
Des avocats ont organisé, jeudi à Bruxelles, en leur qualité d’observateurs internationaux, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont exposé aux journalistes les conditions de déroulement du procès de Gdim Izik, mis à nu les allégations véhiculées sur de prétendues violations des droits de la défense des accusés et battu en brèche les thèses fallacieuses faisant croire à « un procès politique ».
Le bâtonnier Pierre Legros et les avocats Emmanuel Carlier, André Martin Karongozi et Sophie Michez ont, tour à tour, décrit avec force détails les conditions du déroulement du procès qu’ils ont qualifiées d’«exemplaires», précisant que le transfert de cette affaire devant une juridiction de droit commun constitue « la meilleure garantie » à la fois aux accusés et aux victimes de faire valoir leur droit à un procès équitable.
Ils ont affirmé avoir « très rarement » vu un pays donner la chance à des auteurs de crimes aussi « odieux » que ceux commis à Gdim Izik d’être rejugés. Ce procès ouvre également la voie aux familles des victimes de se faire entendre et de solliciter des dommages et intérêts alors qu’elles n’étaient pas recevables auparavant, ont soutenu les observateurs.
Pour Me Karongozi, toutes les étapes auxquelles il a assisté en tant qu’observateur international montrent à quel point les autorités judiciaires du Maroc veulent réunir toutes les garanties d’un procès équitable en donnant la parole à toutes les parties, en respectant le principe du contradictoire et en préservant tous les droits de la défense, et ce malgré la gravité des crimes perpétrés. L’avocat belge a livré un témoignage poignant sur « la violence inégalée » montrée dans un film visionné durant l’une des audiences et qui retrace quelques scènes atroces des crimes commis à Gdim Izik, ce qui constitue à ses yeux « une preuve éloquente » de la gravité des actes commis. L’avocat n’a pas manqué de faire part de la patience et du professionnalisme avec lesquels le président dirigeait les débats.
Me Michez, a pour sa part évoqué l’ambiance de la Cour, relevant «la liberté parfois excessive» dont jouissent les accusés dans la salle d’audience et les provocations dont ils usent, en scandant des slogans politiques et en agissant sans respect des règles qu’impose le déroulement d’un procès.
L’avocate belge a insisté dans ce cadre sur la nécessité de respecter les droits des victimes.
« Il y a aussi des victimes qu’il faut respecter et dont on ne parle pas beaucoup », a-t-elle fait remarquer dans une déclaration à la MAP.
Les droits des victimes doivent être respectés, a-t-elle insisté, notant qu’elle a eu l’occasion de constater des conditions de déroulement d’un procès « qui n’existent nulle part ailleurs ».
Pour son collègue Emmanuel Carlier, le procès de Gdim Izik se déroule dans «des conditions parfaitement objectives, selon les standards internationaux où droits de la défense, principe du contradictoire et égalité des armes entre protagonistes sont respectés».
Le bâtonnier Pierre Legros a, de son côté, souligné les significations profondes du rejugement de cette affaire devant une juridiction ordinaire, relevant qu’au-delà des conditions de déroulement des audiences qui lui paraissent «exemplaires » à tous les niveaux, il est fort important de souligner que ce procès « donne la mesure de l’évolution démocratique palpable que connait le Maroc ».
Il a confié que « c’est toujours délicat pour un avocat de préjuger d’une décision judiciaire qui est en cours ».
«Nous ne pouvons pas évidemment faire une pression indirecte sur la juridiction en faisant des critiques ou en approuvant certaines choses. Nous étions là uniquement pour dire que jusqu’à présent nous avons pu constater que le déroulement de ce procès, difficile, un peu hors normes se déroule dans des conditions respectueuses des conventions internationales, des droits de l’homme et du débat contradictoire».
«Nous étions avec des observateurs venus de plusieurs pays et nous avions tous la conviction absolue que ce procès se déroule dans les meilleures conditions», a affirmé Me Legros dans une déclaration à la MAP, faisant remarquer avoir été «impressionné par la qualité juridique des débats».
A rappeler que depuis son renvoi devant la Chambre criminelle près l’annexe de la Cour d’appel de Salé le 26 décembre 2016, ce procès est suivi par plusieurs associations de défense des droits de l’homme, des ONG indépendantes nationales et internationales, des familles des victimes et des accusés, ainsi que par plusieurs médias nationaux et étrangers.
Les événements de Gdim Izik, survenus en octobre et novembre 2010, avaient fait 11 morts et 70 blessés parmi les forces de l’ordre et quatre parmi les civils, ainsi que d’énormes dégâts matériels portés à des édifices publics et des biens privés.
Le tribunal militaire de Rabat avait prononcé, le 17 février 2013, des peines allant de 20 ans de prison ferme, à la perpétuité contre les personnes impliquées dans cette affaire.
Les accusés sont poursuivis pour « constitution de bandes criminelles et violences sur les forces de l’ordre ayant entraîné leur mort avec préméditation, mutilation de cadavres et complicité ».