TPE-PME en colère sur la feuille de route pour l’emploi

Alors que le gouvernement vient de dévoiler une ambitieuse feuille de route pour l’emploi, dotée de 15 milliards de dirhams, la Confédération Marocaine des TPE-PME exprime des réserves profondes quant à sa mise en œuvre. Bien que saluant l’initiative, qui consacre 12 milliards de dirhams (80 % du budget) au soutien des très petites entreprises et PME, le collectif dénonce des dysfonctionnements majeurs dans l’élaboration du programme, susceptible selon lui de marginaliser ses principaux bénéficiaires.
La Confédération Marocaine des TPE-PME s’indigne de son exclusion des discussions préparatoires, alors que le patronat, représenté par la CGEM, a été pleinement associé à la conception des critères d’éligibilité et des mécanismes d’attribution. « Cette marginalisation est inacceptable, d’autant que les TPE-PME emploient plus de 75 % de la main-d’œuvre nationale », souligne l’organisation. Elle rappelle que cette omission systématique, depuis la création du ministère dédié, compromet l’efficacité des politiques publiques censées soutenir ce secteur vital.
Par ailleurs, la Confédération craint que ces fonds ne soient détournés au profit des grandes entreprises ou exploités à des fins électoralistes, à l’approche des scrutins communaux et législatifs. Elle évoque le précédent du programme « Ana Moukawil », lancé il y a deux ans avec un budget de 600 millions de dirhams, dont les retombées concrètes sur les TPE restent invisibles. « Nos membres n’en ont pas bénéficié, malgré les promesses d’accompagnement de 100 000 entrepreneurs », déplore-t-elle, redoutant un scénario similaire pour la nouvelle feuille de route.
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En outre, l’organisation alerte sur le risque d’exclusion des entreprises critiques envers les décisions ministérielles, au profit de celles alignées politiquement. « Les fonds doivent être réservés aux structures en réelle détresse, celles que les banques ignorent, et non servir des intérêts partisans », insiste-t-elle.
Face à ces inquiétudes, la Confédération Marocaine des TPE-PME formule plusieurs exigences. Elle réclame avant tout son implication active dans la mise en œuvre du programme, arguant que son expertise est indispensable pour cibler les besoins réels des petites structures. Elle exige également une transparence totale sur les critères d’attribution des aides, accompagnée d’un contrôle rigoureux associant la société civile.
Parmi les pistes proposées figurent la simplification des procédures administratives, souvent décrites comme un frein, et le renforcement des compétences managériales des entrepreneurs, notamment dans les régions périphériques. « Une collaboration interministérielle est essentielle pour éviter l’éparpillement des efforts », ajoute le collectif, appelant à une coordination renforcée entre les ministères de l’Emploi, des Finances et de l’Industrie.
Pour la Confédération Marocaine des TPE-PME, l’enjeu dépasse le simple soutien financier : il s’agit de restaurer la confiance dans les dispositifs publics. « Sans équité et sans transparence, ce plan reproduira les échecs passés », prévient-elle, rappelant que les TPE-PME incarnent l’épine dorsale de l’économie marocaine. Alors que 12 milliards de dirhams sont en jeu, l’organisation espère un sursaut des autorités pour transformer cette feuille de route en levier de développement durable, loin des calculs politiciens.